Page 2 - L'Hôtellerie Restauration No 3361

Grand
Sur la route
Comment les oublier ?À lafindes années 1950, alorsqueJackKerouac
dominait la littératuremondialeavec son inégalé
Sur la route
,
à la fois
bibleetmanuel de surviede touteunegénération, lesRelais routiers
publiaient unguidede4500adresses, environ lamoitiédu
Michelin
actuel ennombred’établissements.
Certes, les temps ont changé et il reste aujourd’hui unmillier
d’irréductibles à afficher fièrement le célébrissime panonceau rouge
et bleu
annonciateur d’un reposbienméritéaprèsdes centaines, sinon
davantage,de kilomètres sur des routesplutôtmal pavées à l’époque
de l’après-guerre.Discretsdepuisquelques années, ces établissements
connaissent aujourd’hui un regaindenotoriétéet de fréquentationgrâce
à internet,bien sûr,mais aussi audynamismed’unenouvellegénération
deprofessionnelsqui a comprisque le‘bon, simple
et pas cher’pouvait largement concurrencer les cafétériasd’autorouteou
lesdrive-indehamburgers.
Sans oublier un ingrédient essentiel, cette convivialité propre à tous
ceux - et il n’y a pas que les chauffeurs des 40 tonnes - qui gagnent
leur vie en‘faisant la route’
,
aujourd’hui commehier.Des heuresde
conduitepar tous les temps,dans lebrouillardcommedans la chaleur
de lanuit, à travers lesplainesduNordcommedans les colspyrénéens
ou le longdes falaises atlantiques.Et, aubout duchemin, lahalte tant
attenduedans une salle chaleureuseet animée, où lepatroncommente
le foot en servant les clients, où le chef prépare lepâtéde tête, l’entrecôte
aupoivreou le cassoulet commepersonne,pour lebonheur des convives
plus affamésqu’avidesdemignardises.
C’est cela lesRoutiers,même si leur nombreadiminuéau rythmedes
ouverturesd’autoroutes et de leurs airesde repos tellement pratiques. Ils
sont aussi nombreuxque les fast-foods à répondreàunedemandequi
ne faiblit pas, et pour cause.Au-delàdes grands axes, il faudra toujours un
transporteur,un livreur,undéménageur, indispensablespour accomplir
ce fameux‘dernier kilomètre’sans lequel lepays risquerait dedevenir un
désert entredeuxmégapoles, commedisent les technocrates.
Et sans cultiver une trop facile nostalgie, il faut souhaiter encore
longue vie aux Routiers,malgré la dureté d’unmétier qui contribue
toujours et encore à la vie sociale
de tous ceuxqui ont choisi ou sont
contraintsdepasser leur vie sur les routes : ilsméritent bienceGrand
Anglequenous leur consacrons.Vous le verrez, la jeunegénérationde
Routiers a suconciliermodernitéet culted’uneatmosphèrepas vraiment
disparue.
L. H.
L’édito
Π[MX\MUJZM
Œ6ˆ
En bref
À l’heure du débat sur les produits frais ou industriels, à une époque où
qui s’appuient au quotidien sur ces deux piliers : une cuisine simple et
Les Relais routiers,
sur la restauration
Présents depuis les années 1930
L
es Relais routiers, ceux
qui appartiennent au
réseau historique, sont
reconnaissables à leur
célèbre panonceau
bleu et rouge, dont
le ‘o’ de routier, écrit en blanc,
symbolise un pneu. À l’origine de
ce réseau,
François de Saulieu
.
Ce collaborateur du journal
Paris-
Midi
doit relier Paris à Marseille à
bord d’un camion. Nous sommes
au début des années 1930 et les transports
par la route sont tout récents. Il faut une
semaine pour couvrir le trajet. François de
Saulieu découvre l’univers non organisé des
rouliers ou camionneurs. Lui vient alors
l’idée de défendre ce corps de métier. Avec
le journaliste
Louis Navières
,
il crée un
journal,
Les Routiers
,
qu’il dépose dans les
restaurants où les chauffeurs s’arrêtent : les
Relais routiers sont nés.
Pour sélectionner
les établissements,
explique
Laurent
de Saulieu
,
aujourd’hui directeur de la
chaîne des Relais routiers,
mon grand-père
procédait de plusieurs façons. À l’heure des
repas, il cherchait les lieux où il y avait
le plus de camions stationnés. Sinon, il
repérait sur les parkings des restaurants les
tâches d’huile ou de gazole. Il y avait aussi le
bouche à oreille.”
