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d'avril 2003
SUCCÈS ET DIFFICULTÉS

Au Rendez-Vous des Amis à Paris

L'étonnant pari de six étudiants

Six associés, entre 21 et 25 ans. C'est déjà pas banal. Mais quand on sait que la plupart planchent à Sciences Po, quand ils décident d'ouvrir leur propre bistrot, l'aventure sort franchement des sentiers battus.

Sylvie Soubes

Au Rendez-Vous des Amis se tient à l'angle de la rue Gabrielle, en haut du quartier des Abbesses, au cœur du vieux Montmartre. Le troquet existe depuis plus de 2 siècles. C'est un repère de peintres et de musiciens. De ceux qui se cachent pour étancher leur vague à l'âme. La plupart ont bourlingué, et le vieux comptoir raisonne au son des histoires, belles ou tristes, qu'ils rabâchent inexorablement. Il faut connaître pour y aller. Julien Mendez, étudiant à Sciences Po, a su par son père, qui est dans les affaires, que le bistrot était à vendre. C'est comme ça qu'il l'a découvert, comme ça qu'il s'est entiché du lieu, et a convaincu ses copains de le visiter. Ils sont six. Six étudiant(e)s de grandes écoles, nés entre 1977 et 1981, dont l'étrange aspiration consiste à s'acheter un café. En bonne et due forme. Avec emprunts à leur nom et manches retroussées. Certains l'ont dit à leurs parents, d'autres s'en sont bien gardés. L'idée de départ : faire quelque chose d'un peu fou, que leur vie professionnelle leur interdira par la suite. Donner forme à leur énergie créatrice au-delà des compétences auxquelles ils se destinent. A Sciences Po d'ailleurs, c'est à peine s'ils en parlent.
Au Rendez-Vous des Amis fait l'unanimité. C'est le bistrot qu'il leur faut. Un vrai coup de cœur. Au printemps 2001, la petite troupe part à la conquête des banques. Qui leur rient au nez. En juin, chacun y va de sa poche. Mais le pécule est loin de couvrir les 150 000 e nécessaires à l'acquisition. Claire Chaudière habite près d'un distributeur de boissons. Elle tente le coup. L'entrepositaire accepte de l'écouter. Les choses vont peut-être pouvoir prendre forme. Le propriétaire de l'établissement, séduit par cette bande de jeunes, va également les aider à combler les vides. Les six étudiants montent leur SARL. Et signent, au cœur de l'été, l'achat du fonds. Aucun ne part en vacances. La passion est ailleurs. "Au début, nous avons travaillé de manière anarchique. Nous ne savions pas tirer une bière ou préparer un café. Et puis, l'ancien propriétaire, qui était aussi cuisinier, faisait de la restauration le midi. Or, nous ne réussissions pas à suivre. On a dû arrêter cette activité au bout de 15 jours", confie Anne Bory. En septembre, deux d'entre eux doivent déjà reprendre leurs cours. "En fait, constate Anne, nous étions trop en même temps. Cela ne servait à rien. Le fait que deux d'entre nous ne soient plus là à plein temps nous a obligés à réfléchir à une autre organisation. Nous nous sommes alors assignés des tâches précises, et nous avons établi un emploi du temps en fonction de nos plannings respectifs." Parallèlement, chacun se rode au service, au nettoyage, aux achats, aux livraisons... "Le plus dur n'a pas été le fonctionnement de l'établissement, remarque aujourd'hui Claire, mais la relation avec le client. Certains, qui n'étaient pas forcément des habitués, sont venus pour voir et parfois pour provoquer. Nous avons été confrontés à des rapports de force que nous ne connaissions pas."


Clientèles
Forts en gueule et visages burinés contre enthousiasme et fraîcheur... "Nous ne voulions surtout pas perdre la clientèle des artistes, qui avaient leurs habitudes ici en journée. Mais nous voulions aussi en faire un bar du soir, un bar de jeunes. Nous voulions faire notre bar. Nous avons fait passer le message autour de nous, en commençant par Sciences Po bien sûr." Pour séduire une plus large clientèle, et notamment les jeunes, l'équipe dirigeante a fait 'à son goût'. "On a mis des jus de fruits de qualité à la carte, on a proposé des viennoiseries au petit-déjeuner et des grandes tartes salées le midi." L'année universitaire ayant repris pour tout le monde, Au Rendez-Vous des Amis a dû embaucher. "On a pris des jeunes, comme nous, qui n'étaient pas du métier, mais qui aimaient l'ambiance", souligne Anne Bory.
Au printemps 2002, nouvelle étape. Le vieux piano acheté avec le fonds est mis au rancart. A la place, on aménage une cuisine. Au Rendez-Vous des Amis s'affirme. Si le comptoir, les poutres et les petites tables de la salle sont conservés tels quels, l'arrière-salle devient un coin salon avec canapés, vieux fauteuils et tables basses. Cool. Sans prétention. De bric et de broc. Mais propre. Au Rendez-Vous des Amis ouvre désormais tous les jours jusqu'à 2 heures du matin. Avec plusieurs clientèles distinctes. Les artistes le matin et l'après-midi. La moyenne d'âge dépasse très largement les 25 ans. A partir de 20 heures, l'happy hour, qui dure jusqu'à 22 heures, sonne l'arrivée des 20/25 ans. L'autre fonds de clientèle du bistrot. Qui vient pour la musique, qu'ils peuvent choisir. Pour l'atmosphère, simple et joviale. Pour le plaisir de se retrouver entre copains, sans autre prétention.

L'ÉQUIPE

Ils sont toujours six associés, mais l'équipe d'origine a bougé. Deux sont partis pour raisons professionnelles et deux autres ont rejoint le projet.
L'équipe actuelle se compose de : Marianne Berger, Anne Bory, Clément Carbonnier, Claire Chaudière, Julien Mendez et Arnaud Mirabel.

Janvier 2004
Pour les élèves qui étaient à Sciences Po, Au Rendez-Vous des Amis est devenu un projet collectif. "Ce n'était pas du tout le but. C'était vraiment une démarche extra-scolaire", insiste Anne Bory. Elle ajoute : "Nous nous étions donnés une année pour voir. Et puis, comme ça a marché, on a continué. Actuellement, nous nous sommes donnés jusqu'en janvier 2004 pour réfléchir à la suite des événements, sachant que pour la majorité d'entre nous, l'année prochaine sonnera l'heure des concours..." n zzz26v

Philosophie et mode de fonctionnement

w La nourriture sert de produit d'appel.
w L'atmosphère est détendue, chacun va et vient à sa guise.
w Bons produits, sans prétention.
w Equipe rigoureuse : chacun s'attache à refuser de servir de l'alcool à un client au bord de l'exagération. Les horaires de fermeture sont aussi scrupuleusement respectés.
w Le café (Lavazza) est à 1 e au comptoir et 1,50 e en salle.
w Le demi d'Amstel à 1,90 e au comptoir et 2,50 e en salle.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2815 Magazine 3 Avril 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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