L'Hôtellerie Restauration No 3794

Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR473546 RESTAURATION 22 L’Hôtellerie Restauration N° 3794 - 17 mars 2023 L’Hôtellerie Restauration : Avez-vous ressenti une certaine pression à représenter la France au Bocuse d’or ? Naïs Pirollet : J’ai réussi à la contrôler et j’ai eu de très bons retours de tous les chefs que j’ai pu croiser, y compris des autres pays. Des membres du jury m’ont expliqué qu’il y avait eu quelques impairs d’assaisonnement ou des petites fautes d’inattention. Nous étions deuxièmes pour la note cuisine. Cela veut dire que les curseurs étaient au bon endroit, mais il nous a manqué peut-être un peu d’aboutissement sur certaines techniques. Cela reste pour moi une victoire. Après, qu’il y ait eu meilleur que moi dans la compétition, j’en suis plutôt rassurée, car je n’ai que 25 ans. Je suis vraiment honorée d’avoir concouru aux côtés de grands chefs comme le Danois Brian Mark Hansen, le Hongrois Bence Dalnoki, le Norvégien Filip August Bendi... Vous avez obtenu le prix spécial Feed the Kids. Cette nouvelle épreuve consistait à produire un plateau autour de la courge destiné aux enfants. Comment l’avez-vous abordé ? On a reçu le thème deux mois avant le concours. Pour moi, c’était ce qui était le plus difficile. Tout le monde se demandait comment aborder ce sujet. Notre parti pris a été qu’un enfant mange comme un adulte. Nous avons essayé de faire en sorte que tous les éléments apportent du goût et de l’impact, sans éléments inutiles. Un enfant aime comprendre ce qu’il mange. Notre plateau enfant a fait un choc parce qu’il respectait le thème, avec un vrai goût de courge, et surtout il était ludique. Avez-vous reçu des messages après votre cinquième place ? J’ai été très touchée des messages que j’ai reçus venant de chefs que j’avais sollicités comme Anne-Sophie Pic ou Jérôme Banctel. Ils m’ont dit que j’avais porté fièrement les couleurs de la France. J’étais une candidate assez atypique et je voulais que cela casse certains codes. On a réussi à montrer que notre profession est prête à évoluer, à se remettre en question et à donner leur chance à des personnes qui, au premier abord, n’y ont pas leur place, mais qui peuvent se donner les moyens d’y arriver. Que conseilleriez-vous à un cuisinier qui s’interroge sur le fait de se présenter au Bocuse d’or ? Il faut déjà comprendre pourquoi c’est un objectif. Pourquoi vouloir faire le Bocuse d’or ? Si c’est pour être meilleur que tout le monde, je dis de ne pas y aller, parce que l’on n’a qu’une chance sur 24 d’y arriver. Si c’est pour faire briller l’équipe de France, construire quelque chose de pérenne et participer à une aventure collective, alors il faut foncer et se donner les moyens d’y arriver. Ce concours m’a apporté une certaine maturité, une prise de recul, dans ma vie professionnelle comme privée. J’ai appris énormément en condensé. Le Bocuse d’or est un exercice bien précis que je connais maintenant sur le bout des doigts. Mais il y a tout un pan de mon métier que j’ai encore à apprendre car, globalement, je n’ai que deux années d’expérience dans un restaurant. Il y a encore tout à faire et c’est ça qui est beau. Comment voyez-vous votre avenir ? Il va s’écrire doucement. J’ai écrit un premier beau chapitre. J’ai besoin de prendre du temps pour faire le point sur cette expérience et sur mes besoins personnels. Cette aventure m’a demandé beaucoup d’engagement et d’abnégation pendant trois ans. Il faut maintenant que je me recentre sur ma famille et sur mes proches, sur des choses qui sont importantes pour être heureux dans la vie. Je veux prendre le temps de faire un bon choix pour moi et pour ma carrière. Naïs Pirollet : “Le Bocuse d’or m’a beaucoup appris en condensé” À 25 ans, la jeune femme a porté les couleurs de la France lors du Bocuse d’or à Lyon, en janvier dernier. Elle revient sur son expérience, ce marathon pendant lequel le candidat doit se préparer pour trois finales (nationale, européenne et mondiale) en deux ans. Naïs Pirollet : “On a réussi à montrer que notre profession est prête à évoluer, à se remettre en question.” Nadine Lemoine ©WHITE MIRROR

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