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L’actualité
“
L’hôtellerie sert encore d’ascenseur social”
Cette problématique fait l’objet d’une thèse, soutenue fin 2013 par Nathalie Montargot. Elle nous en livre les grandes lignes.
S’intégrer avec peu de qualifications :
mission impossible ?
S
on travail de recherche a duré
trois ans pendant lesquels elle
a rencontré des jeunes peu
qualifiés venant d’intégrer le secteur
de l’hôtellerie-restauration. Un travail
de fourmi et une problématique sur
laquelle la recherche faisait défaut,
confie
Nathalie Montargot
.
Directrice
de la licence professionnelle de
direction des services d’hébergement en
hôtellerie internationale à l’université
de Cergy-Pontoise (95), c’est elle qui
a eu l’idée d’en faire l’objet d’une
thèse, dirigée par
Jean-Marie Peretti,
professeur et chercheur en ressources
humaines à l’Essec et à l’université de
Corse.
“
Dans l’hôtellerie-restauration, 80 %
des jeunes ont au maximum leur
bac”
,
observe-t-elle d’emblée. Partant
de ce postulat, elle s’est interrogée :
“
Comment ce secteur peut-il accueillir
ces jeunes, les intégrer et les fidéliser ?”
Nathalie Montargot a alors
“
rencontré
49
jeunes âgés de 16 à 30 ans, titulaires
au plus du bac, intégrés depuis moins
de trois mois dans un établissement
et vivant en Île-de-France, en Rhône-
Alpes ou dans la région Paca
.
”
À cela
s’ajoutent une vingtaine de managers
et directeurs des ressources humaines
(
DRH) qu’elle a interrogés “
sur leur
façon d’intégrer ces profils de jeunes à
faible capital scolaire
”.
Une enquête
qualitative qui a débouché sur un
premier constat :
“
Certes, l’hôtellerie sert
encore d’ascenseur social mais il existe
des différences en termes d’intégration
et un manque de visibilité quant au
devenir des jeunes peu diplômés
.”
FOCUS SUR LA RELATION
ÉCOLE-ENTREPRISE
Nathalie Montargot explique avoir
privilégié un axe de réflexion autour de
“
la relation entre l’école et l’entreprise”
:
“
Certains jeunes en difficulté scolaire
choisissent encore ce secteur par défaut.
Ce qui conduit à s’interroger sur la
façon dont on oriente ces jeunes à
l’école
.”
Par ailleurs, elle a identifié deux
“
publics”
parmi les jeunes recrutés
en CDI qu’elle a rencontrés : “
Ceux
qui découvrent le secteur et qui ont
besoin d’encadrement, de respect, de
reconnaissance. Et les plus âgés - les
27-30
ans -, en position de manager,
qui souffrent de la contradiction qui
existe entre leur capacité à faire et
la demande de leur hiérarchie.”
La
solution ? Nathalie Montargot cite,
bien sûr, la formation continue. “
Mais
tous ne veulent pas s’y inscrire”
partant
souvent du principe qu’ils en savent
déjà assez ou persuadés que se former,
c’est faire une sorte de marche arrière.
LA CUISINE, UN MONDE À PART
“
Le rôle de DRH est central. Il doit
s’occuper des recrutements, de
l’intégration, du suivi, de la formation
continue, de la sécurité, du stress au
travail…”
Nathalie Montargot souligne,
en outre, “
le monde à part”
de la
cuisine : “
Bon nombre de DRH font
toute confiance aux chefs de cuisine
.”
Or, ce positionnement n’est viable que
si le chef a le sens du compagnonnage.
Sinon, le jeune recruté risque de ne pas
trouver ses marques. “
Car plus on est
jeune, moins on a d’armes pour s’ajuster
face au stress
.
Un coup de feu en cuisine
c’est comme un service d’urgences : à
la pression du temps s’ajoute celle de
l’action
.”
Mieux vaut en tenir compte si
l’on veut éviter un turn-over maximal
chez les moins de 30 ans.
ANNE EVEILLARD
Nathalie Montargot
dirige la licence
professionnelle de direction des services
d’hébergement en hôtellerie internationale, à
l’université de Cergy-Pontoise (95).
Savoir se différencier
Quand on commence à peine sa carrière, l’expérience souvent demandée par les recruteurs fait défaut. Voici quelques astuces
pour étoffer votre profil.
Valoriser son C.V. quand on est débutant
C
hercher un premier emploi est un parcours semé
d’embûches. Les difficultés commencent avec
la rédaction de son C.V. Comment se présenter
sans expérience alors que la plupart des recruteurs ont
besoin d’être rassurés avec un premier engagement
professionnel ? Pour compenser, le candidat débutant
doit valoriser sa personnalité et son parcours.
ANNONCEZ VOTRE MÉTIER
Même si vous n’avez pas encore fait vos preuves,
annoncez clairement en titre de votre C.V. le métier que
vous avez choisi d’exercer. Cela permettra au recruteur
de bien cibler votre profil et de sentir que vous avez
confiance dans votre projet professionnel.
DÉCRIVEZ VOS ÉTUDES
Votre formation et votre diplôme sont une carte de
visite. Si vous avez suivi des modules spécifiques
ou des spécialisations, précisez-les pour vous
différencier. Si vous êtes très actif au niveau de
l’association des anciens élèves, c’est aussi important
de le signaler.
DÉTAILLEZ LES STAGES ET JOBS ÉTUDIANTS
Dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, vos stages
ou vos emplois saisonniers peuvent souvent nourrir
avantageusement une rubrique expérience. Détaillez
concrètement vos missions et les compétences
techniques mais aussi comportementales que vous y
avez acquises. Ne reprenez toutefois que les stages ou
les petits boulots représentatifs et en lien avec le poste
pour lequel vous postulez.
VALORISEZ VOS ENGAGEMENTS ASSOCIATIFS
ET VOS LOISIRS
Le bénévolat ou vos engagements
citoyens auprès d’associations vous
permettront de présenter les atouts de
votre personnalité sans tomber dans le
déclaratif. N’hésitez pas à mentionner
la pratique d’un sport si vous avez, par
exemple, participé à des épreuves d’un
niveau élevé ou formé des débutants.
Ces activités traduiront mieux que des
mots votre motivation, votre sens de
l’engagement, de la transmission ou
encore votre esprit d’équipe. Certaines
de ces initiatives, comme le bénévolat
au sein d’une association, révèlent aussi
un sens de l’organisation et une capacité
d’adaptation appréciés par les recruteurs.
CIBLEZ VOS COMPÉTENCES
Il faut prendre soin de citer les compétences
en lien avec la vie professionnelle :
maîtrise des langues, connaissance de
cultures différentes si vous avez voyagé, usage d’outils
informatiques particuliers ou des capacités en
communication orale ou écrite.
N. B. : ne mentez jamais. Beaucoup de recruteurs
vérifient les informations du C.V.
VALÉRIE MEURSAULT
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