L'Hôtellerie Restauration No 3777

dépendance et la mainmise exercée sur les pays d’Asie et d’Afrique, qu’il connaît par ailleurs, n’est pas faite pour le rassurer. Était-on vraiment incapable de produire en France à un coût équivalent ? Cela ne pouvait pas continuer comme ça. Jean-Pierre Blanc décide alors de relocaliser la production en France. Et les clients ont suivi, sensibles à un approvisionnement français et responsable : - la machine Eoh est fabriquée en France (label Origine France garantie) ; - le nombre de pièces est limité, pour la durabilité ; - les dosettes sont en papier, l’opercule en carton recyclable ; - elle est économe en énergie. À nouveau, pari gagné ! Innover c’est bien. Transmettre c’est encore mieux. En 1992, alors qu’il n’y avait aucun enseignement du café dans les écoles hôtelières, Malongo se charge d’organiser des conférences sur le café aux élèves qui travaillaient sur les Jeux paralympiques de Barcelone. Le succès de l’opération est tel qu’il est décidé de mettre en place quelque chose. C’est ainsi que l’Éducation nationale crée, en 1997, un module d’enseignement et que Malongo, en partenariat avec celle-ci, lance le concours du Jeune Professionnel du café. Objectif : transmettre les valeurs éthiques de la marque, le bio, le goût, la qualité, le geste et le service. À la clé, plus de 30 000 élèves formés. Encore une fois, pari gagné ! Quand Jean-Pierre Blanc, directeur général du torréfacteur niçois Malongo, est allé à la recherche de cafés bio au Mexique, il y a trente ans, il y a rencontré des petits producteurs dans une pauvreté absolue. Des indiens méprisés par les autorités locales et exploités par des intermédiaires sans scrupules. Cela ne pouvait pas continuer comme ça. Jean-Pierre Blanc fait alors la rencontre du prêtre et docteur en économie hollandais Francisco Van der Hoff. Celui-ci aidait les petits producteurs à se regrouper en coopératives, à vendre leur café plus cher et à le faire savoir aux clients finaux grâce au label Fair Trade Max Havelaar, cocréé avec Nico Roozen en 1988. Le commerce équitable, tel qu’on l’entend aujourd’hui, était né. Dès lors, Malongo a fait le pari que ses clients allaient accepter de payer plus cher pour avoir à la fois plus de qualité et un plus juste partage de la valeur. Trente ans après, ce pari est gagné ! En 2020, Malongo a importé 5 096 tonnes de café de 13 pays différents et a versé 2 247 012 $ de primes de développement aux petits producteurs. Pour boucler la boucle, il fallait aussi que la machine à café ait certaines vertus. Faute de sous-traitants français, la machine expresso à doses Malongo était fabriquée en Chine. Quand Jean-Pierre Blanc s’y rend pour visiter les unités de production, il est frappé par notre 11 22 juillet 2022 - N° 3777 L’Hôtellerie Restauration Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR871582 Malongo, 30 ans de commerce équitable Parmi les organismes qui soutiennent les cafés et bistrots de village (liste non exhaustive) : • Fédération des Bistrots de pays • Comm’Une opportunité • 1000 cafés (groupe SOS) • Bistrots et cafés de France Le café des petits producteurs Malongo, celui par lequel tout a commencé, avec le logo Fair Trade Max Havelaar. Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR271526 Nos conseils pour réussir la reprise d’un café ou bistrot de village • Être ouvert à la mobilité géographique sans trop se limiter à une zone précise pour ne pas s’interdire des opportunités. • Ne pas hésiter à contacter des associations et communes pour vérifier si un besoin existe. • Accorder de l’importance à la manière dont la commune vous accueille lors de cette démarche et vérifier que le contact humain passe bien entre vous et les interlocuteurs locaux. “Il faut qu’il y ait un vrai coup de foudre professionnel !”, spécifie Julie Levêque, de Comm’Une opportunité. • Bien cerner ce que son commerce peut apporter au village : il faut que le projet réponde à un véritable besoin de la commune (bar, bistrot, café, snack, lieu de vie, relais colis, poste, épicerie…). Olivier Milinaire Jean-Pierre Blanc, aventurier, humaniste et directeur général de Malongo. Pour en savoir plus • Voyages aux pays du café, de Jean-Pierre Blanc, éditions Erick Bonnier. • Rapport annuel 2020-2021 Malongo, responsabilité éthique d’entreprise. • L’Aventure du commerce équitable, une alternative à la mondialisation par les fondateurs de Max Havelaar, de Nico Roozen et Frans van der Hoff, éditions JC Lattès. • La Voie des paysans, d’un commerce équitable à un marché juste, de Frans van der Hoff Boersma, Actes Sud. • Le Manifeste des pauvres, de Francisco van der Hoff, éditions Erick Bonnier. Comment concilier enjeux économiques, sociaux et durables ? Retour d’expérience d’une marque responsable. tion qui génère 90 % du chiffre d’affaires, celle-ci reste indissociable de l’activité café et épicerie. Philippe Marco, qui exploite le Bistrot de Riboux, labellisé Bistrot de pays, complète, lui, son offre de restauration avec la vente de produits du terroir, de première nécessité et de pain. Mais si les cafés de village ont du mal à se transmettre, c’est aussi parce que, souvent, ils impliquent de grandes amplitudes horaires et que le chiffre d’affaires généré n’est pas toujours suffisant à lui seul pour faire vivre un gérant et sa famille. “Lorsqu’un café de village trouve preneur, c’est souvent après un long délai de mise sur le marché, et une reprise par un enfant du pays déjà pourvu d’un réseau relationnel local conséquent, et surtout qui n’a pas peur des amplitudes horaires”, souligne Pascal Henneuse, directeur du cabinet Michel Simond à SaintBrieuc (Côtes-d’Armor). “Parmi les arguments qui pèsent dans la prise de décision de l’acquéreur quand il s’agit de s’installer en zone rurale, ce sont les avantages fiscaux liés à une implantation en zone de revitalisation rurale [ZRR]”, complète Lionel Joulié, qui intervient notamment dans le Lot, zone classée ZRR. Le café, est la deuxième matière première échangée au monde après le pétrole. Son cours est déterminé à la bourse de NewYork (dont les variations issues de la spéculation impactent la vie des petits producteurs). Il faut 34 grains de café pour un expresso (chaque cerise - ça s’appelle comme ça - contient deux grains de café, il faut donc cueillir 17 cerises). Il est possible de concilier réalités économiques et valeurs humaines. Le saviez-vous ? © ERICK BONNIER 17 cerises, 34 graines de café, 1 expresso.

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