Page 5 - L'Hôtellerie Restauration No 3350

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L’actualité
Pour “restaurer des conditions de saine concurrence”
Mardi 2 juillet, l’Umih et la CPIH ont dénoncé conjointement les pratiques anticoncurrentielles des sites de réservation en ligne.
Agences de voyage en ligne : l’Umih et la CPIH portent le dossier
devant l’Autorité de la concurrence
L
Umih et la CPIH ont
décidé de monter au
créneau ensemble contre
les pratiques des centrales
de réservation en ligne
(
appelées OTA, pour online
travel agencies) qu’elles jugent
déloyales et autocratiques :
La
montée en puissance des OTA s’est
accompagnée d’un durcissement
radical des clauses contractuelles
imposées aux hôteliers par un
nombre limité de plateformes
de réservation dominantes.
Le marché est faussé pour les
hôteliers indépendants, qui
n’ont pas les moyens de refuser”,
résument les deux organisations.
Les clauses contractuelles
s’additionnent tous les ans et
deviennent insupportables.
Nous ne nous opposons pas aux
opérateurs - la distribution en
ligne est incontournable - mais
nous nous élevons contre leurs
excès. Si on les laisse faire,
les hôteliers ne connaîtront
bientôt plus le nom du client,
seulement un numéro de
réservation”,
affirme
Roland
Héguy
,
président confédéral de
l’Umih. La profession victime
de l’hégémonie des sites de
réservation,
GérardGuy
,
président national de la CPIH,
le dénonce également :
Il est
inadmissible que les OTA règnent
enmaître sur la distribution de
l’hôtellerie. Les contrats nous sont
imposés sans négociation. Nous
sommes dans un dialogue de
sourds. Ils mettent les hôteliers au
pied dumur.”
NOUS RÉCLAMONS UN
ARBITRAGE”
Mardi 2 juillet, l’Umih et la
CPIH ont ainsi saisi l’Autorité
de la concurrence. L’objectif
:
restaurer des conditions de
saine concurrence”,
explique
Laurent Duc
,
président d’Umih
Hôtellerie.
Ce n’est pas une
attaque en justice à laquelle
nous avons procédé. Nous ne
demandons pas d’argent. Nous
réclamons en revanche un
arbitrage. Les indépendants
n’ont pas de levier pour se
défendre. Or, nous ne pouvons
pas accepter cette mainmise sur
l’outil de travail. Il en va de la
survie de nos établissements.”
Le
tableau brossé est effectivement
inquiétant. Des commissions
pouvant atteindre jusqu’à 30 %
du montant de la chambre,
une
captation progressive
et agressive de la clientèle en
direct : e-mail, facturations,
etc.”,
et l’appropriation in situ
de visibilité
:“580
millions de
visiteurs sont détournés des
sites officiels des hôtels par les
OTA, au moyen de techniques
de référencement et d’achats
d’espaces publicitaires pour
figurer en tête de liste des
moteurs de recherche.”
D’autres enjeux sont cités
comme la protection de la
propriété intellectuelle avec
l’utilisation du nom de l’hôtel
par des centrales qui n’y sont
liées par aucun contrat ou qui
créent de vrais-faux sites afin
de renvoyer sur leurs propres
sites”,
la mise en place d’un
principe de parité tarifaire qui
contraint l’hôtelier à ne plus
pouvoir moduler sa politique de
prix selon les périodes, etc.
Le
marché est verrouillé. Il faut que
cela cesse. D’où notre démarche”,
terminent d’une même voix les
deux syndicats.
SY. S.
Martine Croharé
,
directrice générale de la CPIH, et
Gérard
Guy
,
président du syndicat :
Nous sommes face à des
pratiques commerciales devenues intenables.
Pour
Hervé Bécam
,
vice-président de l’Umih
(
à gauche)
,
Roland
Héguy
,
président confédéral (au centre), et
Laurent Duc
,
président
d’Umih Hôtellerie (à droite),
la distribution en ligne est inévitable
mais pas dans n’importe quelles conditions”.
