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Inquiétant

Faut-il en débattre encore ? Depuis le 8 décembre dernier, la profession applique la convention collective nationale des cafés hôtels restaurants, rendue obligatoire par un arrêté d'extension du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale.

Cet accord ayant été entériné par les organisations patronales, et par une majorité de syndicats de salariés, il n'y a évidemment pas lieu de revenir sur les modalités d'un texte qui a été rédigé au bout de... 15 ans de palabres, de négociations, de rencontres, de coups de colère et d'atermoiements innombrables.

Sans doute est-ce en raison de cet accouchement difficile que la profession n'a pas pu saisir cette occasion pour rehausser son image. Ainsi, dans le très sérieux «Le Monde» du 21 janvier, une analyse de la convention collective des CHR tourne en véritable procès d'intention à l'égard d'une profession apparemment incapable de se défendre. Il suffit de relire le texte du quotidien parisien pour apprécier l'estime dans laquelle sont tenus les cafetiers, hôteliers et restaurateurs par les plumitifs qui ne fréquentent certainement que des établissements «socialement corrects», sans doute plus nombreux dans le quartier Mouffetard qu'ailleurs. Passe encore que les porte-plume de la pensée gouvernementale s'adonnent avec délectation à la dénonciation de ce qu'ils considèrent comme une survivance médiévale, façon commode de condamner sans jamais démontrer.

Soyons lucides : «Le Monde» fait toujours autorité auprès des milieux «autorisés» et il est inquiétant de relever un certain nombre de perles publiées par le quotidien de la rue Claude Bernard : «Des semaines avoisinant 50 heures de travail voire plus, ... des heures supplémentaires en pagaille (sic) un SMIC hôtelier inférieur au taux horaire inférieur à celui du minimum légal, pas de véritable grille de classification...» Le vaillant rédacteur de ce poulet continue dans la même veine en donnant la parole à des représentants de la CFTC, de la CGT, de la CFDT ou de FO qui n'ont probablement jamais travaillé en salle ou en cuisine et l'un d'entre eux affirmant sans sourciller : «C'est tout, sauf une convention collective»...

Au cas où le lecteur n'aurait pas compris que les patrons du secteur sont d'authentiques négriers, un second article en remet une petite couche, du style «les abus sont monnaie courante», «certaines entorses deviennent indétectables», «emplois du temps particulièrement élastiques», «dérive du paiement à la commission» (c'est nouveau, la commission dans le secteur), «abus en matière de dépassements d'horaires», «stakhanovistes du percolateur», etc., sans oublier l'inoubliable point de vue d'un anonyme inspecteur du travail qui regrette que les sanctions soient trop faibles...

Mais s'indigner ne suffit pas... Qui a pris la parole pour défendre la profession ? De deux choses l'une : ou les représentants élus des métiers concernés n'ont pas voulu répondre aux questions du «Monde», et c'est une grave erreur, ou ils ont été complètement ignorés par l'un des médias les plus importants du pays, et c'est encore plus inquiétant...

L.H.



L'HÔTELLERIE n° 2545 Hebdo 22 janvier 1998

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