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DECORATION
Savoir-faire

Guy Degrenne

L'art de travailler l'acier

Exigeante avec elle-même et à la pointe de son métier, la société Guy Degrenne sait imaginer et fabriquer des produits beaux, fonctionnels et durables. Découverte d'un savoir-faire qui a hissé ce groupe au rang des leaders dans le monde des arts de la table.

Par Cécile Junod

Difficile de croire que le jeune Guy Degrenne fut un cancre autrefois à l'école. Pourtant, la célèbre saga du proviseur propulsa la marque au hit-parade de la notoriété tant et si bien, qu'aujourd'hui le groupe peut s'enorgueillir de sa première place européenne et son deuxième rang mondial dans la fabrication des couverts et des couteaux. Une réussite fulgurante à mettre à l'actif du descendant d'un «grillou», un forgeron-étameur qui sillonnait les campagnes normandes en moulant pour les paysans cuillères et fourchettes en étain. C'est donc en 1948 que Guy Degrenne reprend la forge familiale et crée son entreprise à Sourdeval (Manche), son village natal.
Récupéré sur les chars détruits lors de la bataille de Normandie, l'acier inoxydable va alors s'imposer comme un matériau nouveau, beau et résistant. Guy Degrenne va en faire son alliage de prédilection et l'utilisera même en orfèvrerie.
Les affaires prospèrent et l'entreprise ne cesse d'innover pour diversifier ses gammes de produits, notamment avec la fabrication de la platerie et des couteaux monocoques à lames forgées («couteaux orfèvres»). En 1967, pour suivre l'évolution du marché, une usine moderne voit le jour à Vire (Calvados). Cette dernière s'agrandit au rythme du développement des nouvelles fabrications (seaux à champagne, platerie orfèvre, articles culinaires haut de gamme, couverts à manche couleur...) et rachète les sociétés J. Simon et Létang Rémy.

Après l'acier, la porcelaine

Depuis la création de l'entreprise, quarante ans ont passé. Guy Degrenne, devenu un grand, cède en 1987 son entreprise à un groupe d'investisseurs conduit par Bertrand Déchery et Gérard Zink. La société prend alors un nouvel essor et se dote des moyens nécessaires à sa diversification et son rayonnement international. Avec l'acquisition d'une usine de porcelaine à Limoges, et d'une autre en Hongrie, le groupe s'affirme comme l'un des premiers porcelainiers français. Le rachat de Seed en 1988 permet à l'entreprise de devenir un partenaire de premier rang de la grande distribution. Pour finir, la construction d'une usine en Thaïlande et la modernisation de tous les sites industriels de l'Hexagone au cours de ces dernières années, dotent le groupe d'un outil à la pointe du progrès technique.
Côté innovation et production, le groupe n'a rien à envier à personne. Les collections Guy Degrenne se renouvellent au rythme d'un produit nouveau par jour. Conçue par son équipe de designers, chaque nouveauté est d'abord traduite en images et maquettes. Puis la CAO (conception assistée par ordinateur) prend le relais pour modéliser le produit et réaliser directement la matrice qui autorisera la fabrication de la pièce. Cependant, dans le cas d'un décor complexe, l'intervention de l'homme reste nécessaire. Le graveur garde la partie noble du travail de création.

