Page 4 - L'Hôtellerie Restauration No 3357

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Actualité
16 000
annulations
Une mission parlementaire débutera en septembre
Après un recul de la fréquentation de plus de 10 % au premier semestre 2013 dans
les hôtels réunionnais suite aux attaques de requins, Frédéric Veyrier, président de
l’Union des hôteliers de la Réunion (UHR-Fagiht), nous fait part de ses inquiétudes.
PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE CARBILLET
Sylvia Pinel, ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a réaffirmé la volonté du Gouvernement de corriger ce régime
mais sans le supprimer.
Les requins, “un désastre pour le tourisme réunionnais”
Pas de révolution du régime de l’auto-entrepreneur
L’Hôtellerie Restauration
:
La
Réunion a connu deux attaques
mortelles de requins depuis le
début de l’année 2013, qui ont été
largement relayées par les médias.
Qu’en pensez-vous ?
Frédéric Veyrier
:
Effectivement, on
a l’impression qu’il y a une multitude
d’attaques de requins à la Réunion !
Même s’il ne faut pas minimiser ce
qui se passe - la dernière attaque ayant
coûté la vie à une adolescente - , il
faut ramener les choses à leur juste
proportion. Mais ces attaques sont
spectaculaires et renvoient à des peurs
irrationnelles, donc cela prend des
proportions démesurées relayées dans la presse de
manière récurrente et sans mise en perspective.
Quel est l’impact de cette crise pour les hôteliers ?
Depuis la dernière attaque, nous avons enregistré
16 000
annulations ! Autant dire que cela constitue
un désastre pour le tourisme réunionnais. Or, notre
activité constitue un véritable poumon de la Réunion.
C’est le seul secteur porteur en termes d’emplois directs
ou indirects, capable de sortir le département de son
marasme économique dans les prochaines années. Il
est donc impératif de rétablir l’image de la Réunion,
qui mérite très largement sa place dans le monde du
tourisme.
Comment les choses s’organisent-elles localement ?
L’IRT [Île de la Réunion tourisme, NDLR] a élaboré
un guide de prévention de tous les risques liés aux
activités pratiquées : rafting, randonnée, plongée,
parapente, etc. C’est un support pédagogique qui
permet d’informer les visiteurs, mais aussi une manière
de ramener la problématique des attaques de requins à
sa juste place.
Qu’est-ce que l’UHR-Fagiht attend des pouvoirs
publics face à cette crise ?
Il est urgent d’accentuer la surveillance. Il existait des
miradors d’où l’on guettait la présence
de requins sur des zones délimitées.
Ces dispositifs ont été retirés un temps
jusqu’à la dernière attaque : ils doivent
être remis en place et ce, sur toutes
les plages ouvertes à la baignade. La
mise en place de surveillance par des
jet-skis aurait deux avantages : effrayer
les squales et avertir les baigneurs
de leur éventuelle présence. Il faut
également que les plongeurs et apnéistes
continuent à occuper l’espace sous-
marin, ce qui dérange généralement les squales. Enfin,
la réhabilitation de bassins de baignade doit être
entreprise avant la fin de l’année. Il en existe quatre,
mais d’autres pourraient être construits.
Au-delà de ce problème, quelles mesures pourraient
être adoptées pour soutenir l’activité touristique ?
La Réunion souffre d’un déficit de desserte aérienne.
Nous demandons depuis longtemps l’ouverture de
nouvelles lignes étrangères pour développer notre offre
touristique. En période de basse saison, les avions sont
remplis par la clientèle affinitaire, ce qui ne laisse que
peu d’espace aux touristes d’agrément qui résident
dans les hébergements marchands.
Le tourisme réunionnais ne peut pas vivre que de la
clientèle locale. Il faut inciter les résidents d’Europe
continentale à venir visiter la Réunion. Nos voisins [île
Maurice, Seychelles, NDLR] y sont parvenus depuis des
années. Nous devons suivre leur exemple et consolider
nos positions en Europe, en Allemagne, Belgique ou
Suisse, par exemple. C’est d’autant plus nécessaire que
la concurrence dans l’océan Indien est rude.
Dans quel état d’esprit se trouvent les hôteliers
réunionnais face à cette situation ?
Nous avons la conviction que notre île est merveilleuse.
La Réunion est un terrain de jeux exceptionnel pour
des touristes fervents de nature, de sites classés mais
aussi pour ceux qui recherchent une hospitalité fondée
sur la mixité et dotée d’une gastronomie authentique et
bigarrée.
Le classement de l’île au patrimoine mondial de
l’Unesco en 2010 prouve bien que la Réunion
dispose d’un cadre exceptionnel. Pourtant, cette
distinction n’a pas permis d’obtenir les retombées
commerciales escomptées. En général, un an après
ce type d’annonce, le nombre d’arrivées de touristes
augmente de 20 à 30 %. Dans notre cas, nous n’avons
malheureusement pas noté cette progression. Nous
gardons espoir et travaillons avec le parc national et
l’IRT à la mise en avant de ce titre et à une labellisation
des hébergements qui respecterait une charte liée aux
espaces naturels.
L’offre sur place est de grande qualité et répond à tous
les types de demandes. Par ailleurs, les hôtels classés
de l’île n’ont rien à envier à ceux des îles sœurs. De
plus, la Réunion est un département français qui offre
des espaces sécurisés ainsi qu’une couverture sociale
et sanitaire équivalente à celle de la métropole, ce qui
n’est pas le cas dans d’autres destinations. Nous avons
besoin que ce message soit celui qui l’emporte sur tout
autre. C’est ce à quoi l’UHR-Fagiht s’attelle depuis sa
création. Et nous continuerons à le porter !
L’hôtel 4 étoiles le Boucan Canot, à Saint-Gilles-les-Bains, sur l’île de
la Réunion.
Frédéric Veyrier,
président de l’Union des
hôteliers de la Réunion et directeur général de
l’hôtel Boucan Canot à Saint-Gilles-les-Bains.
L
e Conseil des ministres a adopté,
mercredi 21 août, le projet de loi
relatif à l’artisanat, au commerce
et aux très petites entreprises (TPE),
qui doit répondre à trois objectifs :
instaurer un meilleur équilibre dans les
relations entre bailleur et commerçant,
favoriser le développement des TPE et
adapter les modalités de l’intervention
publique aux besoins du territoire.
Le
parcours de l’entreprenariat a fait couler
beaucoup d’encre cet été”,
a rappelé
Sylvia Pinel
,
ministre du Commerce,
de l’Artisanat et du Tourisme, lors de
la présentation du texte à la presse.
Le
projet de loi fait évoluer les obligations
administratives et comptables des
entrepreneurs dans le sens d’une plus
grande simplicité. Le Gouvernement
ne veut pas casser le régime mais le
corriger”,
a-t-elle poursuivi.
Partant du constat que le régime de
l’auto-entrepreneur n’a pas atteint son
objectif de tremplin vers une forme
pérenne d’entreprise (seules 5 %
d’entre elles ont basculé vers un régime
classique), le projet de loi aménage un
régime de transition vers le régime de
droit commun. Début septembre, doit
commencer la mission parlementaire
sur l’entreprenariat individuel, confiée
au député
Laurent Grandguillaume
(
PS), pour simplifier et harmoniser
les règles entre les différentes formes
d’entreprises. Le projet de loi ne
sera pas examiné par l’Assemblée
nationale avant la première quinzaine
de janvier 2014 et dans tous les cas
avant la fin des travaux de cette mission
parlementaire.
PASCALE CARBILLET
Sylvia Pinel
,
ministre du Commerce,
de l’Artisanat et du Tourisme.
© P. RICARD