Page 37 - L'Hôtellerie Restauration No 3333

37
N° 3333•14 mars 2013•
Emploi
Des conditions de travail extrêmes
Philippe Pichon et Maureen Bertaud travaillent à l’autre bout de la planète pour la société marseillaise CIS (Catering
International & Service), l’un des leaders mondiaux de la gestion de bases-vies. Ces deux Français ont pour mission
d’apporter le confort là où il n’y en pas.
CIS déploie ses hôteliers aux quatre coins du monde
C
est en feuilletant un magazine à l’école hôtelière
de Lausanne où
Maureen Bertaud
préparait
un master en management hôtelier, que la
jeune Nantaise découvre l’existence de la société CIS
(
Catering International & Service), spécialiste de la
gestion de bases-vies. C’est avec elle que l’étudiante
choisit de faire son deuxième stage d’étude, à 6 000 km
de chez elle. “
J’avais fait le premier chez
Anne-Sophie
Pic
afin de découvrir la réalité du métier traditionnel
mais pour le deuxième, je voulais une expérience plus
orientée sur le management. Je suis entrée en contact
avec CIS. Ils m’ont envoyée six mois en Nouvelle-
Calédonie comme assistante du directeur des opérations
à Vavouto, une mine de nickel à ciel ouvert qui emploie
5 000
personnes, à 300 km au nord-ouest de Nouméa.
C’est un univers très masculin mais tout de même
civilisé. Je suis d’ailleurs revenue à Vavouto à l’issue de
mes études, car CIS m’a proposé le poste de directrice des
opérations
”,
raconte la jeune femme.
DU KOWEIT AU DÉSERT DE GOBI
À 24 ans, elle dirige les 500 personnes chargées de
l’hébergement et de la restauration : “
En réalité,
je donne les ordres aux chefs de service mais je
connais tous nos collaborateurs qui sont des locaux.
Nous servons 5 000 repas par jour dans différents
restaurants (calédonien, chinois, coréen…).
L’approvisionnement est compliqué en raison de
la situation de monopole des fournisseurs. Je dois
superviser tout ce qui concerne la restauration et
l’hébergement. Pour cela, je dois être diplomate,
patiente et débrouillarde
”,
explique celle qui aurait
pu faire carrière dans un palace au bord du lac
Léman. Elle concède que son salaire est élevé pour
son âge mais qu’elle pourrait prétendre au même en
Suisse, avec cependant une grande différence : “
J’ai
un mois de congés tous les trois mois et j’en profite
pour voyager car l’avantage principal est que je ne
dépense rien lorsque je suis en activité.”
Aujourd’hui,
elle se verrait bien obtenir une affectation en
Amérique du Sud pour relever de nouveaux
challenges.
Son directeur,
Philippe Pichon
, 40
ans, est
responsable de la zone Asie-Pacifique et partage son
goût pour les terres lointaines. Ce fils de militaire
rêvait d’une carrière internationale après des études
de commerce à Lyon. “
J’ai travaillé cinq ans pour
la Sodexo au Koweit, au Soudan, en Algérie et au
Nigéria avant de rejoindre CIS. Depuis 2008, je suis
directeur de zone. Je fais du développement sur trois
secteurs : minier, gazier et offshore
.”
Au cours de sa
carrière, l’homme a connu des températures de - 60 °C
en Sibérie, une grève au Tchad qui l’a contraint à faire
un discours en équilibre sur un fût, et il a même dû
retrouver un client en Mongolie, sans carte ni GPS,
après 900 km de piste, à travers le désert de Gobi.
FRANCOIS PONT
Pour impliquer tous ses salariés
Savoir partager avec ses salariés les valeurs et la stratégie de son
entreprise est un puissant levier de motivation. Voici quelques
pistes pour créer une dynamique au sein de son équipe.
Mobiliser ses équipes autour d’un
projet d’entreprise
Jouez la transparence
Le recruteur cherche avant tout à reconstituer votre
parcours. S’il y a un ‘trou’ dans votre C.V., celui-ci va
immanquablement chercher à en comprendre les
raisons. L’erreur absolue serait de mentir.
Comment présenter un ‘trou’
dans un C.V. ?
Philippe Pichon
à côté de la
mine de Bogatyr au Kazakhstan.
Maureen Bertaud
sur la base-
vie de Vavouto en Nouvelle-
Calédonie.
