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La drogue inquiète les professionnels du Nord

Les discothèques belges dans le collimateur

Ce n'est pas la première fois que les professionnels du département du Nord s'inquiètent du mode de fonctionnement des discothèques belges. Réunis récemment à Cambrai, ces patrons de bars et d'établissements de nuit ont une nouvelle fois mis l'accent sur les effets pervers de l'exercice immodéré de leur activité. Une prise de conscience sur fond de drogue.

Ils étaient une petite quinzaine, mais de générations différentes, à participer au tour de table organisé par la présidente du Syndicat de Cambrai*, Christiane Lelong, sur le thème de la drogue. Une rencontre plus amicale qu'institutionnelle, à laquelle participaient cependant un commissaire de police local et un médecin spécialisé.

Parler de la drogue n'est jamais simple surtout lorsque, comme c'est le cas pour les professionnels de la nuit, la vindicte vous désigne d'emblée. «Bien sûr qu'il y a des gens qui ne surveillent pas assez leurs affaires, qui laissent faire, mais ce n'est pas la majorité», confie la patronne du bar-restaurant Le Pelican. «Et c'est pour aider ceux qui ne veulent pas se laisser dépasser par les événements que j'ai décidé de mettre la drogue à l'ordre du jour de notre réunion professionnelle, sachant qu'il y a de réels problèmes dans la région».

Outre le fait d'être le premier département français situé sur l'axe autoroutier venant de Hollande, le Nord se trouve confronté à un phénomène frontalier spécifique avec la Belgique, qui se traduit, pour les discothèques installées côté français, par une recrudescence de clients consommateurs de produits stupéfiants. «On sait parfaitement, explique un discothécaire du Nord, que là-bas (en Belgique) certains n'hésitent pas à mettre des drogues dans les boissons des jeunes pour qu'ils en prennent l'habitude. D'accord, ce ne sont pas les patrons des boîtes qui le font, mais ceux-ci sont beaucoup moins regardants que nous». «Chez nous, lance un autre professionnel, les horaires d'ouverture sont 22 h /5 h, alors qu'en Belgique, des établissements font 22 h /midi et il y en a même qui marchent 24 h sur 24. Comment voulez-vous que les gamins tiennent le coup, sinon en prenant de la drogue ?»

Sans colère, même si le ton s'est emporté parfois, les adhérents du Syndicat de Cambrai ont donc vidé leur sac sur les agissements de leurs collègues belges, portant aussi aux débats ces questions qui reviennent un peu partout en France dans le secteur des CHR : Pourquoi ferme-t-on un bar ou un hôtel quand il y a un problème de drogue et pourquoi n'a-t-on jamais fermé un lycée confronté au même accident ? Pourquoi tient-on responsable un patron de discothèque et pas un proviseur de lycée ? Comment réagir à la consommation d'ecstasy quand les jeunes arrivent dans vos établissements avec leur dose au fond de leur poche ? Les fouiller ? C'est interdit par la loi.

«Il faut que le patron d'un bar ou d'une discothèque ait une démarche active, qu'il s'intéresse aux mouvements et qu'il ait une attitude ferme en cas de problème», a rappelé le représentant des pouvoirs publics. Sur la peur des représailles, c'est un cafetier de Valenciennes qui va prendre la parole. «Il ne faut pas avoir peur, et si on vous casse des vitres, etbien qu'on vous les casse. Mais il ne faut jamais céder». Un autre ajoute «moi, si je chope un dealer, je veux qu'on le sache».

Discours vains devant un fléau qui gangrenne la jeunesse ? Christiane Lelong ne partage pas cet avis. «On est tous concernée et si on s'y met tous, on peut faire reculer la drogue. Moi, ça ne me plaît pas qu'un jeune se défonce. Nos métiers sont des métiers d'accueil, de service, de convivialité. La drogue, ce n'est pas un loisir, ça vous détruit, c'est tout».

S. Soubes

* FNIH.

 
Des adhérents du Syndicat de Cambrai se sont réunis à la demande de leur présidente, Christianne Lelong (au centre de la photo), pour évoquer les problèmes de drogue.

Prévention

La solution Drugwipe

La presse en a parlé à l'occasion du décret permettant désormais aux policiers d'opérer des contrôles sur l'usage de stupéfiants en cas d'accidents de la route mortels, Drugwipe est un test qui permet de savoir en quelques secondes si la personne a consommé certaines drogues. Jacques Gaussens, président de la société Pretory qui importe ce système né en Allemagne et utilisé là-bas par les administrations et notamment les douanes, était présent à Cambrai. «Ces tests sont disponibles en France depuis le début de l'année. Ils sont d'une utilisation très simple et s'apparentent à un test de grossesse sur le principe. Prenons l'exemple de la cocaïne, toute personne qui en aura utilisé en aura sur ses manches ou ses mains. Même si les particules ne sont pas visibles à l'oeil nu. Il suffit de passer l'embout du test sur le vêtement ou la peau pour savoir si la personne en a consommé.» Facilité d'utilisation et résultat instantané sont donc les deux atouts maîtres de ce produit novateur qui peut aider les professionnels quand ils ont des présomptions à l'égard de tel ou tel client. «Aujourd'hui, certains font des mélanges ecstasy/alcool. Avec ces tests, vous pouvez désormais vérifier le contenu d'un verre, même s'il ne reste qu'une goutte au fond de celui-ci». Un produit utile, distribué pour le secteur CHR par la société Métiers de Nuit à Morsang-sur-Orge, Tél. : 03.27.35.78.35. - Fax : 03.27.35.75.05. Sinon, renseignements auprès de Pretory, 182, rue des Pyrénées, 75020 Paris.

 
Ces tests qui ressemblent à des tests de grossesse
déclinent quatre niveaux de recherche : cocaïne, amphétamines, cannabis et opiates.


L'HÔTELLERIE n° 2561 Hebdo 14 Mai 1998

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