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L'Evénement

Dernière vente aux enchères du Palace

11 millions de francs pour un acheteur anonyme

Dernier épisode de la saga du Palace, la troisième vente aux enchères de l'ex-boîte de nuit de la jet-set a eu lieu

le 15 septembre à la Chambre des notaires de Paris. Le mystère plane encore sur l'identité de l'acheteur n° 135.

Le 11 septembre dernier, le Palace a ouvert ses portes quelques heures

pour permettre à d'éventuels acheteurs de le visiter.

Son état de délabrement a choqué toutes les personnes présentes.

Le Palace, théâtre parisien qui connut ses premières heures de gloire avec Mistinguett et Maurice Chevalier avant de tomber dans l'oubli une première fois, devint, après son rachat par Fabrice Emaer en 1978, un haut lieu des nuits parisiennes où se pressait le Tout-Paris. Le décès de son propriétaire en 1983 sonne le glas pour le Palace qui passe alors de main en main, accumulant les dettes. La dernière propriétaire n'est autre que Régine, chanteuse populaire bien connue du grand public. En septembre 1996, la discothèque est mise en liquidation judiciaire et en novembre 1996, la cour d'appel estime le passif global à 130.785.144 francs. Le Palace ferme définitivement ses portes le 1er janvier 1997.

Faute de repreneurs sérieux, la vente aux enchères par adjudication est ordonnée. Une première vente, le 24 mars dernier, est reportée en l'absence de dépôt de chèque de consignation suffisant. Lors de la seconde, le 23 juin 1998, le Palace est adjugé aux frères Blanc, déjà propriétaires de brasseries parisiennes (L'Arbuci, le Procope, Charlot, La Fermette Marbeuf, Grand Café Capucines et Au Pied de Cochon), pour 7,5 MF. Mais un enchérisseur anonyme s'est présenté, dans les délais légaux (10 jours), au cabinet de Me Crunelle, notaire chargé de la vente, avec une offre de 10% supérieure, soit 8,25 MF. C'est cette nouvelle offre qui est donc à l'origine de la troisième mise en vente aux enchères, le 15 septembre, qui a démarré à 8,25 MF.

La valse des repreneurs potentiels

Parmi les repreneurs potentiels, on parlait de Charles Branson (Virgin), qui a démenti ; de Pierre et Jacques Blanc, qui bien qu'ils aient affirmé ne pas vouloir dépasser leur budget initialement prévu, pouvaient peut-être se raviser. Il est évidemment aussi question de cet enchérisseur anonyme. Son nom est désormais connu, il s'agit de Xavier Niel, un gestionnaire de serveurs sur minitel (en partie "rose") et Internet. A l'approche de la vente, il disait ne plus être intéressé. On pensait aussi au chanteur du groupe Simply Red, Mick Hucknall, qui avait proposé au début de la procédure de liquidation judiciaire, la somme faramineuse de 43,36 MF, mais que le tribunal de commerce n'avait pas pris au sérieux.

Et puis, il y a Régine, qui est revenue sur le devant de la scène, clamant haut et fort qu'elle voulait racheter le Palace. Son but ? Il n'est plus du tout question de discothèque. Elle souhaite faire du Palace un lieu consacré à l'événementiel, accueillant des séminaires mais aussi des fêtes commandées par des entreprises. Malgré tout, deux jours par semaine, il ouvrirait ses portes au public. Le nom de la nouvelle société est déjà déposé : "Happy Birthday". Côté financement ? Régine déclare avoir réuni en un tour de table, un "groupe d'amis" qui se chargerait d'y pourvoir.

Le Palace en piteux état

Le 11 septembre dernier, l'ancien temple de la nuit ouvrait à nouveau ses portes deux heures durant pour permettre à d'éventuels acheteurs de visiter les lieux. Régine, sous bonne escorte, était de la partie pour une visite instructive, qui dut s'effectuer à la lampe de poche, absence totale d'électricité oblige.

Que s'est-il donc passé (en moins de deux ans) pour que ce "paquebot" de 2.500 m2 soit dans un tel état de délabrement ? La question était sur toutes les lèvres. Au plafond, des plaques entières de peinture manquent à l'appel, ce qui tient encore est écaillé. Les murs sont dans un état aussi misérable. Par chance, il semble que les fresques classées aux Monuments Historiques soient toujours en place. Les lustres ont disparu. Le sol est jonché de bris de glace, de cables, de bouts de ferraille indéterminés. Et pour parachever cette vision apocalyptique, des verres, sceaux à glaces et bouteilles entamées ou encore intactes s'étalent encore sur les comptoirs des bars (la discothèque en compte plusieurs à des étages différents). Quant aux bureaux, situés au-dessus de la boîte de nuit, c'est aussi le plus grand désordre avec des papiers et dossiers tombés çà et là. Bref, une impression de désolation, de saleté et d'abandon. Si l'on s'étonne qu'en si peu de temps le Palace se soit dégradé à ce point, il n'y a plus lieu de s'étonner des 40 MF évoqués qui seraient nécessaires à sa réhabilitation. Inutile de dire que le repreneur devra avoir les reins solides.

N. Lemoine

Régine, présente lors de cette visite, rappelait son intention de racheter le Palace.


L'HÔTELLERIE n° 2579 Hebdo 17 septembre 1998

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