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bars
étaient soumis aux mêmes horaires ?
En France, chaque département a sa réglementation et dans la plupart des cas, le périmètre des dérogations pouvant être
accordées par les maires est prévu au niveau préfectoral. Une donne que la profession voudrait voir évoluer.
Les propriétaires
des bars de
nuit soulignent
l’incohérence
d’un arrêté
qui risque de
remettre
en cause une
rentabilité
déjà très aléatoire.
et la Charente, puisés au hasard
des départements, reflète toutefois
parfaitement la réalité législative : à
chaque département sa réglementation
en fonction du jour de la semaine, de
l’implantation géographique, de la
saison, des manifestations locales....
Seules les discothèques bénéficient,
aujourd’hui, d’un régime de fermeture
limite identique sur tout le territoire.
Le texte est paru au
Journal officiel
en décembre 2009. Il permet aux
établissements d’ouvrir jusqu’à 7 heures
du matin mais impose une heure et
demie ‘blanche’, c’est-à-dire sans vente
d’alcool, avant la fermeture. En cas
de problème, les préfets conservent la
main et peuvent réduire l’horaire de
fermeture. La profession réclamait cette
harmonisation, y voyant un moyen
notamment de lutter contre l’insécurité
routière en évitant les transhumances de
véhicules entre les discothèques.
UNE HARMONISATION POUR
TOUT L’HEXAGONE
Désormais, les organisations
professionnelles plaident pour une
harmonisation des horaires concernant
les cafés et les bars.
“
Il y a plusieurs
aspects
,
reconnaît
Laurent Lutse
,
président d’Umih cafés, bars, brasseries
et monde de la nuit.
La notion de
sécurité, qu’elle soit routière ou non, est
réelle. S’ajoutent aussi les distorsions de
concurrence. Tout le monde doit pouvoir
travailler dans les mêmes conditions.
Pourquoi est-ce ouvert ici et pas là, alors
que seulement deux kilomètres séparent
les établissements ? Cette réflexion
s’inscrit également dans le cadre des
assises du tourisme. L’accueil des touristes
est quelque chose qu’il faut travailler de
manière cohérente.”
Pour
Marcel Bénézet
,
président des
cafés, brasseries du Synhorcat, il s’agit
de pragmatisme.
“
Fermer trop tôt est
‘
accidentogène’. Prenez le cas de Nîmes,
l’heure de fermeture à été rétablie à
2
heures. Les gens ont besoin de pouvoir
sortir, de profiter de leur soirée. Ne pas
avoir de vie nocturne est contre-productif.
Notre objectif, au Synhorcat, est d’ailleurs
d’obtenir [l’heure de fermeture à]
2
heures dumatin pour toute la France.
Cela permettrait, par exemple, à ceux qui
le souhaitent, d’organiser des soirées à
thème.”
La CPIH est également favorable
à une fermeture généralisée des cafés
et des bars à 2 heures du matin.
“
C’est
même impératif
,
surenchérit
Roland
Croiset
,
président national des cafés,
bars, brasseries du syndicat.
Quand vous
faites le tour des départements, beaucoup
de cafés ferment déjà à deux heures du
matin. Les faire fermer à une heure serait
catastrophique. N’oubliez pas qu’il y a des
emplois derrière. Arrêtons de faire tout et
n’importe quoi.”
Autre sujet qui revient dans ce dossier :
les bars à ambiance musicale (BAM).
À l’Umih, vouloir distinguer telle ou
telle activité nocturne agace.
“
Ce que
nous voulons, c’est que tout le monde
puisse travailler en bonne intelligence”,
résume Laurent Lutse. Pour Roland
Croiset, les BAM pourraient soit être
alignés sur les cafés et bénéficier de
dérogations, soit entrer dans le régime
des discothèques. Interrogés sur les
dérogations, les présidents de branches
des différents syndicats ont un avis
quasi-unanime : l’harmonisation des
horaires de fermeture est nécessaire
parce qu’elle met tout les professionnels
au même niveau. À côté de cela, oui,
il faut des dérogations qui permettent
d’adapter la loi en fonction des besoins
locaux. L’harmonisation pose le cadre
général et les dérogations doivent servir
les spécificités.