Des techniques de pointe pour des produits de qualité

Une fois la matrice réalisée et usinée en série, la production peut être lancée. Les couverts sont alors fabriqués par estampage à partir de feuilles d'acier inoxydable stockées sous forme d'énor-
mes bobines.
Sortis bruts des machines, les couverts doivent être ensuite polis. Selon le résultat esthétique souhaité, il existe plusieurs types de polissage. Tout d'abord, le polissage standard, obtenu par vibration de billes d'acier dans des cuves. Pour plus d'éclat, le travail peut être effectué sur des brosses de grains variables permettant d'obtenir un aspect brillant proche du miroir. Enfin, d'autres techniques permettent d'atteindre d'autres finitions telles que satinées, contrastées ou vieillies.
Pour la fabrication des couverts en métal argenté, Guy Degrenne a opté sans réserve et depuis longtemps pour l'acier inoxydable comme support. Alliage de qualité alimentaire, d'une excellente stabilité moléculaire, dur et résistant, l'acier 18-10 présente tous les atouts nécessaires à la réalisation de couverts en métal argenté de qualité. Alliage des temps modernes, l'acier argenté s'adapte aux contraintes de la vie actuelle, à savoir utilisation régulière et passage fréquent en lave-vaisselle.

 
Ces bobines d'acier inoxydable seront transformées en couverts et autres éléments des arts de la table.


«Aphrodite», la dernière ligne de platerie spécialement conçue pour les professionnels, signée Guy Degrenne.


Création du modèle par une équipe de designers.


La CAO (conception assistée par ordinateur) prend le relais pour modéliser le produit et réaliser la matrice d'estampage.


Dans le cas d'un décor complexe, l'intervention du graveur reste indispensable.

 

Conseils d'entretien

Pour l'inox 18-10 :
* Utiliser une quantité appropriée de produit lessiviel.
* Exclure les produits contenant des agents chlorés responsables de taches noires.

Pour le métal argenté :
* Veiller à bien rincer les couverts après un contact avec des aliments contenant du soufre (oeufs, mayonnaise, moutarde, produits laitiers).
* Eviter le trempage prolongé des couverts dans les sauces et vinaigrettes. Après utilisation, nettoyer le plus rapidement possible vos couverts.

* Eviter de placer vos articles en métal argenté dans un four à flamme vive. Une exposition à une température supérieure à 100 °C peut provoquer un pelage de l'argent.
* Après utilisation de produits rénovateurs pour les verres, il est impératif de faire un cycle de rinçage à vide afin d'en éliminer toute trace. Ces produits attaquent l'inox et le métal argenté.
* Enfin, pour un bon nettoyage et une durée de vie prolongée, passer régulièrement vos articles dans une brunisseuse.

 

Conseils d'achat

Directeur de la division Hôtel chez Guy Degrenne, Christian Charmette nous révèle quelques repères pour savoir apprécier la qualité d'un couvert. Des repères importants lorsqu'il s'agit d'établir des comparatifs de prix.

Un couvert de qualité se reconnaît donc à plusieurs critères :
* Le type d'acier : de préférence un 18-8 ou 18-10 (non magnétiques au test de l'aimant).
* L'épaisseur du produit au niveau du manche : plus il est épais, meilleure est la qualité.
* Le «cambre» du couvert : plus le couvert est courbé, plus il est difficile à réaliser, donc meilleure est sa qualité.
* La régularité des dents du fourcheton : vérifier la qualité de l'émerisage et du polissage entre les dents. Un produit de qualité ne présente aucune irrégularité à ce niveau.
* Le laminage des «bouches» et des «fourchons» : un couvert de qualité présente une réduction de l'épaisseur pour un plus grand confort d'utilisation.
* L'émerisage et le polissage des côtés du couvert : il ne doit plus y avoir aucune aspérité au toucher.

Côté couteau, on reconnaît un couteau standard découpé à froid et soudé d'un couteau «orfèvre» (dit monocoque) grâce au test de l'aimant : un couteau «orfèvre» possède un manche non magnétique tandis que sa lame l'est. D'autre part, cette dernière est flexible : si on la tord, elle reprend sa place initiale, ce qui n'est pas le cas pour un couteau de moindre qualité. Enfin, Christian Charmette conseille d'opter pour des lames «trempées» (plus chères mais plus résistantes) et micro-dentées afin d'éviter l'affûtage.


Les différentes étapes de la fabrication d'une fourchette.


L'HÔTELLERIE n° 2565 Magazine 11 Juin 1998

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