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Ceux qui choisissent la formation alternée

La formation par alternance aux métiers de l'hôtellerie et de la restauration a ses partisans. Qui en soulignent les avantages. Exemple de ce qui paraît bien fonctionner, dans une maison familiale rurale, à Cologne-du-Gers, dans le département du même nom. Et témoignages d'élèves dans un hôtel de la Haute-Garonne.

«

Réussir autrement»: pour la maison familiale rurale de Cologne-du-Gers le slogan est plus qu'une déclaration d'intention. Les jeunes gens et jeunes filles qui viennent ici n'ont qu'une idée, apprendre et trouver rapidement un emploi. Si, jusqu'à ces dernières années, les maisons familiales rurales (on en compte
450 environ en France) s'attachaient à une formation agricole, aujourd'hui, en raison même de l'évolution économique, elles s'ouvrent à d'autres métiers, dont ceux de l'hôtellerie et de la restauration, en utilisant leurs propres méthodes d'enseignement, très largement basées sur l'alternance.

Christian Cauhopé, directeur de l'Ecole de Cologne (créée en 1968), explique cette évolution : «Nous ne pouvions plus faire seulement de l'enseignement agricole. Nos campagnes se dépeuplent rapidement et la terre n'assure plus leur avenir aux jeunes ruraux. En même temps, on s'est aperçu que l'hôtellerie évoluait, aussi bien celle des campagnes que des villes, que beaucoup d'établissements se battaient pour rester indépendants et que par conséquent cette hôtellerie avait besoin de jeunes forces vives. La formation par alternance, dynamisée par le contrat de qualification, nous a paru une bonne solution, différente de l'enseignement hôtelier classique.»

Contrat de qualification

Cologne-du-Gers prépare au CAP restauration-cuisine et au BEP hôtellerie-restauration. Les conditions d'entrée sont simples : avoir entre 16 et 26 ans ; avoir effectué une classe de 3ème, CAP, BEP ou 2ème ; signer un contrat de qualification. Une formation qui conduit éventuellement à une poursuite d'études (Bac Pro, par exemple).

La durée du contrat de qualification va de un à deux ans, renouvelable en cas d'échec à l'examen ou pour acquérir une formation supérieure. La formation en internat représente au minimum 25% de la durée du contrat. Bien entendu, et ce n'est pas un moindre avantage, les jeunes sont rémunérés par leurs employeurs : 30% du SMIC la 1ère année, 45% la 2ème, pour les jeunes de 16 et 17 ans ; 50% la 1ère année, 60% la 2ème, de 18 à 20 ans; 65% la 1ère année, 75% la 2ème, de
21 ans et plus.

L'autre qualité de la maison de Cologne est sa petite taille qui facilite les rapports entre les enseignants (7 plus des intervenants) et les élèves (une quarantaine). Ce qui se traduit par des résultats qui satisfont Christian Cauhopé : «Travailler avec peu d'élèves permet de mieux les éduquer. Tous nos formateurs sont des anciens professionnels. Nous sélectionnons au maximum nos jeunes. Nous les adaptons aux établissements qui vont les prendre en apprentissage. Les résultats sont là pour nous encourager : 90% de moyenne de réussite aux examens chaque année.»

Témoignages

Cet été, trois élèves de la maison familiale de Cologne ont retrouvé leurs premiers patrons, à Lévignac, à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, à l'hôtel-restaurant «Le Râtelier», un rendez-vous campagnard très couru. Nathalie Dutrey, Tomy Grégoire et Steven Legain y complètent sur le tas la formation théorique de l'école. Visiblement, ils sont enchantés de cette manière de rentrer petit à petit dans la vie active. Nathalie, qui vient de Villeneuve-Tolosane (Haute-Garonne), a décidé de se lancer dans l'hôtellerie-restauration après avoir décroché un bac commerce-vente : «On est à l'école, on apprend. Ici, en plus, on travaille et on gagne un peu d'argent.»

Tomy, lui, originaire de Fleurance (Gers), titulaire d'un CAP de charcutier, avait tenté une carrière militaire : «Au bout de six ans, j'en ai eu assez. Comme je me voyais mal reprendre une scolarité, je me suis inscrit à la maison de Cologne. Je suis enchanté du système de l'alternance.» Quant à Steven, le Breton de Vannes, cette formation coulait de source : «J'avais tellement traîné dans les cuisines de ma mère que j'ai eu envie de faire le métier.»

Les employeurs paraissent tout aussi satisfaits de ce type de formation. L'équipe de la propriétaire du «Râtelier», Odile Baudouin, et en premier le chef, Eric Lingner (un ancien de Toulouzy et de Rostang), le reconnaît aisément: «Le système de l'alternance présente pour nous plusieurs avantages. D'abord nous avons remarqué que les jeunes envoyés par Cologne-du-Gers étaient bien formés. C'est le chef qui choisit, en accord avec l'école, les dates d'accueil. Ces apprentis sont tout à fait dans la note et correspondent bien à nos besoins.»

A la fin de leurs études, les élèves de Cologne-du-Gers devront trouver un travail à plein temps. L'école l'a promis, elle fera tout pour cela.

J.-C. Cougoule

Au «Ratelier», à Lévignac, près de Toulouse, quelques acteurs de la formation par alternance. De gauche à droite : Christian Cauhopé, directeur de la maison familiale de Cologne-du-Gers ; Bruno Théron, professeur de restauration ; Odile Audouin, propriétaire de l'hôtel-restaurant ; Eric Lingner, chef de cuisine ; Nathalie Dutrey, Tomy Grégoire et Steven Legain, apprentis, et Béatrice Legeay, responsable de salle.



L'HÔTELLERIE n° 2477 Magazine 3 Octobre 1996

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