Zones fumeurs et non-fumeurs
Toronto, mars 1997. Le secteur de la restauration et de
l'hôtellerie allait vivre une véritable catastrophe financière après les mesures
autoritaires prises par la municipalité contre le tabac. Les pouvoirs publics
déclaraient en effet la 4ème plus grosse ville d'Amérique du Nord non-fumeurs. Pendant
les trois semaines que durèrent la prohibition, les bars et les restaurants de Toronto
virent leur chiffre d'affaires chuter de 20.000 dollars en moyenne.
Tandis que les hôtels affichaient une hausse du taux d'occupation de 6%, les restaurants
d'hôtels accusaient une diminution de recette de l'ordre de 13%...
De passage à Paris, Anthony P. Pollard, président de l'Hotel Association of Canada (qui
regroupe les trois grandes activités CHR), a souhaité mettre en garde les professionnels
européens sur ce qui pourrait, malheureusement, «débarquer» sur le Vieux Continent.
«A Toronto même, on compte quelque 6.500 restaurants. Si l'interdiction avait continué,
les statistiques prévoyaient au moins 900 fermetures d'établissements. Sachant que la
restauration représente 90.000 emplois, je vous laisse imaginer le désastre.»
L'interdiction de fumer dans tous les lieux publics a été levée, bien sûr, au regard
des chiffres mais aussi parce que les professionnels se sont «pris en main». En mettant
en place le protocole «La politesse du choix» devenu ensuite «La courtoisie du choix»,
lancée par l'IH&RA*, «ils ont montré qu'ils étaient des gens responsables»,
té-moigne Anthony P. Pollard.
«Notre secteur doit répondre aux attentes de tous nos clients, pas seulement d'une
catégorie de clients. Nous sommes des métiers d'accueil et nous ne devons jamais perdre
de vue cette notion. Nous ne sommes pas là pour faire la police mais pour faire
plaisir.» En insistant sur ces évidences, Anthony P. Pollard tente de faire comprendre
que la solution au problème ne réside pas dans une brouette législative mais dans une
«solution adaptée», qui prend en considération l'aménagement des lieux et le
savoir-faire du professionnel. «Il faut une bonne ventilation et un bon accueil»,
lance-t-il. «Je vous assure que ce n'est pas plus compliqué que ça.»
Des formations sur cassette vidéo
Le programme «La courtoisie du choix», qui tente d'adoucir la position des pouvoirs
publics de Toronto, s'apparente au statu quo existant en France, avec l'application de
zones fumeurs et non-fumeurs. Mais il va plus loin en se penchant à la fois sur la
ventilation des zones et la manière de recevoir les différents types de clientèle. Ce
programme s'appuie sur un matériel proche d'une PLV traditionnelle mais aussi sur deux
livrets et cassettes vidéo portant d'une part sur le contrôle de la ventilation et
d'autre part sur la gestion de la clientèle. Savoir guider des personnes vers telle
table, dans tel endroit de l'établissement font partie de la formation. En France,
plusieurs hôtels ont déjà opté pour cette autre approche du problème tabac, comme le
Sheraton Roissy, le Sofitel de Marseille, le Méridien de Nice ou encore le Prince de
Galles à Paris. Sans être une panacée, l'intérêt de La Politesse du choix porte sur
une politique d'accueil rigoureuse. Il bénéficie, en outre, d'un regard international
non négligeable.
S. Soubes
* IH&RA International Hotel Restaurant Association.
Pour plus de renseignements, demander à parler à Gérard Boyer :
Tél. : 01.47.59.32.16/17.
A placer sur les tables, ce dépliant rappelle, au verso, en anglais et en
français, la philosophie de l'accueil.
Anthony P. Pollard, de passage à Paris, s'est exprimé sur les problèmes de
tabagie en rappelant les dangers du laisser-aller...
Gros plan sur un fumeur à New York : dehors, par tous les temps, c'est le
seul endroit qui lui reste pour fumer...*
Los Angeles sur la toucheEn juillet 1993, malgré les inquiétudes exprimées par certains restaurateurs
californiens qui craignaient que les restrictions |
L'HÔTELLERIE n° 2580 Hebdo 24 Septembre 1998