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Vie syndicale
“
La concurrence déloyale est partout”
Paris
Les traiteurs-organisateurs de réceptions, le gaspillage alimentaire ou encore le fait maison ont animé les débats.
L’Umih Restauration a tenu son premier conseil d’administration
de l’année
U
ne fois par mois, la branche
restauration de l’Umih se
réunit afin de faire le point sur
les nombreuses préoccupations des
professionnels et la nécessité “
d’être
sur tous les fronts”,
soulignent
Hubert
Jan
et
Jean Terlon
,
respectivement
président et vice-président de la
structure. La première réunion de
l’année a eu lieu mardi 14 janvier, rue
d’Anjou (Paris, VIII
e
),
et l’ordre du jour
était chargé. Les traiteurs-organisateurs
de réceptions (TOR) étaient en tête
de liste.
“
Ce secteur d’activité, qui fait
partie intégrante d’Umih Restauration,
subit de plein fouet les revers de la crise.
La concurrence déloyale est partout.
Un phénomène qui entraîne certains
professionnels à accepter de livrer des
prestations qui peuvent leur nuire.
Les TOR doivent être très vigilants
sur l’hygiène, les process et les contrats
d’embauche. 2014 sera une année très
compliquée au cours de laquelle il va
falloir agir en pesant bien ses choix. Cela
dit, nous sommes plus que jamais là
pour les accompagner”,
déclarent d’une
seule voix les dirigeants de la branche.
AIDER LES PLUS DÉMUNIS
Autre sujet abordé, le gaspillage
alimentaire. Pour les TOR, comme les
restaurateurs, la réflexion s’inscrit dans
une modernisation de l’activité.
“
Ce sont
chez les traiteurs qu’il y a le plus de pertes.
Les aliments non consommés partent à
la poubelle. C’est là-dessus que la branche
veut travailler”,
explique Hubert Jan.
En ce qui concerne les restaurateurs,
le gaspillage est perçu différemment :
“
Un restaurateur a toujours son compte
d’exploitation en tête, néanmoins, une
partie des produits qu’il travaille part
à la poubelle alors qu’elle est pourtant
parfaitement consommable, comme
lorsqu’il tourne des légumes. Pourquoi ne
pas les utiliser en faisant, par exemple,
des gratins qui seraient conditionnés par
les restaurateurs et partiraient auprès des
plus démunis ? L’aspect caritatif pourrait
être davantage travaillé”,
estime Jean
Terlon. Les deux hommes annoncent
que la branche va, dans cet esprit, se
rapprocher de l’association canadienne
La Tablée des chefs, qui doit voir le jour
prochainement en France. La question
des allergènes a aussi tenu une place
importante durant la réunion. L’Umih
se veut rassurante et devrait apporter
assez rapidement à ses adhérents un
outil pratique. Pour la reconnaissance
du titre d’artisan restaurateur, toujours
d’actualité, l’Umih souhaite s’appuyer
sur le titre de Maître restaurateur.
“
Le
fait maison, aujourd’hui, identifie un
plat. Ce n’est pas suffisant. Le client doit
pouvoir entrer dans un établissement en
sachant exactement ce qu’il va y trouver.”
L’augmentation du taux de TVA a
également été abordée et le tour de table
est unanime :
“
Comment vont faire les
établissements qui proposent des menus
à 9, 10 ou 11 € ? Ils n’ont quasiment plus
de marge, toutes les charges augmentent.
Ils seront les premiers pris à la gorge.”
SYLVIE SOUBES
Verbatim
Le président de la CPIH revient sur la conférence de presse de François Hollande.
Gérard Guy : “Pourquoi remettre à demain
ce qui peut être fait aujourd’hui ?”
En bref
Londres dépasse Paris en nombre de
visiteurs : le Synhorcat appelle à la
mobilisation
“
L’année 2013 a été très
difficile avec une mauvaise
météo et surtout des
clients désargentés. La
crise s’est installée dans
notre secteur et les fêtes
de fin d’année n’ont pas
été l’occasion de combler
le retard accumulé toute
l’année. Pour la première
fois depuis des dizaines
d’années, Paris n’a pas affiché complet pour Noël et le
jour de l’an !”,
s’inquiète
Didier Chenet
,
président du
Synhorcat, qui appelle aujourd’hui à la mobilisation
“
de tous autour des assises du tourisme”.