S
ocle du leadership, la
capacité de transmettre
une vision de son
entreprise est souvent oubliée
par les dirigeants des plus
petites entreprises. Et tout
particulièrement dans le
monde de la restauration où
ceux-ci sont très souvent issus
des métiers de la cuisine. “
La
stratégie est alors intuitive
mais rarement formalisée
et donc rarement expliquée
aux salariés
”,
constate
Yves
Loué
,
coach d’affaires au
sein du réseau ActionCoach.
Pourtant, la définition et la
communication d’un projet
d’entreprise permettent de
souder une équipe autour
d’un objectif commun.
DONNER DU SENS AU
TRAVAIL
Dans un secteur où les
contraintes horaires sont
fortes, le rythme et la
relation directe avec le client
stressants, il est essentiel de
donner du sens au travail. La
jeune génération y est
tout particulièrement
sensible. Or, expliquer sa
stratégie et communiquer
sur ses évolutions permettent
d’impliquer tous les salariés.
Ces derniers
apprécient
d’être ainsi reconnus et de
savoir pour quel projet ils
s’investissent”,
ajoute Yves
Loué. Faire régulièrement des
points sur le développement
et les perspectives
économiques est aussi une
manière de réunir ses équipes.
Il faut prendre du temps
pour construire, si cela n’est
pas déjà fait, les piliers de
la culture de son entreprise
et ses choix stratégiques.
Cette phase fondatrice peut
être aussi une opportunité
pour travailler en équipe,
salle et cuisine confondues.
La méthode suivie par le
réseau ActioCoach préconise
trois étapes. Le principe :
dégager ses propres valeurs
personnelles, y mettre
des mots, dégager celles
qui seront essentielles
à transmettre à ses
équipes et, enfin, tenter
de comparer ces valeurs
avec le positionnement
de l’entreprise.
Il est très
important de mettre des mots
sur ses choix, de formaliser
son socle et enfin de le traduire
en comportements”,
précise
Yves Loué. Ce travail facilitera
ensuite la mise en place des
outils RH comme les fiches
de poste ou le référentiel des
compétences.
VALÉRIE MEURSAULT
Yves Loué
coache des dirigeants de
TPE/PME :
Il est très important de
mettre des mots sur ses choix, de
formaliser son socle et enfin de le
traduire en comportements.”
L
ors de l’entretien d’embauche,
certains candidats sont tentés
de masquer leurs périodes non
travaillées enmodifiant les dates
de leurs expériences. Attention :
les recruteurs ne sont pas dupes.
Sachez d’ailleurs qu’ils peuvent vous
demander des certificats de travail
et contrôler vos références. Le
premier conseil à retenir est donc
de toujours prendre les devants en
annonçant l’incident de parcours.
Jouer la carte de la transparence
reste souvent la meilleure option.
D’ailleurs, en cherchant bien, il est
toujours possible de transformer
cette période d’inactivité, en un
moment bénéfique pour votre
carrière : remise en question
professionnelle, réorientation,
formation complémentaire,
validation des acquis de
l’expérience… Par exemple,
on peut valoriser une année
sabbatique en soulignant les
bénéfices de ce congé, qui peuvent
être transférables à l’entreprise.
UNE PRÉSENTATION PAR
COMPÉTENCES
Si ce ‘trou’ correspond à une
période où vous avez élevé un
enfant, il peut être judicieux de
montrer que vous avez su rester
connecté avec l’actualité de
votre métier. N’hésitez pas non
plus à expliquer que cela vous a
pleinement épanoui, et que vous
êtes désormais plus investi et
motivé que jamais.
Enfin, pour ceux qui ne seraient
définitivement pas à l’aise avec
ce parcours ‘à trous’, reste la
possibilité de présenter un C.V.
par compétences. Cela consiste
à présenter vos aptitudes en
détaillant vos missions mais
sans jamais préciser les dates
d’exercice. Sachez néanmoins que
les recruteurs n’ont pas l’habitude
de cette méthode, qui peut les
gêner. Préparez-vous bien dans ce
cas à répondre à de nombreuses
questions.
MYLÈNE SACKSICK
Retrouvez les conseils de Laura Benoumechiara, responsable RH
de Louvre Hotels Group en vidéo sur
ou avec le QR code ci-contre