La restauration de plage : préserver l'activité malgré les contraintes

Alors que le décret plage de 2006 est national et identique pour toutes les surfaces maritimes, les professionnels de la restauration de plage ne font pas tous face aux mêmes contraintes.

Publié le 03 juillet 2013 à 16:29

La Fédération nationale des plages restaurants (FNPR) continue de demander plus de souplesse dans l'application du décret plage qui a réglementé la profession en 2006. Pour René Colomban, président de la FNPR, "il est nécessaire de faire prendre conscience de l'importance de nos métiers dans le développement du tourisme. Il faut préserver notre outil de travail qui reste, malgré le contexte économique, créateur d'emplois non délocalisables".

Les restaurants de plage sont depuis longtemps inscrits dans le paysage économique et génèrent nombre d'emplois directs. La plage des Jumeaux à Pampelonne (83) embauche plus de trente personnes en été dont neuf en CDI, le Sunset à Pornichet (44), ouvert à l'année, compte entre 10 et 17 salariés alors qu'au Cap d'Agde (34) les établissements ont en moyenne une vingtaine d'employés.

 

Des attentes différentes selon le littoral

Les conditions d'exploitation et les contraintes ne sont pas les mêmes selon la façade maritime concernée. Laurent Joneau, président de l'association des professionnels de la plage de la Baule et Pornichet et propriétaire du Sunset sur la plage de Pornichet (44), constate que les contraintes imposées par le décret pèsent moins sur la façade atlantique qu'en Méditerranée. "Dans mon établissement, il y a bien 120 mètres entre le restaurant et la mer, c'est une occupation minime de la plage. Au Touquet, à Deauville ou à Saint-Brieuc, par exemple, les restaurants sont situés sur la partie urbaine alors que sur les plages de la Manche, les établissements ne sont ouverts que pendant les deux mois d'été. Le décret plage est national mais nous ne nous sentons pas vraiment concernés par les obligations de démontage ou les limites de surfaces imposées."

De manière générale, sur la façade atlantique, les conditions climatiques et la demande de la clientèle ne justifient pas d'ouvrir hors saison alors que sur la Côte d'Azur, du fait d'un climat clément toute l'année et du développement mondial du tourisme du littoral, l'ouverture hors saison compte dans le chiffre d'affaires  annuel. René Colomban le constate : "L'offre touristique s'étale sur l'ensemble de l'année et la clientèle recherche de plus en plus ces prestations balnéaires. Il faudrait que l'offre s'adapte à la demande." En moyenne, sur la côte méditerranéenne, les établissements ouvrent entre six et huit mois et de plus en plus travaillent à l'année.

 

Au Cap d'Agde (34), les établissements sont ouverts d'avril à octobre et malgré des coûts de démontage élevés (entre 30 000 et 45 000€), Éric Sidobre, gérant de Jungle Beach, ne souhaite pas rester ouvert à l'année, la plage n'étant pas protégée en hiver. Toutefois, avec d'immenses plages dans l'Hérault, il souhaiterait "pouvoir utiliser plus de domaine afin de satisfaire la demande en haute-saison".

 

Toute la difficulté réside donc dans l'application d'un décret national au niveau local. Selon Geneviève Rebufat, avocate au barreau de Marseille et conseillère juridique pour la FNPR, "il faudrait que le décret soit géré en local, avec plus de concertation entre les services de l'État, les communes et les professionnels, et ce afin d'organiser le partage des espaces et éviter les conflits d'usage qui créent des difficultés pour les restaurateurs".

 

Une concurrence européenne

Dans le même temps, la FNPR constate que les conditions d'exploitation fixées dans les autres pays européens viennent concurrencer directement l'offre touristique du littoral français. En effet, d'autres pays, comme la Croatie par exemple, ont su saisir l'opportunité du tourisme balnéaire. En Italie, il existe près de 30 000 établissements de plage et le littoral est très largement occupé. Les durées de concessions sont aussi très inégales : douze ans maximum en France alors qu'en Espagne elles sont attribuées pour soixante-quinze ans.

C'est avec l'objectif d'unifier la législation européenne et défendre leurs intérêts communs qu'une fédération européenne des entreprises du tourisme balnéaire a été créée en mai 2013, réunissant la FNPR, l'association italienne des entreprises balnéaires, la fédération andalouse des entrepreneurs de plages et la fédération portugaise des concessionnaires de plages. La FNPR a également signé une charte avec l'Umih 83, en mars 2013, visant à rapprocher les deux organisations et soutenir les professionnels des plages.

 

Pampelonne, un cas particulier

À Pampelonne (83), les exploitants de plages sont dans l'attente d'un nouveau schéma d'aménagement du littoral. Un grand projet dont le coût est estimé à 10 M€. "Il est prévu que les 26 établissements existants soient rasés et reconstruits en démontable alors que certains ont une histoire de plus de cinquante ans et ont largement contribué à l'élaboration du mythe de Saint-Tropez qui attire aujourd'hui une clientèle internationale", explique Jean-Claude Moreu, président de l'association des exploitants de plage de Pampelonne. "Le futur schéma d'aménagement va entraîner une diminution du nombre de lots attribués en appel d'offres. Avec le pouvoir d'investissement sur la presqu'île, les établissements risquent de changer de mains, les offres commerciales pourraient être moins variées qu'à l'heure actuelle et ne devenir accessibles qu'à une certaine catégorie d'usagers. La physionomie de la plage va être changée et le côté patrimonial et culturel des plages de Pampelonne risque de disparaître." Celles-ci représentent 900 emplois dont 170 CDI et contribuent largement au dynamisme économique du golfe de Saint-Tropez.

Depuis dix ans, beaucoup d'efforts ont été faits et un grand nombre d'établissements a investi pour se mettre aux normes en matière de sécurité et d'hygiène. Geneviève Rebufat constate que "dans l'imaginaire collectif, les restaurants de plage sont restés des 'paillotes' mais il faut reconnaître que la profession, très réglementée et contrôlée, est devenue exemplaire".


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Publié par Marie TABACCHI



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