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1,5 MF de subventions pour un hôtel fantôme ?

Désaffectée depuis plusieurs années, la partie hôtelière d'un hôtel-restaurant de Maubourguet (Hautes-Pyrénées), aurait permis à l'établissement, propriété de la mairie, d'engranger 1,5 MF de subventions. Il est aujourd'hui fermé.

Jacques Duvin, président de la Fédération des industries hôtelières des Hautes-Pyrénées, a décidé de mettre les pieds dans le plat et de révéler tout haut ce qui suit, et se murmurait jusqu'à présent tout bas. Alors qu'il se trouvait à la préfecture pour consulter la liste des hôtels de son départements retenus pour bénéficier d'aides à la réfection des chambres, son œil s'arrête sur un établissement qu'il ne connaît pas, l'Hôtel de France, situé à Maubourguet (25 km au Nord de Tarbes). Il se renseigne et s'aperçoit non sans stupeur que cet hôtel n'apparaît nulle part, pas même au registre du commerce. Contrarié, le président départemental pousse l'enquête un peu plus loin et découvre que l'établissement perçoit des subventions depuis cinq ans, le tout représentant 1,5 MF d'aides publiques. Or la Direction de la concurrence, qu'il interroge, est formelle : le dit hôtel-restaurant a fermé ses chambres en 1993, il n'est plus qu'un simple restaurant. Il demande aussitôt à rencontrer le préfet des Hautes-Pyrénées pour lui faire part de ses étranges découvertes. Reçu aussitôt, il prévient le représentant de l'État (qui ignorait tout) du caractère particulier de la situation, et lui annonce qu'il a sans attendre déposé plainte (contre l'établissement) auprès de la Direction de la concurrence pour vente illicite et hébergement clandestin, ses investigations lui ayant appris que les chambres désaffectées subventionnées étaient, par dessus le marché, louées clandestinement.

Trois jours après son entretien avec le préfet, Jacques Duvin est convoqué pour siéger à la commission départementale de classement des hôtels. A l'ordre du jour de la réunion, présidée pour la première fois depuis vingt ans par le président du Conseil général, raconte Jacques Duvin : le classement en deux étoiles d'un certain établissement situé... à Maubourguet. «Quand on m'a demandé si j'avais une objection à faire, j'ai dit tout le bien que je pensais de cette affaire et j'ai demandé pourquoi l'hôtel devrait être classé en deux étoiles, comme proposé à la commission, alors qu'il a reçu 1,5 MF de subventions, ce qui correspond, en fonction des barèmes en vigueur, à 7 MF de travaux, pour 7 chambres. A ce prix, ce ne sont pas deux mais au moins 4 étoiles grand luxe qu'il faudrait donner ».

L'affaire en est restée là. Elle fera peut-être le bonheur de la Chambre régionale des comptes dans quelques années, si elle cherche à savoir où est passé l'argent des subventions. Car depuis, l'établissement a fermé ses portes (en septembre) et des travaux y ont été réalisés. A la mairie, propriétaire des lieux depuis le début des années 90, le premier adjoint fait savoir qu'il est impossible que des subventions indues aient pu être attribuées à l'hôtel, à plus forte raison sous l'autorité du préfet, car les subventions ne sont accordées que sur présentation des factures des travaux réalisés. Le premier adjoint indique également que la mairie recherche actuellement un nouveau gérant pour l'établissement, le précédent ayant mis la clé sous le paillasson.

AMP

L'hôtel de France à Maubourguet : une odeur de scandale.



L'HÔTELLERIE n° 2545 Hebdo 22 janvier 1998

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