Page 34 - L'Hôtellerie Restauration No 3315

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Vie syndicale
Une situation très inquiétante”
Le 30 octobre, la CPIH 27 tenait son assemblée générale annuelle dans une ambiance ‘plombée’ par le rapport Thévenoud.
Journée maussade pour la profession.
Pour Philippe Lefèvre, si la TVA remontait au taux plein,
ce serait trente fois le plan Aulnay”
L
assemblée générale 2012 de la CPIH 27 a eu lieu
le 30 octobre, jour de la remise du rapport de
Thomas Thévenoud
sur la TVA au Gouvernement.
Comme dans une grande partie des antennes
départementales du syndicat, une conférence de
presse pour dénoncer
l’hérésie économique”
des
conclusions annoncées était aussi organisée.
Philippe
Lefèvre
,
président de la chambre professionnelle des
indépendants de l’hôtellerie de l’Eure et secrétaire
général du syndicat de la rue Baryé avait également
invité les députés du département. Des courriers
restés lettres mortes.
Un seul nous a fait savoir
qu’il n’était pas disponible, les autres n’ont même pas
daigné répondre”,
regrette Philippe Lefèvre, pointant
du doigt cette nouvelle démocratie où les élus du
peuple semblent très éloignés du terrain et de ses
préoccupations... Difficile de se faire comprendre
dans ces conditions.
On est pourtant dans une
situation très inquiétante,
estime le dirigeant de
l’Eure.
Si la TVA repassait à 19,6, il y aurait une
casse monumentale. Pour [les plans sociaux de PSA
à ] Aulnay ou [du groupe volailler] Doux, c’est
malheureux. Mais la TVA, ce serait trente fois le plan
Aulnay. Le raisonnement de monsieur Thévenoud est
idéologique et dogmatique. Il témoigne d’une profonde
méconnaissance de la réalité de notre secteur et de nos
entreprises.”
À MÉTIER ÉGAL, CONTRAINTES ÉGALES”
Un sentiment largement partagé par les adhérents
eurois qui s’insurgent contre les prises de position
faciles”
des médias grands publics à l’encontre de la
restauration.
Que faire ?”,
soupire un professionnel.
Continuer à revendiquer notre bonne foi”,
répond
Philippe Lefèvre avant de reprendre l’ordre du jour. La
concurrence des chambres d’hôte et des clubs sportifs
est vive
. “
Nous ne demandons pas leur interdiction
mais nous réclamons des règles identiques pour tous. À
métier égal, contraintes égales.”
Pour sa deuxième édition, la Fête de la gastronomie a
permis, lors d’un repas organisé avec la ville d’Évreux,
de faire connaître la restauration côté cour.
Ç’a été
une belle opération et nous la renouvellerons l’année
prochaine”,
promet le président de la CPIH Eure avant
de passer la parole aux présidents de branches.
Michel
Renoux
,
pour les restaurateurs, dresse le bilan d’une
année
où rien ne nous aura été épargné : élections,
mauvais temps, une crise qui plombe le commerce et
un député qui veut enterrer bon nombre d’entre nous.
Sans parler de la désertification des territoires. Le
patrimoine mondial de la gastronomie est mort-né. Les
vrais restaurateurs ne sont plus écoutés et sont en voie
d’extinction.”
Le message de
Fabrice Cazeaux,
président des
hôteliers, n’est guère plus optimiste :
Nous avons
la sécurité, le classement et l’accessibilité à tenir.
Nous étions bien partis, avec des efforts faits par
un certain nombre d’entre nous. Mais, là, on recule.
Les investissements stagnent et c’est l’image de la
profession qui va en prendre un coup. Les moins de
20
chambres sont ceux qui souffrent le plus.”
Autre
constat : internet et ses excès.
Booking et les autres
prennent des commissions beaucoup trop importantes.
On m’a dit qu’il fallait augmenter mes tarifs pour
supporter les commissionnements imposés ! Ça ne va
pas. Nous devons aussi nous attaquer à la redevance
TV qui devient de plus en plus lourde à supporter alors
que nos clients peuvent aller sur internet.”
Chez les
cafetiers, pas d’embellie en vue non plus.
On devrait
nous mettre le taux de TVA à 25 %, comme cela tout
monde serait fermé et on irait tous pointer au chômage”,
raille leur président,
Didier Juhel
.
