Grand
De la conjoncture
Qui croire ?Alorsque les chiffresduchômage tardent à s’inverser dans lebon
sens, alorsque les annoncesde fermeturesd’entreprises sèment le trouble
dans l’opinionet inquiètent lespolitiques à la veillede campagnes électorales
qui n’auront riend’unepromenadede santé, l’observateur leplusdistanciéne
peut que rester dubitatif.Certes, il reste fort heureusement quelques raisons
d’espérer (enéconomie, rienn’est jamaisdéfinitivement perdu),mais elles
restent, à ce jour, très lointaines.
Comme il est naturel, leministre de l’Économie, interviewé dimanche
dernier par le
Journal du dimanche,
a fait preuve d’un optimisme affirmé
pour lesmois à venir
avec des pr
évisionsde croissance repartie
s à la hausse,
aussimodeste fut-elle.
Et sur cepoint, lemince consensusdes organismes
d’analyseéconomiqueabondedans lemême sens.Même le redoutéFMI,
par la voixde sadirectricegénérale
Christine Lagarde
,
qui occupanaguère
l’inconfortable fauteuil deBercy, nousprédit des joursmoins tristes sur le front
des investissements et de la consommation.
Toutes ces considérations peuvent sembler lointaines aux acteurs
de ‘l’économie de terrain’ qui luttent bec et ongles pour trouver les
indispensables financements à leurs projets d’investissements
,
s’acharnent à innover pour conquérir de nouveauxmarchés, s’échinent à
piloter une politique salariale compatible avec les à-coups de la conjoncture, la
consommation enbaisse et la fiscalité galopante.
Mais la viedes entreprisesest ainsi faitequ’il est nécessairedene jamais
renoncer et de croire indéfectiblement endes joursmeilleurs.
Pour laprofessionde l’hôtellerie-restauration, ces impératifs ont aujourd’hui
pour noms : qualitéde laprestation,niveauélevéde service,modernitéet
créativité culinaire,modérationdes tarifs.Une véritablequadratureducercle
certes,mais il n’y apasd’autre voie.
L. H.
L’édito
WK\WJZM
6
En bref
Crise, salaires peu motivants, évol
La possibilité de partir à l’étranger reste l’un des aspects les plus attrac
devenue, avec la crise, une obligation ?
Hôtellerie-restauration
“
L
’
obsession de l’ailleurs, c’est
l’impossibilité de l’instant”,
écrivait le penseur Emil Cioran.
La situation semble si impossible en
France pour les jeunes diplômés qu’ils
seraient plus de 50 % des 18-34 ans à
vouloir partir à l’étranger, selon une
étude Viavoice pour W&Cie. Il y aurait
actuellement 1,6 million de Français
inscrits sur les registres à l’étranger dont
270 000
âgés de 25 à 35 ans et 155 300 de
18
à 25 ans, soit 14 % de plus en cinq ans.
À peine leur diplôme en poche, ils sont
un sur cinq dans les écoles de commerce
et un sur dix en école d’ingénieurs à faire
leur valise. Les destinations principales
sont la Suisse, le Royaume-Uni et les
États-Unis. S’il n’existe pas de statistiques
propres au secteur de l’hôtellerie, 36 %
de la jeunesse française n’a pas confiance
dans l’avenir du pays alors que plus des
trois quarts des jeunes Allemands croient
en leur futur.
DES EXPÉRIENCES INTERNATIONALES
Les écoles hôtelières françaises n’assistent
pas à un exode massif. Cependant,
l’évidence de partir s’impose plus facilement
aujourd’hui pour des raisons qu’explique
ChristianBadinand
,
proviseur du lycée
des métiers de l’hôtellerie Jean Drouant
(
Paris, XVII
e
) :
“
L’exil, ou lamobilité, est
devenu avec le temps une donnée de plus
en plus banale dans la constitution d’un
parcours professionnel. Si plusieurs perches
sont à saisir, pourquoi ne pas regarder celles
qui nous sont tendues à l’étranger ? Le choix
de l’expatriation se fait plus facilement
qu’avant. Cette éventualité est plus présente
dans les esprits. L’image du ‘french cook’
reste positive dans l’imaginaire mondial.
