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Restauration
/
Rapide
Les camions cantines d’inspiration américaine ont débarqué en France l’hiver dernier avec le
Camion qui fume de Kristin Frederick. S’ils continuent de susciter l’engouement du public,
un an après leur arrivée, ils restent plus visibles dans les journaux que dans nos rues.
De la Californie à la France, quel avenir pour les
food trucks ?
T
otally over”
(
complètement fini),
“
A
wrong turn”
(
un mauvais virage), le
Los Angeles Times
fustige les food
trucks (camions de restauration) avec
la mauvaise humeur d’un amoureux
éconduit. Pour comprendre le désamour
de la presse californienne envers ce type
de cuisine qu’elle encensait quelques
mois auparavant, il faut revenir sur les
racines du phénomène né en Californie
au lendemain de la crise des subprimes.
Confrontés au désengagement des
banques, des cuisiniers trouvent
le moyen d’exercer leur métier en
embarquant, à moindres frais, leur
cuisine à bord de camions aménagés en
restaurant. Jusque-là rien de nouveau,
si ce n’est que les prestations sont de
qualité et que les clients guettent sur
les réseaux sociaux l’itinéraire de leur
cantine préférée.
UN ESPACE PUBLIC FRANÇAIS PEU
ACCUEILLANT
Buzz sur internet, nomadisme
gastronomique, le phénomène explose
jusqu’au sacre en 2009 du camion
Kogi BBQ, dont le chef
Roy Choi
sera nommé chef de l’année par le
magazine américain
Food&Wine
pour
sa cuisine coréenne. Dès lors, bien des
opportunistes investissent parkings et
bords de plages, alors que de grandes
marques commerciales usent et abusent
du phénomène pour des opérations de
communication. Le constat d’une partie
de la presse californienne tombe alors
comme un couperet : la fraîcheur des
premiers chefs camionneurs se serait
noyée sous une vague d’affairistes sans
scrupule. Qu’en est-il du côté de la
France ?
“
Aux États-Unis, l’espace urbain
est immense et les autorisations
administratives faciles à obtenir. Ce n’est
pas demain que l’on verra en France
20
camions débarqués sur un terrain
de basket transformé pour l’occasion en
food hall”,
s’amuse,
Jordan Feilders
du Cantine California, un food truck
arrivé dans la capitale en mars dernier.
“
Préfecture, ville de Paris, autorités
portuaires, on pourrait passer ses
journées à demander des autorisations”
,
s’agace
Henri Guittet
,
un ancien
ingénieur en stratégie reconverti à
35
ans dans les crèmes glacées dont il
fait la promotion à bord d’une vieille
camionnette Citroën type H qui
“
évoque
le boucher qui va de village en village”
.
Une pression moins prégnante en
province selon
JulienMoinet
qui estime
n’avoir jamais eu de difficultés dans le
Vaucluse pour garer son camion à sushis
même si
“
c’est souvent sur des marchés”.
OFFRIR UN CADRE LÉGAL À LA CUISINE
DE RUE
Et même lorsqu’ils sont cantonnés à
tirer le frein à main sur les emprises
privées, les cuisiniers nomades doivent
faire avec les plaintes du voisinage :
“
Les patrons de brasseries ont vu d’un
mauvais œil notre arrivée au marché
Saint-Honoré. Nous leur avons expliqué
que nos clients étaient drainés par les
Une longue file d’attente devant Le Camion qui
fume près de la Bibliothèque nationale de France
à Paris.
Henri Guittet
,
un ancien ingénieur en stratégie,
fondateur de Glazed.
FRANCE TÉLÉVISIONS
VA DÉMARRER SON FOOD
TRUCK
À compter du mois de novembre, tous
les dimanches à 18 h 40 sur France Ô,
le comédien
Cartouche
présentera
l’émission Street Chef. Des candidats,
passionnés de cuisine, devront
s’affronter à bord d’un food truck
pendant trois semaines. Le gagnant
remportera une formation chez
Thierry Marx
.