Saison difficile, baisse du pouvoir d'achat, gestion compliquée : l'Orne confirme

Orne Saison 2013 difficile avant l'augmentation de TVA : des professionnels de l'Orne donnent leur sentiment.

Publié le 08 octobre 2013 à 08:03
Réunion de rentrée informelle pour le club hôtelier de Bagnoles de l'Orne. L'occasion, pour ses membres d'échanger sur la saison, les comportements, d'évoquer la prochaine hausse de TVA. Le président de l'association, Pascal Champagne (Le Clos Joli) résume : « nous n'avons pas eu de printemps, mais nous n'avons pas été les seuls dans ce cas. Sinon, juillet a été plus calme que l'an dernier, août correct et ça a calé au 15 septembre ». Pour Roger Bellier, président de l'Umih Orne, qui sonde l'ensemble du département, la comparaison s'applique à des chiffres déjà en baisse en 2012. Et  « ce n'est pas un mois qui fait une saison » ajoute Pascal Champagne. Arnaud Boulanger (La Potinière) gère l'hôtel restaurant depuis son rachat en 2010. « Nous avons commencé avec des prix bas et nous étions en phase de progression en terme de fréquentation. Cet été, on est toutefois à moins 50 centimes du ticket par rapport au nombre de couverts. Cela pourrait paraître insignifiant mais ça ne l'est pas du tout dans le contexte actuel et à venir. La place des sites de réservation grandit, que ce soit en hôtellerie comme en restauration et les commissions sont de plus en plus lourdes. Si on prend en compte tous ces intermédiaires, nous serons très vite perdants » constate ce professionnel qui pointe également du doigt les hausses de prix des fournisseurs. « Je suis là pour le petit déjeuner, je suis en cuisine pour les repas. Je n'ai pas le temps de feuilleter les catalogues. J'ai un seul fournisseur et la hausse des matières premières est de 6% en moyenne… ». A ses côtés, Alain Demesy qui est en quête d'un nouvel établissement et s'inquiète : « Nous sommes bloqués dans un système où il faut payer de plus en plus pour gagner un peu. Le client réduit ses dépenses ; il n'est pas rare de voir des gens commander une assiette pour deux. Et l'entreprise est prise à la gorge avec des frais et des taxes qui ne cessent d'augmenter. » Philippe et Valérie Letout ont acquis le Bagnoles Hôtel en septembre 2012. Le couple confirme : « le dimanche midi, c'est généralement là que les gens se font un peu plaisir. Eh bien, aujourd'hui, nous avons des services où les trois quarts des clients ne prennent pas d'apéritifs. » Concernant la clientèle française, cet autre constat : le nouveau classement hôtelier déroute. « Le français ne sait pas à quoi correspond les étoiles et ça été très avec la clientèle aoûtienne qui n'a pas la culture du voyage et qu'il faut gérer différemment » note Laure Quinton-Gayot, qui veille en famille sur plusieurs établissements (Manoir du Lys, hôtel 4 étoiles et une étoile Michelin, un hôtel 2 étoiles, une brasserie…). Celle-ci s'élève également contre les pratiques qui découlent des sites d'opinion. « Il y a de tout dans les commentaires et il faut souvent relativiser mais on oublie les équipes qui souffrent des remarques, même si on sait qu'elles sont injustifiées ou fausses. La nécessité de moraliser et d'encadrer ces pratiques est urgente car cela peut avoir des effets désastreux sur les personnes qui travaillent avec nous ». Pour Valérie Letout, l'entreprise, aujourd'hui, c'est aussi beaucoup de dialogue avec le personnel. « On doit expliquer, rassurer. Quand nous avons acheté, il y a eu la refiscalisation des heures supplémentaires. Certains ont cru à la fin du mois que nous avions baissé leur salaire… ». Le tour de table se poursuit sur le passage de la TVA à 10%. Pour la plupart, il s'agit avant tout de « laisser passer l'orage ». Pas d'augmentation prévue. Par d'artifice envisagé. Pas d'embauche en vue.  « Il va quand même falloir que l'Etat prenne la mesure des métiers de service, interpelle Pascal Champagne. C'est facile d'imposer sans regarder les dégâts que cela produit au quotidien. Nous ne sommes pas des lignes comptables, nous sommes des êtres humains. » La discussion se termine sur l'évolution de la station thermale.  Il faut davantage d'animations pour attirer les nouvelles générations, davantage de communication également. « Les gens sont surpris de voir tout ce qu'il y à faire et à découvrir dans l'Orne quand ils y sont» souligne Laure Quinton-Gayot. Pour Roger Bellier, hôtelier-restaurateur à Sées, l'affirmation est sans équivoque. Le jour de sa visite à Bagnoles de l'Orne, deux autres rendez-vous sont programmés sur le la route. A la Lentillère, chez Jean-Michel Gentil, vice-président de l'Umih départementale et président des Logis de l'Orne.  L'homme a repris et modernisé un petit hôtel familial, au détour de la nationale 12, entre Paris et le Mont Saint-Michel. Son objectif a été de lisser le chiffre d'affaires à l'année. « Je voulais avoir une équipe constante et une visibilité différente. Pendant longtemps, août était le plus gros mois. Ce n'est plus le cas aujourd'hui avec une clientèle  'professionnelle'. Nous ne sommes plus sur la route des vacances comme avant. Le tourisme, pour nous, c'est quand la côte refuse du monde. » Comment voit-il la prochaine hausse de TVA ? : « Ce ne sera pas un moment facile et il va falloir être fort en gestion mais je refuse d'être pessimiste. Ce qui est essentiel, c'est de savoir s'adapter à la demande de la clientèle. Si quelque chose ne marche pas, il faut le changer. Le client, c'est lui qui décide » affirme avec conviction Jean-Michel Gentil. Dernière visite de la journée chez Michel Bouvet, propriétaire de l'Hôtel des Ducs, situé face à la gare d'Alençon. Le professionnel sort d'une longue période de travaux due aux normes incendies et handicap. Lui a décidé de faire de la chambre 'handicap' un atout. « C'est ma plus belle chambre. Elle est en rez-de-chaussée et ouvre sur une terrasse qui a été aménagée exprès et avec rampe d'accès aux normes. » Haute de plafond, joliment décorée avec de belles tentures et des baies vitrées en rotonde, c'est désormais la chambre la plus réclamée par les habitués. Son sentiment sur la saison 2013 ? « C'est une clientèle de passage, même si elle revient. La durée moyenne, c'est une nuit. Et puis, il faut être présent. Les gens veulent que ce soit la même personne au petit-déjeuner, à l'accueil, à la sortie… Personnellement, je travaille un peu avec les sites de réservation, mais vraiment le strict minimum. Ce qu'il faut, c'est s'adapter aux horaires des clients – je sers le petit-déjeuner dès 5h30 pour les conducteurs du train par exemple – et qu'ils se sentent bien chez vous. »

Publié par Sylvie SOUBES



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