La semaine
dernière, une enquête a affirmé que Londres avait
été la ville la plus visitée au monde l’an dernier avec
plus de 16 millions de touristes étrangers, détrônant
ainsi Paris. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe
auprès des professionnels du Synhorcat.
“
L’état
d’urgence doit être décrété,
affirme aujourd’hui Didier
Chenet.
Certes, il y a un effet Jeux olympiques avec
la démonstration d’une ville moderne et accueillante
mais il y a aussi d’autres raisons à ce succès londonien.
Une facilité d’accès aux visas, des expositions
majeures, une impression de sécurité, un brin de folie
et un environnement festif qui ont disparu à Paris...”
Le syndicat salue ici le communiqué du ministre des
Affaires étrangères,
Laurent Fabius
,
qui indique qu’à
partir du 27 janvier, les touristes chinois pourront
obtenir leur visa sous 48 heures.
“
C’est un début,
reconnaît le dirigeant syndical,
mais
il faudra multiplier
les mesures et organiser notre offre touristique”,
et le
plus rapidement possible, ajoute-t-il.
“
D
epuis la conférence de
presse du chef de l’État,
celui que l’on connaissait
social démocrate
s’est présenté
comme un social libéral et ce
n’est pas nous, chefs d’entreprise,
qui songerions à nous plaindre
que les lois intangibles de
l’économie l’emportent sur le
bréviaire socialiste et que le
réalisme succède enfin à l’utopie.
Il reste cependant à vérifier que
François Hollande
n’en restera
pas aux bonnes intentions et qu’il
passera aux actes. Car c’est là
qu’il sera finalement jugé. Nous
avons l’habitude de dire dans
nos entreprises que
‘
la confiance
n’exclut pas le contrôle
’
.
Il est
également regrettable d’avoir
perdu dix-huit mois avant d’en
arriver à ce réveil lucide et
d’admettre la priorité en matière
d’offre des entreprises sur celle
de la demande des salariés, la
distribution des richesses ne
pouvant se faire qu’après avoir
réalisé des bénéfices. Il est
également très regrettable que
certaines mesures ne puissent
voir le jour qu’en 2015 alors qu’il
y a urgence. Pourquoi remettre
à demain ce qui peut être fait
aujourd’hui ?
Je rappelle en effet que depuis
le 1
er
janvier nous sommes
confrontés à une hausse de la
TVA et que nous subissons de
plein fouet, depuis plusieurs
mois, des augmentations
multiples et variées
:
impôts,
charges, taxes diverses,
électricité... alors que dans le
même temps, le pouvoir d’achat
des consommateurs n’a cessé
de diminuer. Voici quelques
jours, la Banque de France a
rendu publique une analyse
qui confirme que le nombre de
défaillances d’entreprises dans
le secteur des CHR continuait
d’augmenter, avec une hausse
constatée de près de 8 % sur
un an. Il est plus qu’urgent de
stopper cette spirale infernale
qui affecte un pan entier de
notre économie, celui du
tourisme. Ne prévoit-on pas
une croissance de seulement
0,9 %
cette année quand elle
sera de 2 % en Allemagne, 2,4 %
en Grande-Bretagne et 2,7 %
aux États-Unis ? N’annonce-
t-on pas déjà un chômage qui
frappera cette année 11 % de la
population active ? (…) Autant
de chiffres qui sont alarmants et
qui exigent de nos gouvernants
qu’ils stoppent immédiatement
leur fuite en avant en matière
d’impôts, de dépenses publiques
et de règlements qui sont
autant de freins mortels à la
croissance et à l’emploi. Face à
cet enjeu crucial pour le pays
et nos entreprises, le président
de la République ne peut plus
se permettre de jouer les petits
bras.”
Didier Chenet
.
Gérard Guy
.
L’ordre du jour était chargé, le 14 janvier dernier rue d’Anjou (Paris, VIII
e
).