Le Cheval noir, sur la nationale 6, à
Champagne-au-Mont-d’Or (69), a été le
premier restaurant à recevoir le titre et
le panneau.
L’établissement a été Relais
routier pendant plus de cinquante ans.
L’arrivée de l’autoroute a changé la donne,
et il n’a pas survécu à un arrêté interdisant
le stationnement des camions à proximité
de chez lui. C’est un problème récurrent :
des villes qui se mettent à interdire le
stationnement des poids lourds sur leur
territoire ou les dévient de certains axes.
Beaucoup de Relais ferment à cause de
ces mesures.”
Ils ont été jusqu’à 4 500. Il
y en avait dans Paris - deux ont conservé
l’enseigne, l’un près de la gare Saint-Lazare
et l’autre porte de la Chapelle, même si
leur clientèle n’est plus celle des routiers.
Ce sont des irréductibles, porteurs d’une
autre époque, du souvenir des halles”
,
sourit
Laurent de Saulieu.
Le premier déclin
vient de la création des autoroutes. La force
d’un Relais, c’est sa capacité à reconnaître le
conducteur, à lui servir des bons produits à
prix raisonnable. L’accueil est essentiel. Sur
autoroute, c’est difficile, il y a trop de va-et-
vient.”
Le guide 2013 des Relais compte près
d’un millier d’établissements. Un chiffre
stable ces dernières années
malgré toutes
les nouvelles normes qui ont fait beaucoup
de mal aux plus petits d’entre eux”.
CUISINE FAMILIALE”
Quand les 35 heures sont arrivées,
Jean-
Christophe Carcenac,
patron du Relais
routier Les Farguettes, à Saint-Gemme
(81),
a été contraint de fermer le samedi et le
dimanche, faute de moyens. Notre homme
a subi ensuite la déviation de la nationale
et l’impossibilité d’installer un panneau
indicatif sur la voie publique. L’hôtelier-
restaurateur a tenu bon en se diversifiant
avec la vente de tabac et la Française des
jeux, et en restant fidèle à ses principes
de bon accueil. Ce qui caractérise en effet
les Relais routiers, c’est leur dimension
humaine, conviviale et leur capacité à
servir de bons produits à prix abordables.
C’est chez eux que le frais prend toute sa
dimension. À l’heure où l’on parle label,
appellation, reconnaissance, le Relais
routier, pour se différencier et maintenir
le cap, n’a d’autre choix que
le bon, le
simple, la cuisine familiale”
,
estime Jean-
Christophe Carcenac. Même le plus grand
restaurant routier de France n’échappe pas
à la règle. Repris en 2006 par
Dominique
Thomas
,
l’Escale Village, qui se situe à côté
de l’aéroport de Châteauroux-Déos (36),
est ouvert 24 heures sur 24, sert jusqu’à
800
couverts par jour et emploie 80 salariés.
Relais routier depuis la fin des années 1930,
il a reçu le titre de Maître restaurateur au
printemps. Le premier menu est affiché
à 11,25 €. Pâté de tête, poisson au beurre
blanc… Les productions locales sont
privilégiées.
Laurent de Saulieu
,
directeur de la chaîne des Relais
routiers :
La force d’un Relais, c’est sa capacité à
reconnaître le conducteur, à lui servir des bons produits à
prix raisonnable.”
Sodexo en tête du classement 2013 du Dow Jones
Sustainability Indexes
Sodexo a été désigné, pour la neuvième
année consécutive, leader mondial en
matière de développement durable dans son
secteur d’activité. Le classement annuel Dow
Jones Sustainability Indexes s’appuie sur
une analyse approfondie des performances
économiques, environnementales et sociales
des entreprises concernées et évalue des
critères tels que la gouvernance d’entreprise, la gestion des risques, la
stratégie de développement durable, la politique environnementale et
les systèmes de gestion environnementale, les normes relatives à la
chaîne d’approvisionnement et les conditions de travail.
Exki arrive à Manhattan
Selon Sudinfo.be, La chaîne belge de restauration rapide, Exki devrait
ouvrir une première unité aux États-Unis, au premier trimestre 2014,
dans le quartier de Flatiron, au cœur de Manhattan (NewYork). La
chaîne adaptera ses produits à la clientèle américaine en s’associant
à des chefs locaux. Exki prévoit d’ouvrir d’autres établissements
à NewYork, fin 2014 ou début 2015. En parallèle, trois nouveaux
établissements sont prévus à Paris.