Page 6 - L'Hôtellerie Restauration No 3361

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L’actualité
Un sujet crucial”, selon Robert Touchet
Angers
Le syndicat a organisé, le 20 septembre, une conférence-débat pour présenter des pistes concrètes aux hôteliers-
restaurateurs.
La CPIH 49 prépare les professionnels à l’augmentation de TVA
L
e centre Pierre Cointreau à Angers (49) accueillait,
le 20 septembre, une conférence-débat sur
l’augmentation des taux de TVA au 1
er
janvier
2014
organisée par la CPIH 49, en partenariat avec
la chambre de commerce et de l’industrie de Maine-
et-Loire et la Banque populaire Atlantique. “
Il s’agit
d’un sujet crucial pour l’avenir de nos entreprises,
a
insisté
Robert Touchet
,
président de la CPIH 49.
Avec
l’augmentation du taux réduit de TVA de 5,5 % à 7 %, et
du taux normal de 19,6 % à 20 %, au 1
er
janvier 2014,
les professionnels doivent dès à présent se demander
comment procéder pour supporter cette nouvelle
hausse, alors que dans le même temps, nos entreprises
ont subi une baisse d’activité de l’ordre de 2 % au
premier semestre”,
a-t-il rappelé.
Christopher Terleski
,
cuisinier et consultant en hôtellerie-restauration,
a présenté, avec une note d’humour et une pointe
d’accent anglo-saxon, les tenants et aboutissants de
cette hausse de TVA et a conseillé les professionnels
sur la meilleure politique à mettre en place dans leur
entreprise.
MAINTENIR LA RENTABILITÉ
Deux objectifs doivent être respectés : maintenir la
rentabilité de son établissement et émettre les bons
signaux envers les clients, mais aussi les médias.
Christopher Terleski a présenté plusieurs pistes,
chacune avec leurs avantages et leurs inconvénients,
tout en insistant sur le fait que chaque cas est unique
et qu’il ne peut y avoir de solution universelle. La
première piste consiste à ne rien faire et à absorber
l’augmentation de la TVA. Si cette solution permet
une bonne communication, en revanche, elle conduit
à un suicide financier à moins d’avoir une rentabilité
exceptionnelle. Seconde solution, augmenter tous les
prix de façon uniforme : cela permet de maintenir sa
marge mais cette option est
simpliste et dangereuse
commercialement”
,
selon Christopher Terleski. Autre
option : améliorer sa gestion (achats, réceptions,
transformation, contrôles) et mieux fixer les prix.
Plus le coût matière est important et plus la marge
brute actuelle est faible, donc plus le professionnel a
de marge de manœuvre. Une autre piste consiste à
associer l’augmentation de prix de certains produits
et une meilleure gestion. Le professionnel peut aussi
choisir de renouveler son offre en changeant les plats et
les garnitures, mais aussi les formules.
Pour finir, Christopher Terleski a donné trois conseils
aux professionnels. Tout d’abord, réagir dès maintenant
et ne surtout pas attendre le 1
er
janvier 2014, date
d’entrée en vigueur de l’augmentation des taux de TVA.
Ensuite, ne pas toucher au prix du café, car leurs clients
comme les médias sont très vigilants sur le sujet. Enfin,
ne pas pratiquer
la politique de l’autruche.”
Et de
conclure qu’un mauvais produit sera toujours trop cher
pour le client
: “
Alors ne faites plus que du bon !”
PASCALE CARBILLET
Christopher
Terleski
,
cuisinier et
consultant
en hôtellerie-
restauration,
conseille aux
professionnels
de ne pas
attendre le
1
er
janvier
prochain pour
augmenter
leurs prix.
SIGNATURE D’UNE CONVENTION
DE
PARTENARIAT ENTRE LE CPIH 49 ET LA CCI 49
À l’issue de cette conférence,
Robert Touchet
,
président de la CPIH 49, et
Jean-
René Camus
,
président de la commission tourisme de la CCI 49, ont signé une
convention de partenariat pour l’accompagnement des hôteliers-restaurateurs.
