Aspirée par Paris, la demande est plus faible que prévu dans le Nord. On s'achemine vers une dizaine de milliers de nuitées par le réseau Mondiresa. Le littoral n'est pas demandé.
Même en comptant les chambres vendues hors réseau Mondiresa, un chiffre par définition difficile à saisir, la région nord de Mondiresa (Nord et Picardie en gros) ne générera guère plus de 10.000 nuitées. Sur une quarantaine d'hôtels sélectionnés au début de l'année, Jean-Louis Zevaco, directeur de la centrale de réservations, envisageait quelque 2.000 nuitées par jour de compétition, soit plus de 30.000 chambres vendues. Louis Deretz, responsable pour la région Nord, comptait à la mi-mai environ 9.000 nuitées vendues. Il reste encore une demande de dernière minute, essentiellement à base de journalistes, mais la tendance est claire : «70% de la demande totale va à Paris, explique Louis Deretz. Prenons un journaliste qui doit couvrir l'ensemble des stades. Il préfère s'installer à demeure à Paris. Lens se trouve à 1 heure de TGV de Paris. D'autre part, la ville de Lens, petite ville au milieu d'une vaste conurbation, dotée d'un grand stade et d'un grand club, n'a pas encore d'image à l'extérieur de la France. Ensuite, Lens a très peu de structure hôtelière. Ce sont Lille et les villes environnantes qui assurent l'offre. Entre devoir se déplacer dans la région Nord et repartir à Paris, pour beaucoup le choix est vite fait».
On peut encore trouver d'autres raisons. Le podium national des réservations par nationalité est : un, Brésil (des clients passionnés qui viennent de loin et espèrent voir leur équipe en finale donc réservent pour longtemps), mais leur équipe n'est guère attendue à Lens ; deux le Royaume-Uni, qui jouera le premier tour à Lens, mais les supporters britanniques peuvent venir en voisins sur la journée soit d'Angleterre, soit de Paris ; et trois la Colombie qui sera présente à Lens pour un match d'ailleurs contre l'Angleterre. Ce match sera le plus couru du premier tour à Lens. Il est juste de dire aussi que nombre de Britanniques ont leurs habitudes sur la côte ou à Lille et ont vraisemblablement réservé en direct où bon leur semblait.
Devant cette demande hésitante et tardive, Mondiresa a une première fois demandé aux hôteliers, en février dernier, de repousser les alottements réservés à avril. Certains hôtels ont été immédiatement libérés. Certains ont accepté ce délai, d'autres ont refusé. D'autres encore ont été à leur tour libérés en avril. D'autres enfin comme le Holiday Inn Garden Court de Calais (lire L'Hôtellerie n° 2560 p.14), qui avait joué le jeu jusqu'au 15 avril reçoivent finalement une commande pour une douzaine de nuitées. Ils peuvent légitimement se trouver lésés, ayant dû renoncer à certaines réservations dans une période chargée. «Je comprends cette réaction, répond Louis Deretz, mais nous n'avons pas eu de demande pour Calais, Dunkerque, Boulogne ou même Le Touquet. Nous ne ferons jamais venir à Calais un client qui veut être à Paris avec le même temps de trajet».
Pour les hôteliers victimes de cet état de fait, Mondiresa a eu les yeux plus grands que le ventre. Pour Louis Deretz, la centrale a simplement veillé au grain et rempli ses objectifs : un, elle a assuré les réservations sans pour autant «annexer les hôtels», puisque les allotements étaient limités à 30% de la capacité de chaque établissement. Deux, elle a tenu les prix, mieux respectés que partout ailleurs à l'exception d'un établissement à Lens même. Trois, elle a tenu sa promesse d'un règlement anticipé de la prestation. 10.000 nuitées à prix et règlement garantis sont tout de même bonnes à prendre. Tout le monde ne se plaint pas.
A. Simoneau
asimoneau@lhotellerie-restauration.fr
Le Holiday Inn Garden Court de Calais est déçu : il reçoit finalement seulement
une commande pour une douzaine de nuitées.
L'HÔTELLERIE n° 2565 Hebdo 11 Juin 1998
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