Pourtant, au terme
de la réunion, la volonté d’aller au combat est la plus
forte. Mot d’ordre : que chacun, de retour dans son
entreprise, alerte ses salariés. Cause commune. Il y a
urgence.
SYLVIE SOUBES
Fabrice Cazeaux
(
à gauche) et
Philippe Lefèvre
(
à droite), face à
des adhérents plongés dans la tourmente du rapport Thévenoud.
À la préfecture d’Angoulême
Philippe Lhomme, le chef du restaurant le Cheval blanc à Luxé, monte au créneau avec d’autres syndicats charentais pour
dénoncer la loi de finances 2013.
Le président de la CPIH 16 défend la profession
devant les représentants de l’État
C
est à la préfecture d’Angoulême
(16)
que les dirigeants
départementaux de la CPIH, de
la Fédération nationale du bâtiment,
de la Confédération de l’artisanat et
des petites entreprises du bâtiment,
du Medef, de la CGPME et de
l’Union professionnelle artisanale se
sont rendus, lundi 29 octobre pour
rencontrer les représentants de l’État.
La loi de finances 2013
oublie de
prendre en compte la situation réelle des
entreprises”,
s’insurgent les différentes
filières.
C’est la première fois que l’on
voit autant de mobilisation et une
telle union patronale s’élever ainsi”,
constate
Philippe Lhomme
,
président
de la CPIH 16, qui participait à cette
réunion de crise”
au cours de laquelle
la transmission de l’outil, le travail
dissimulé, la compétitivité comme la
TVA ont été abordés.
Tout est bloqué. Pour le bâtiment, les
carnets de commandes à six mois sont
vides. Dans l’hôtellerie, il n’y a plus de
visibilité. Si nous continuons ainsi, nous
allons tous droit dans le mur”,
tempête
le chef de file de la Confédération
des professionnels indépendants de
l’hôtellerie, qui se fait également le
porte-parole d’une profession qui
en
a ras-le-bol d’être malmenée et dont on
refuse de reconnaître la capacité à avoir
maintenu un pan entier de l’économie
française la tête hors de l’eau”.
DÉFENDRE LE COMMERCE DE
PROXIMITÉ
L’heure est grave, l’état d’esprit n’est
plus aux sourires de convenance. Pour
Philippe Lhomme, c’est aux syndicats
d’agir et de réagir. Dans les tuyaux,
par exemple, la remise en route de la
CRHI, la structure régionale de la CPIH
regroupant les départements de la
Vienne, de la Charente, de la Charente-
Maritime et des Deux-Sèvres.
Celle-ci
va nous permettre de mutualiser nos
moyens sur certains dossiers comme
le permis d’exploitation. Nous devons
nous en servir pour faire la promotion
des événements que nous organisons
dans nos départements comme le
Carrefour des métiers de Niort ou les
Gastronomades à Angoulême.”
L’année dernière, Philippe Lhomme,
à la tête de l’association Aspect 16 qui
réunit notamment les commerces
de proximité, a fait barrage contre le
projet d’implantation d’un ensemble
commercial dont le premier volet portait
sur une surface de vente de 17 800m
2
.
Face aux arguments de l’association,
la commission nationale en charge de
ce type de création n’a pas donné son
autorisation. Et si les auteurs du projet
ont depuis déposé un recours auprès
du Conseil d’État, les défenseurs du
commerce de proximité continuent le
combat.
Cette structure se situe loin des
zones d’habitation, ce qui n’est pas bon.
Il est important de limiter les transports
aujourd’hui. Ils ont aussi dans leurs
tablettes l’ouverture d’unmultiplexe.
Ce qui veut dire que l’on condamne les
cinémas du centre-ville ainsi que les
restaurants et les cafés qui sont autour.
On ne peut plus laisser faire tout et
n’importe quoi. À l’heure actuelle, il est
urgent de revenir à des notions de bon
sens, qui ne mettent pas en péril ce qui
existe déjà et qui fonctionne. Ils ont vécu
ce problème à Poitiers, et on sait ce que ça
a donné”,
martèle le président de la CPIH
Charente, implacable.
SY. S.
Philippe Lhomme
,
président de la CPIH 16, est
restaurateur au Cheval blanc à Luxé.