L'Hôtellerie Restauration No 3791

MANAGEMENT Parce que, depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes sont ce qu’ils sont, avec leurs bons et leurs mauvais côtés, Laurent Combalbert, ancien négociateur du RAID (unité d’élite de la police) et expert en management, vous aide à savoir vous entourer. À l’ère agricole, ceux que l’on appelle aujourd’hui des leaders visionnaires étaient des défricheurs. Depuis, la société s’est complexifiée, mais les hommes et les femmes sont restés les mêmes. Alors, arriverez-vous à joindre les différents profils et les repérer dans votre équipe ? Au début, il y a un défricheur/leader visionnaire. Quelqu’un qui a une idée, une vision. Quelqu’un qui décide d’aller là où les autres ne vont pas, parce que c’est trop loin, trop dur, trop risqué, ou que cela semble sans intérêt. Le défricheur/leader visionnaire, lui, a du nez. De l’idée. Des idées, parfois trop. À un moment donné, l’une de ses idées va le pousser à penser qu’il y a quelque chose à faire, à construire, à inventer. Il va se heurter aux pessimistes : “Non, ça ne marchera jamais.”Aux nombrilistes : “J’ai déjà eu cette idée, mais je n’ai pas eu le temps de la développer.”Aux pollueurs : “Vous allez vous planter, c’est sûr, votre idée ne vaut rien.”Aux égoïstes : “On ne vous aidera pas et on ne vous prêtera rien pour y aller.” Heureusement, le défricheur/ leader visionnaire va aussi croiser des optimistes : “C’est une bonne idée, il faut foncer. ” Des altruistes : “Si je peux vous aider, je serai là. ”Alors, le défricheur/leader visionnaire va y aller parce que ce qui le caractérise, c’est l’esprit pionnier. Inventer. Tenter le coup. Prendre l’initiative. Arrivé sur place, le défricheur/leader visionnaire va se mettre à préparer le terrain. Dégrossir, tester, tenter, recommencer. Jusqu’au jour où son terrain va commencer à ressembler à quelque chose. Là, il va devoir trouver un ou plusieurs laboureurs. Les planteurs ne sont ni des défricheurs/ leaders visionnaires, ni des laboureurs. Ou du moins pas encore. Ils ne sont pas encore assez audacieux pour partir à l’aventure seuls, mais ils savent planter ou ils ont une compétence technique. Et quand on leur dit où et quoi planter, quand on leur dit où agir, ils sont très efficaces. Ils savent sélectionner les plants, creuser les cuvettes d’arrosage, choisir le bon positionnement des rangées de plants. Ils savent sélectionner les méthodes, les techniques, choisir le bon moment pour agir. Quand le défricheur/leader visionnaire et le laboureur leur donnent une part du pouvoir de décision, ils font des merveilles parce qu’ils se sentent responsables de la récolte ou du résultat. Ils rendent la mission efficace. Il se peut que les planteurs rencontrent des pessimistes : “Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée de planter là-bas ?” Ou bien : “Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée de travailler là-bas ?” Des nombrilistes : “Si tu viens planter chez moi, je te paierai plus.” Des égoïstes : “On ne vous donnera rien pour semer.” Ou bien : “On ne vous donnera aucun moyen pour mener à bien ce projet.” Certains planteurs partiront, attirés par des nombrilistes : “Je m’en vais parce que l’on me paie mieux, parce que l’on me dit que c’est mieux ailleurs.”Ce n’est pas grave, parce que les planteurs qui seront engagés par la vision du défricheur/leader visionnaire et motivés par la mission du laboureur vont commencer à planter ou à faire leur travail. Ils vont prendre des initiatives, mettre plus de graines et de plants. Qui vont commencer à donner des arbres, puis des fruits. Beaucoup de fruits. Ou tester de nouvelles méthodes, de nouvelles techniques. Qui vont commencer à donner des résultats. Beaucoup de résultats. Alors le défricheur/leader visionnaire, le laboureur et quelques-uns des planteurs les plus audacieux vont devoir trouver des cueilleurs. Le laboureur n’est pas un défricheur/ leader visionnaire. Il n’aime pas arriver sur un terrain brut, vierge, aride, parfois hostile. Quand le défricheur/leader visionnaire a la tête dans le ciel et regarde au loin, le laboureur a les pieds bien ancrés dans la terre. Et en regardant le travail du défricheur/leader visionnaire, en sentant le sol du bout de ses orteils, en écoutant la vision et le projet, il se dit : “Oui, effectivement, il y a certainement quelque chose à faire ici.”C’est à ce moment-là que la vision du défricheur/leader visionnaire devient la mission du laboureur. Il peut se heurter aux pessimistes : “Cette terre n’est pas très bonne, j’ai peur que tu laboures et que tu travailles pour rien.” Aux pollueurs : “Tu ne devrais pas suivre ce gars-là, ça ne marchera pas.”Aux nombrilistes : “Viens plutôt avec moi, on va faire pareil mais mieux.” Aux égoïstes : “On ne vous prêtera rien pour travailler le sol ou pour travailler sur ce projet.”Pourtant, le laboureur croit à la vision du défricheur/leader visionnaire, il va alors commencer son travail, en rendant possible l’idée du défricheur/leader visionnaire, en lui donnant du corps, de la matière. Il va travailler le sol pour l’ameublir, il va travailler le projet pour l’enrichir, lui donner une forme un peu différente pour correspondre à la réalité. Et le terrain va commencer à ressembler à un champ et le projet à une mission. Mais un champ ne donne rien tant qu’il n’est pas couvert de quelque chose et un projet ne donne rien tant qu’il n’est pas mis enœuvre sur le terrain. Alors, le défricheur/leader visionnaire et le laboureur vont devoir trouver des planteurs. Et le laboureur sait reconnaître et manager les planteurs. Défricheur/ leader visionnaire Planteur/ Laboureur/ Leaders, savez-vous repérer les profils dans votre équipe ? 18 L’Hôtellerie Restauration N° 3791 - 3 février 2023 cueilleur pilleur défricheur planteur laboureur ramasseur 1 2 3

RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==