LE SYNHORCAT ET LA FAGIHT
VEULENT INTERDIRE LES
CLAUSES DE PARITÉ DE PRIX
Didier Chenet
et
Claude Dumas
,
respectivement présidents
du Synhorcat et de la Fagiht, se sont adressé récemment au
rapporteur du projet de loi sur la consommation à l’Assemblée
nationale,
Razzy Hammadi
,
pour lui demander que soient
interdites les clauses de parité de prix imposées par les agences
de réservation en ligne aux hôteliers. Didier Chenet et Claude
Daumas souhaitent qu’un amendement allant dans ce sens
soit déposé. Tous deux estiment que cette action permettrait
de répondre en urgence aux préoccupations majeures de
nos professionnels pour le bien des clients, des hôteliers, de
l’attractivité du tourisme en France, donc de l’économie et de
l’emploi.”
Tout est à faire”
Frank Ibanez s’est installé en 2003 à Mayotte, département d’outre-mer (depuis 2011) situé
entre le continent africain et Madagascar. Il possède aujourd’hui deux établissements : un bar,
restaurant, PMU à Dzaoudzi et une brasserie dans l’enceinte de l’aéroport. Il est aussi, depuis
février, le président d’Umih Mayotte.
PROPOS RECUEILLIS PAR SY. S.
Mayotte possède désormais son syndicat
professionnel
L’Hôtellerie Restauration :
Dans quel
état d’esprit avez-vous créé l’Umih
Mayotte ?
Frank Ibanez :
Mayotte est en cours
de départementalisation. Des choses
se mettent en place et la nécessité de
se fédérer est apparue. La profession
mahoraise ne connaissait pas la Sacem.
Or, désormais, nous allons devoir nous
acquitter de cette redevance. Nous
sommes face à un rouleau compresseur
administratif qu’il va falloir gérer.
Depuis le 1
er
juin, les détenteurs de
licence sont chez nous soumis au permis
d’exploitation. Tout cela demande à être
installé, organisé. L’Umih Mayotte a été
créée en février lors d’une assemblée
générale constitutive. Nous comptons
déjà une quarantaine d’établissements.
Quels sont vos dossiers prioritaires ?
Nous avons besoin de formaliser
un certain nombre de choses. Le
paracommercialisme sévit énormément
àMayotte. Je pense que le permis
d’exploitation va nous permettre de nous
distinguer du secteur informel. En fait,
tout est à faire. Il n’y a pas de priorité
particulièremais un ensemble d’éléments à
mettre en place. Nous avons des difficultés
avec le personnel qui n’est pas formé. La
formation est un challenge, tout comme
fédérer les acteurs de la profession.
Y-a-t-il un avenir pour le tourisme à
Mayotte ?
Nous avons très peu d’hôtels mais
les chambres d’hôte permettent aux
gens d’y séjourner. L’île est méconnue
mais son potentiel est réel, et il faut le
travailler. Nous sommes au tout début
de l’aventure et je ne serais pas là si je n’y
croyais pas.
En bref
La consommation de bière
continue de chuter
Selon l’Association
des brasseurs de
France, sur les six
premiers mois de
l’année, la production
de bière destinée au
marché domestique
est en chute régulière.
La tendance est
particulièrement
déprimée en juin,
début de la saison
pour la brasserie, avec
une baisse de 16,4 %
dans les CHR et de
20,05 %
en grande
distribution”.
L’association ajoute :
En cause principalement, au-delà
de l’impact climatique dont l’effet
reste traditionnellement limité à 2 ou
3
points, la hausse des prix liée à la
surtaxation de 160% décidée par les
pouvoirs publics à compter du 1
er
janvier
2013.”
Frank Ibanez
,
président d’Umih Mayotte.