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Bocuse d'or

Une aventure inoubliable

Ils sont venus, ont vu et - souvent - ont vaincu. Michel Roth en 1991 et François Adamski 10 ans plus tard se sont imposés. Yannick Alleno en 1999 est resté sur la deuxième marche du podium. Les trois Français admettent pourtant la valeur humaine de leur formidable aventure.

Jean-François Mesplède

Michel Roth est né le 23 janvier 1991. L'affirmation peut surprendre... et pourtant ! Ce jour-là, dans l'enceinte d'Eurexpo, le Français a remporté le Bocuse d'or. Jusqu'alors, Jacky Fréon, en 1987, et Léa Linster, en 1989 - toujours la seule femme au palmarès -, s'étaient imposés. Et voilà qu'un jeune Alsacien qui avait fait toute sa carrière au Ritz place Vendôme à Paris venait rafler la mise.
A l'en croire, ce succès reste le moment le plus fort d'une carrière marquée par un succès au Taittinger en 1985, puis un couronnement lors du concours du Meilleur ouvrier de France quelques mois après son triomphe lyonnais.
"Bien sûr, on ne peut rester indifférent devant ces succès, mais le Bocuse d'or reste le souvenir le plus fort. C'est une grande joie intérieure amplifiée à l'écoute de La Marseillaise. C'est quand même le seul concours où l'on joue l'hymne national. Et sans être cocardier, l'entendre en son honneur reste un moment formidable."


Le Bocuse d'or reste le souvenir le plus fort dans la carrière de Michel Roth.

I-nou-bli-able : Michel Roth martèle le mot. Cet hymne, joué devant sa famille, ses amis et la foule de spectateurs, reste le grand moment. "J'ai travaillé, représenté mon pays, et lorsque j'ai gagné, pendant la musique, c'est à ça que j'ai pensé. Aujourd'hui encore, c'est ce qui reste de plus fort. Pas la musique peut-être, mais ce moment privilégié. Je crois que j'étais alors le plus heureux du monde."
Bocuse d'argent en 1999, Yannick Alleno n'est pas loin d'éprouver les mêmes sentiments avec le ressenti de pareille émotion. "J'étais préparé à un tel résultat. Je savais qu'après la succession de victoires françaises, je pouvais le perdre. Sincèrement, je n'ai pas ressenti ce résultat comme une injustice. J'ai vu le boulot du gars et j'ai constaté qu'il avait été le plus fort." De 8 points. Une misère qui ne laisse pourtant pas de rancœur 5 ans plus tard. "En arriver déjà là pour un cuisinier, c'est énorme. Le Bocuse d'or me faisait rêver depuis 1987 avec la victoire de Jacky Fréon. A cette époque, j'étais marmiton au Lutétia et j'ai vu tous les grands chefs ! J'avais 18 ans, et je pensais que le jour où j'en serais là, j'aurais fait un chemin énorme."


Yannick Alleno Bocuse d'argent 1999.

Une formidable étape
Yannick Alleno n'a rien oublié. Le repas de fête en l'honneur du héros du jour. Et la présence de Paul Bocuse avec un énorme moment d'émotion à la clé... un peu comme un gosse amateur de football côtoyant Zidane l'espace d'un instant.
"C'est un vrai choc émotionnel. C'était la première fois que je le voyais dans une cuisine, et, gamin, lorsque tu croises un tel personnage, c'est vraiment fort." Aujourd'hui encore, lorsque le hasard des rencontres met Yannick Alleno en présence de Paul Bocuse, il bafouille et cherche ses mots. Trop forte est l'émotion et trop difficile de juguler les sentiments. Il n'oublie pourtant pas que c'est, à l'en croire, Paul Bocuse qui a joué un rôle déterminant pour son embauche au Scribe où il a décroché 2 étoiles au Guide Rouge en 2002.
Roth ou Alleno en conviennent : sur leur trajectoire professionnelle, ce concours mondial de cuisine reste une formidable étape. Même sentiment chez François Adamski, couronné en 2001 : "C'est grandiose, c'est fabuleux. Je vais bientôt disputer le MOF, mais je crois avoir vécu le plus grand moment de ma vie. Ce jour-là, j'ai éprouvé un sentiment de plénitude." Le regret aujourd'hui est sans doute qu'il n'y ait pas eu le prolongement professionnel souhaité. Chef de partie chez Prunier, Adamski est parti à l'Intercontinental, quitté en septembre 2002 pour une embauche hypothétique. Il était demandeur d'emploi lorsqu'il remporta le Bocuse d'or. Il le sera certainement encore lorsqu'il présidera ce même concours aux côtés de Ferran Adria.


François Adamski, Bocuse d'or en 2001 "Ce jour-là, j'ai éprouvé un sentiment de plénitude".

Rien de tel pour ses deux compatriotes à qui le succès a pu ouvrir des portes. Michel Roth quitta un jour le Ritz pour Lasserre, avant de revenir à la 'maison mère'. Et Yannick Alleno trouva au Scribe une place à la mesure de ses ambitions justifiées. "Ce qui reste, au-delà du formidable moment qui n'appartient qu'à soi, c'est cette fraternité. Ces liens noués avec les autres candidats, cette reconnaissance de ses pairs. C'est vraiment à ce moment-là que l'on réalise que l'on a fait quelque chose d'unique", témoigne Michel Roth. "Les gars sont autour de toi et te soutiennent. Ils ont des mots formidables et tu es quand même un homme heureux. Je me souviens avoir battu Frédéric Anton en demi-finale. Immédiatement après, il est venu me voir pour me dire que je pouvais compter sur lui pour la suite. Ça a été le début d'une grande amitié", s'enflamme Yannick Alleno.
Roth-Alleno-Adamski : trio tricolore pour des émotions identiques. Moment unique d'un concours unique avec son flot d'émotions. C'est la magie du Bocuse d'or ! n zzz14

Les lauréats

Jacky Fréon (France) en 1987
Léa Linster (Luxembourg) en 1989
Michel Roth (France) en 1991
Bent Stiansen (Norvège) en 1993
Régis Marcon (France) en 1995
Matthias Dahlgren (Suède) en 1997
Terje Ness (Norvège) en 1999
François Adamski (France)en 2001

 

Les candidats

Stefano Strafella (Afrique du Sud), Claus Weitbrecht (Allemagne), Diego Martin Molteni (Argentine), Georges Colombaris (Australie), Christian Winkler (Autriche), Donald Loriaux (Belgique), Jefferson Rueda (Brésil), Andrew John Springett (Canada), Michael Koch (Danemark), Alejandro Garcia-Urrutia (Espagne), Hartmut Handke (Etats-Unis), Henry Tikkanen (Finlande), Franck Putelat (France), Lorcan Cribben (Irlande), Myrdal Bjôrgvin (Islande), Luigi Pomata (Italie), Yasuo Kawabata (Japon), David Albert (Luxembourg), Eduardo Gutierrez-Soto (Mexique), Charles Tjessem (Norvège), Eyck Zimmer (Royaume-Uni), Dimitri Grishenko (Russie), Ivan Yeo Siak Thong (Singapour) et Paul Svensson (Suède).

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L'Hôtellerie Restauration n° 2803 Magazine 9 Janvier 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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