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L’actualité
“
Nous voulons tenir un langage de vérité”
Le 43
e
congrès de la Confédération des professionnels indépendants de l’hôtellerie se déroulera dans les salons de l’hôtel
Pullman Aquitana à Bordeaux-Lac. Comme nous l’explique Gérard Guy, président confédéral, cet événement veut être un lieu
de réflexion, de propositions et de partage. Son objectif : ‘Faire face’, en invitant les adhérents de la CPIH à tenir le pari de
l’avenir sur des bases concrètes et opportunes. Pas si simple.
PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE SOUBES
La CPIH sera en congrès national
les 25 et 26 mars
L’Hôtellerie Restauration :
Avant d’aborder le sujet du
congrès, je voudrais connaître votre point de vue : la
profession a-t-elle été éclaboussée par le scandale de la
viande de cheval ?
Gérard Guy :
La véritable question, c’est : qu’est-ce
qu’il y a dans nos assiettes ? Il y a aujourd’hui nombre
de propositions mais elles ne sont pas en adéquation
avec le client ou avec la réalité du terrain. Il va falloir,
dans ce dossier, faire preuve de beaucoup de logique
et de bon sens. Un équilibre doit être trouvé. Il faut
remettre de l’ordre dans les appellations. Qu’est-ce
qu’un restaurant ? Dire d’une chaîne de hamburgers
que c’est le plus grand restaurant du monde est une
hérésie. Et il ne faut pas non plus monter les uns
contre les autres. Il faut une clarification de l’offre
vis-à-vis du consommateur. Prenons l’exemple de la
mode : quand vous allez dans certaines enseignes,
vous savez parfaitement que ce n’est pas de la haute
couture !
Nous traversons actuellement une crise économique
et vous avez intitulé ce congrès ‘Faire face’. Dans quelle
mesure ?
L’important est de savoir comment nos établissements
vont pouvoir traverser la crise. D’où ce titre,
effectivement, ‘Faire face’. Aujourd’hui, en province,
la crise est réelle et sérieuse. Les professionnels
affichent des résultats en baisse de 10 % à 40 % dans
certains endroits. La morosité est générale. Une crise
est intervenue fin 2008. En 2011, nous avons cru que
nous nous en étions sortis et là, une lame de fond nous
frappe de plein fouet. On peut parler de catastrophe
dans l’hôtellerie et la restauration. Il y a beaucoup de
paramètres à ajuster ou modifier. Nous avons - et j’insiste
sur ce problème - une législation qui n’est plus du tout
adaptée à notre environnement économique. Nous
achetons les murs sur quinze ans alors qu’il faudrait
pouvoir le faire sur vingt-cinq ans. Les fonds sont amortis
sur sept à dix ans et il faudrait qu’ils le soient sur douze
ou quinze ans pour ne pas être asphyxié. Quant aux lois
sur la sécurité ou l’accessibilité, ce sont de vastes sujets.
Près de 4 000 hôtels vont disparaître. Il faut cesser de
demander aux petits établissements la même chose
qu’aux grands. Nous sommes dans des configurations
complètement différentes.
Plusieurs thématiques seront abordées lors des
tables rondes. Pouvez-vous nous en livrer les grandes
lignes ?
Avec la première table ronde, nous souhaitons apporter
des réponses concrètes aux besoins de financement,
qu’ils concernent l’acquisition, les transformations, les
aménagements, les mises aux normes, tous ces problèmes
importants qui conditionnent le développement et l’avenir
des établissements. La deuxième est intitulée ‘Faire
face à l’environnement’. Nous allons tenter, grâce à nos
invités, qui sont des experts reconnus comme
Philippe
François,
président d’Ecorismo, et
Magali Frontero
,
dirigeante d’Ecophyse, de répondre à cette question :
comment contribuer efficacement au changement
climatique, à la réduction des pollutions, à l’optimisation
de la biodiversité, tout en permettant à l’entreprise
d’augmenter ses profits à partir de solutions pratiques et
dans la perspective du développement durable ?
Les difficultés administratives seront aussi évoquées,
mais de manière un peu particulière...
Cette fois, nous allons revenir à un principe de jeu
de rôle, que nous avions déjà pratiqué lors d’un
autre congrès. Nous allons mettre en scène des
situations de contrôle de l’administration en matière
fiscale, sociale et d’hygiène. La conduite à tenir, les
moyens de défense et de recours seront abordés à
la lumière des réflexions d’un magistrat du tribunal
administratif,
Bertrand Riou
.
