Un chef poitevin s'attaque à Tripadvisor

Pour le moment, il ne s'agit que d'une main courante déposée à la gendarmerie de Neuville-du-Poitou (Vienne) par un cuisinier excédé par les commentaires négatifs d'un site internet à son encontre. Mais la démarche officielle engagée par Fabien Dupont, le patron du réputé Saint Fortunat (1 étoile au Michelin) pourrait, en cas de récidive, se compléter d'une véritable plainte et d'une action en justice. L'objet de son courroux, c'est Tripadvisor.fr, espace de la toile sur lequel les clients notent les restaurateurs, publient des commentaires, expriment leur avis. Bref, une sorte de guide culinaire pour internautes, réalisé par des non-professionnels pouvant y dévoiler leur satisfaction comme leur mécontentement.

"Ce qui a été écrit sur moi m'a choqué et a choqué mon entourage, explique Fabien Dupont. C'était insultant pour ma cuisine et désobligeant pour mon épouse qui était également mise en cause par un client ou pseudo-client que nous ne connaissons même pas. J'ai signalé au responsable du site l'incident mais il ne m'a pas répondu, et je trouve scandaleux que l'on puisse, sans aucun contrôle, sans aucune relecture, publier ainsi n'importe quoi. On imagine le préjudice possible, surtout pour un établissement de haut niveau comme le nôtre…"

"Ras-le-bol"

Le chef du Saint Fortunat n'est pas le seul dans son département à se plaindre des dérives sur le site Tripadvisor. Dans la presse locale, Nicolas Barillot du Vingélique à Poitiers, ne mâche pas ses mots en soulignant une "délation permanente lamentable, un truc de fou, dans lequel n'importe qui peut écrire n'importe quoi…" Idem pour le Bistrot du Boucher sis dans la même ville, qui déplore des critiques injustifiées pour un service pourtant reconnu comme impeccable. D'autres restaurateurs locaux évoquent des "faux consommateurs spécialisés" ou tout simplement des concurrents indélicats.

"Nous en avons donc ras-le-bol, rappelle Fabien Dupont. On ne peut pas laisser dire n'importe quoi sur internet, et nous devons nous défendre. Pour le moment, il s'agit d'une simple démarche en gendarmerie, une sorte d'avis sans frais. Mais si les rédacteurs de ce site persistent ou récidivent, nous déposerons plainte, peut-être à plusieurs…" En attendant, le texte incriminé a été retiré de la liste…

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Publié par Jean-Pierre GOURVEST