Nos standards de bonne restauration
sont plus répandus ici qu’à l’étranger,
si bien qu’un bon restaurant chez nous
est vite surclassé ailleurs et verra une
clientèle plus huppée le fréquenter. Toutes
ces informations circulent et banalisent
l’option ‘étranger’ chez nos jeunes ; elle
devient par conséquent un choix plus
fréquent et partiellement motivé par la crise.
Ajoutons également le sentiment, nourri à
tort ou à raison, que la France est bloquée,
qu’entreprendre y est parfois plus difficile
qu’ailleurs, et le nombre de départs ne peut
qu’augmenter.”
À cela, on ajoutera la déréglementation du
transport aérien, la facilité de circulation
dans les différents pays européens et
l’internationalisation des grands groupes
hôteliers, des raisons supplémentaires
pour tenter le grand saut alors que 87 % de
nos compatriotes jugent notre économie
nationale en déclin. Crise, salaires peu
motivants, évolution de carrière lente,
prise de risque difficile, monde du travail
figé et conflictuel, explosion des normes
et des contraintes administratives,
voilà bien des raisons de rejoindre les
Français de l’étranger. Une analyse que
Les hôteliers doivent-ils s’exiler pour mieux réussir ?
TAUZIA : LE NOUVEL ELD
FRANÇAIS ?
Marc Steinmeyer
peut se targuer de
pratiquer, dans son recrutement, la
politique de la main tendue avec l’envie de
donner une chance à nos compatriotes, à
l’image de ces trois Français qui ont ou vont
rejoindre le groupe.
Ronan Bianchi
a quitté la France depuis
douze ans. Il rejoindra prochainement
Tauzia pour l’ouverture d’un hôtel Harris :
“
J’avais peu de marge de progression en
France, car je n’avais pas les diplômes
adéquats. Si je rentrais aujourd’hui, je ne
serais même pas certain d’obtenir un poste
à la hauteur de mes compétences. En Asie,
les salaires sont les mêmes qu’en France
mais le coût de la vie et les taxes sont bien
moindres.”
Louis Poisson
,
diplômé de l’Essec, a rejoint
le groupe Tauzia après une rencontre avec
Marc Steinmeyer. Ce dernier lui confie, à
26
ans, le lancement d’un hôtel 4 étoiles de
250
chambres :
“
En Asie, principalement
en Indonésie, on vous donne facilement
une chance. Les employeurs ne restent pas
bloqués sur des a priori comme l’âge.”
Faible hausse des prix en restauration en septembre
Selon l’indice des prix publié par l’Insee, les prix ont augmenté de 0,1 %
dans les cafés et restaurants en septembre, soit une augmentation de
2,1 %
sur les douze derniers mois. Les services d’hébergement ont,
eux, vu leurs prix fortement diminuer en raison de la fin de la période
estivale : ils affichent - 15,6 % par rapport au mois d’août. Sur un an, ils
ont augmenté de 0,9 %.
L’indice général des prix à la consommation se replie de 0,2 % en
septembre 2013, après une hausse de 0,5 % en août 2013. Sur un an, il
est en hausse de 0,9 %.
Travaux de rénovation à l’hôtel Royal d’Évian
L’hôtel Royal 5 étoiles d’Évian-
les-Bains (74) vient de fermer
ses portes pour rénovation : les
bars, restaurants, boutiques et
75
chambres et suites de l’hôtel
seront restaurés dans l’esprit
Belle Époque. La réouverture est
prévue en juillet 2014. En 2015, les
75
chambres et suites restantes
seront également rénovées.
François
Champsaur
,
architecte d’intérieur,
et
François Châtillon
,
architecte en
chef des monuments historiques,
seront chargés de conserver l’âme et l’identité de ce palace du début
du XX
e
siècle.
Mama Shelter arrivera à Lille en 2016
Après Paris, Marseille, Lyon et Bordeaux, la marque Mama Shelter
s’installera en plein centre-ville de Lille en 2016. Le promoteur Nacarat
sera en charge de développer le programme immobilier de 8 000 m
2
,
baptisé Souham 4, qui comprendra des restaurants, le Mama Shelter,
des commerces et des équipements de loisirs.