Jean-René Camus
(
à
gauche) et
Robert Touchet
.
MICRO-TROTTOIR
Comptez-vous répercuter la hausse de la TVA sur vos prix au 1
er
janvier prochain ? Si oui, dans quelle proportion ?”
Pascal Bonamy
,
restaurant
La Colombe, Hyères (83)
Je n’ai pas le choix”
Quand la TVA a été ramenée à 5,5%,
nous nous sommes engagés à donner
des contreparties. À ce moment-là, j’ai
notamment baissé le prix de certains
produits, augmenté le salaire de base de
mes employés, accordé la prime TVA,
investi…Ces engagements, aujourd’hui,
on doit continuer à les tenir, on ne peut
pas revenir en arrière. Toutes nos charges
ont augmenté, les matières premières
aussi. Je n’ai pas touché les prix sur
ma carte depuis quatre ans, alors je
n’ai pas le choix : les 3 points de TVA
supplémentaires seront répercutés. Sur
un menu à 30 €, cela représente 1 €. Ce
n’est pas énorme pour le client, mais je
suis obligé de le faire car on ne peut pas
toujours absorber les hausses. Ce qui
va poser problème c’est la perception
qu’aura la clientèle de cette hausse.”
M. T.
Alain Dejente
,
brasserie
le Café noir, Rouen (76)
Ne pas pénaliser les clients”
J’ai décidé de ne
pas répercuter
l’augmentation
du taux de
TVA parce
que je ne veux
pas pénaliser
mes clients.
Financièrement,
c’est dur pour
tout le monde.
On ne tourne
pas à plein tous les jours parce que les
clients font de plus en plus attention,
alors augmenter les prix ne serait pas
une bonne chose. Nous sommes un petit
établissement, donc nous serons bien
sûr beaucoup moins impactés que les
gros, mais cela va nous faire perdre quand
même entre 300 et 400 € par mois. Cela
s’ajoute aux charges, ce qui fait qu’au
bout du compte, nous n’allons pas pouvoir
investir dans du nouveau matériel, par
exemple. À terme c’est un réel manque à
gagner.”
G. L.
Xavier Guillien,
cogérant du
restaurant l’Encart, Lyon (69)
Augmenter le prix des vins”
Nous ne
pourrons pas
augmenter
le prix de nos
plats, car
notre menu
du jour est
à 21 € et le
plat du jour
à 10,50 € : si
nous passons
à 22 € et
11,50
€, nous
allons perdre des clients. Nous allons faire
moins de communication, nous reverrons
nos budgets à la baisse et nous aurons
une gestion plus rigoureuse dans les
achats. Et nous allons peut-être un peu
augmenter le prix des vins. Nous allons
calculer avec notre expert-comptable
la perte à venir pour l’ajouter au prix de
vente des alcools. Enfin, nous ne pourrons
pas augmenter nos employés, nos salaires
seront bloqués.”
S. SE.
Claude Rabu
,
hôtel-restaurant
le Champalud, Champtoceaux (49)
Restructurer notre offre”
Nous
proposons un
menu du jour
à 11,10 € avec
des produits
cuisinés, pour
une clientèle de
bureaux. Nous
devons être très
vigilants sur
l’augmentation
des prix de cette formule, mais nous ne
pouvons pas ne pas répercuter cette
augmentation. Il ne faut pas non plus
jouer sur la quantité proposée. Nous
allons [certainement] restructurer notre
offre. Dans notre hôtel-restaurant, nous
avons beaucoup de soirées-étapes et il ne
faut pas se tromper avec cette clientèle
d’affaires. L’augmentation des prix
s’accompagnera d’une amélioration de la
prestation, par exemple un changement
de la literie.”
P. C.