La dernière table ronde
sera, quant à elle, consacrée aux nouvelles demandes
de la clientèle des restaurants et des bars. Nous
entendons mettre en lumière les différentes formes
de restauration, commerciale et gastronomique, et
leur complémentarité. Il serait absurde de les opposer,
toutefois, nous devons tous tirer les leçons du récent
scandale de la viande de cheval. Les restaurateurs sont
partie prenante de la chaîne alimentaire et ils ont plus
que jamais une obligation de vérité, de transparence et
de traçabilité à l’égard des consommateurs.
Faire le pari de l’avenir n’est pas facile aujourd’hui
pour les indépendants que vous représentez…
Nous voulons, lors de ce 43
e
congrès, tenir un langage de
vérité, rappelant nos droits mais aussi nos devoirs. Un
langage qui appelle nos adhérents à un souci d’éthique et
de responsabilité, quelle que soit leur activité. Ce congrès
doit être également un lieu de réflexion, de partage
et d’action. Se mobiliser contre la toute puissance de
l’administration, contre des volontés politiques affichées
en termes de réglementation et de fiscalité : trop, c’est
trop ! Nous, petits exploitants, sommes très loin des
35
heures. Les responsabilités sont de plus en plus
grandes, les risques de plus en plus importants et nous
sommes dans un manque quasi-total de visibilité. Il
est scandaleux qu’après une vie de travail et de prise de
risques, certains d’entre nous ne bénéficieront que de
500
€ pour vivre parce que l’on ne leur aura pas laissé de
marge suffisante pour cotiser, quand un salarié payé au
smic pourra espérer retirer 1 000 € par mois.
PROGRAMME ET ÉLECTIONS
43
e
congrès de la CPIH - Hôtel
Pullman Aquitana Bordeaux-Lac
(33).
Du 25 au 26 mars.
Organisation : CPIH 33, présidée
par Jean-Pierre Seguin.
Lundi 26 mars
: 9
heures,
intervention d’
Alain Juppé
,
maire
de Bordeaux, suivie de l’assemblée
générale statutaire et de l’élection
du président confédéral. Après-
midi : reprise des travaux avec les
réunions des conseils de branche,
suivies des élections des présidents
de branche.
Mardi 26 mars
:
début des
tables rondes à 9 heures. Faire
face aux besoins de financement
avec notamment
François
Renon
,
de CrediPro. Faire face au
développement durable. Faire face
à l’administration. Intervention de
Lucien Quesnel
,
directeur de la
diffusion publique de la Sacem.
Reprise des travaux à 14 heures.
Quatrième table ronde : Faire face
aux nouvelles demandes de la
clientèle des restaurants et bars
avec la participation notamment du
journaliste
Périco Légasse
. 14
h 45 :
assemblée plénière. Plusieurs
interventions prévues dont celle
de
Corinne Menegaux
,
directrice
d’Equip’Hôtel. Clôture du congrès par
Sylvia Pinel
,
ministre duTourisme,
de l’Artisanat et duCommerce.
LES ÉLECTIONS 2013
Après unemodification des
statuts, le président confédéral
est désormais élu pour une durée
de quatre ans. Cette année, les
branches seront exceptionnellement
élues pour deux ans. En 2015,
une nouvelle élection de branche
aura lieumais cette fois pour un
mandat de quatre ans. Ce principe
d’alternance entre les élections du
président confédéral et des branches
a pour objectif d’assurer au syndicat
une stabilité lors des changements
de gouvernance.
Gérard Guy
,
président confédéral,
est président à sa propre
succession. Il n’y a pas d’autre
candidat. Les présidents de
branches sortants
Robert Touchet
(
restaurateurs),
Roland Croisé
(
cafetiers) et
Christophe Robin
(
discothécaires) sont candidats
à leur propre succession. Pas
d’autres candidats pour ces
branches. Les présidents
Jacques
Blanchet
(
hôteliers) et
François
Effling
(
saisonniers) n’ont pas
souhaité se représenter. Un seul
candidat à leur succession par
branche,
Hervé Besa
(
CPIH
52)
pour les hôteliers et
Pascal
Chardonnet
(
CPIH 65) pour les
saisonniers.
Gérard Guy
,
président confédéral et seul candidat à sa propre
succession à ce poste à Bordeaux.