SYLVIE SOUBES
Certaines organisations professionnelles militent pour
une fermeture à 2 heures du matin sur l’ensemble
du pays.
© PHOTODISC
font l’unanimité
piétons et des véhicules de secours ou
de service”
,
d’où l’obligation des
3,50
mètres - contre 2,50 mètres
auparavant - entre la dernière rangée de
chaises et le trottoir. Particulièrement
visés, les établissements du cours des
Dames, qui ouvre sur le Vieux-Port,
à l’instar du restaurant Bodegon.
“
Regardez le trait rouge sur le sol que
l’on vient de tracer, la terrasse ne doit
pas le dépasser”
,
indique le patron,
Jérôme Moquet
.
Et de calculer :
“
Il
me faudrait enlever deux
rangs d’une dizaine de tables,
ce qui représenterait une
dizaine de milliers d’euros
de chiffre d’affaires en moins
sur une saison.”
Le verdict
des prochaines élections
municipales pourrait changer
la donne. Pour l’instant, les
professionnels hors des clous
n’ont pas été verbalisés.
BRIGITTE DUCASSE
Jérôme Moquet
,
patron du Bodegon,
établissement face au Vieux-Port de
La Rochelle, n’est pas le seul à avoir
des soucis avec sa terrasse.
P
our la préfecture de
la Creuse, il s’agit de
“
limiter la gêne du
voisinage et les troubles
possibles à l’ordre public”
en imposant la fermeture
des bars de nuit une heure
plus tôt (de 2 heures à
1
heure du matin), depuis
le 1
er
mars. Pour les
propriétaires de ces derniers,
le commentaire varie du
“
canular”
au
“
coup de
grâce”
selon leur situation,
mais tous soulignent
l’incohérence d’un arrêté
qui risque de remettre
en cause une rentabilité
déjà très aléatoire.
L’affaire fait grand bruit
dans les établissements
creusois, principalement
à Guéret (16 000 habitants)
où la vie nocturne est
déjà peu agitée, en regard
d’une moyenne d’âge assez
élevée. Une page Facebook,
créée spécialement pour
l’occasion, a rassemblé
plus de 1 700 fans (‘défense
des bars creusois’), tandis
que des gérants s’inquiètent
à divers titres.
Tel celui du pub Rochefort,
organisateur de karaokés
se déroulant le jeudi de
minuit à deux heures du
matin, ou celui du Modjo,
ouvert seulement week-end
et menaçant de mettre
la clé sous la porte.
DÉROGATIONS
EN VUE
Annie Blazanet,
patronne
du Petit Breuil à La Courtine
et responsable de l’Umih 23,
relativise cependant les
effets de cette mesure.
“
Il faut analyser les causes,
détaille t-elle.
La préfecture
a réagi suite à plusieurs
incidents nocturnes, dont un
mortel à Aubusson. D’autre
part, les gérants concernés
auront la possibilité de
demander des dérogations
lors d’événements ciblés,
qui seront examinées avec
bienveillance. Mais il est
certain que fermer plus
tôt aura des retombées
économiques, comme ici,
où les bars travaillent
en soirée, avec le camp
militaire.”
Les 120 établissements
doivent se plier au texte.
Mais une autre question
a été soulevée, notamment
par
Corinne Castillo
,
qui tient le Guet-Apens
à Guéret, ouvert jusque-là
de 23 heures à 2 heures
du matin :
“
Les clients ne
seront pas pour autant plus
faciles à gérer. Que feront-ils
une fois le rideau tiré, sinon
aller boire dans la rue ?”
JEAN-PIERRE GOURVEST
Les nuits blanches ne seront pas
creusoises
La fermeture à 1 heure du matin des débits de boissons est appliquée depuis le 1
er
mars dans le
département. La mesure passe mal auprès de professionnels déjà fragilisés par la conjoncture.