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Succès et difficultés

Le fabuleux destin...

Des Deux Cigales

Se lancer dans la restauration à 25 ans, mobiliser son entourage pour que l'opération réussisse... Tel est le défi que se sont lancé Delphine et Charlotte, et ça a marché.

Delphine Jardin a 24 ans. Elle a grandi en cuisine dans les pattes de sa grand-mère, dans le sud de la France, entre ratatouille et pissaladière. Depuis sa mort en avril 1993, elle a gardé ce goût pour la cuisine.
Après avoir obtenu un bac littéraire avec mention, elle décide d'aller à l'école Maxim's où elle étudie 4 ans pour obtenir un Bachelor of science in hotel management. Sortant de l'école, elle découvre l'hôtellerie par le biais des stages, mais c'est vraiment la restauration qui l'attire.
En sortant de l'école, elle propose ses services à plusieurs grandes maisons et postule en même temps à Oh!..Poivrier! Elle y devient assistant manager et découvre alors les joies de la standardisation ! "En fait, dans ce type de structure, on a plutôt l'impression d'être un pion qu'autre chose." Elle ne renie pourtant pas ce qu'elle a pu apprendre là-bas : "C'est vrai que ça m'a quand même bien aidée au niveau des méthodes de gestion, j'y ai découvert les ratios, les problèmes de personnel... Je ne regrette pas. En plus, c'était sympathique de travailler avec une équipe de jeunes. Mais c'était quand même une vie de fou, c'était du non-stop, et en plus, dans ces structures, on n'a pas l'impression d'être soutenu dans son travail." Alors, un jour d'octobre 1999, lassée de son boulot, elle démissionne. C'est là qu'arrive Charlotte Bonnet... Elle a le même âge que Delphine mais pas tout à fait le même parcours. Elle passe toute sa scolarité dans une école de jeunes filles où elle fait un peu n'importe quoi. A l'issue de ses années de lycée, elle passe son bac STT gestion informatique. Ça aussi, ce n'était peut-être pas ce qu'il lui fallait... Enfin, les études, ça ne l'enchantait pas... Après un an de petits boulots d'hôtesse, maman, rédactrice chez Marie-Claire, lui propose de venir travailler avec elle en tant qu'attachée de presse. Mais là encore, il fallait se rendre à l'évidence. "Charlotte, elle n'est pas vraiment RP...", précise Delphine. Ce qu'elle voulait, Charlotte, c'était un restaurant... voilà !
Ce soir d'octobre 1999, les deux copines sont décidées. Elles veulent un restaurant ? Eh bien, elles l'auront ! Immédiatement, elles regardent sur Internet les petites annonces. Il leur faut tout de suite trouver un local. Elles en visitent un, rue Bréa dans le VIe arrondissement de Paris, entre la rue d'Assas et le boulevard Montparnasse. "Tout de suite, on est tombée amoureuse de ce petit resto gastro pourri..." Poutres apparentes, tomettes façade retro. Parfait. Le 28 décembre 1999, elles signent. Tour de table pour réunir l'argent, la famille, les amis mettent la main au porte-monnaie, et elles, toutes leurs économies gagnées chez Oh!..Poivrier! et dans les boulots d'hôtesse... "On a commencé par débaucher un copain qui travaillait chez Oh!..Poivrier! Il est venu faire l'ouverture. Au départ, on voulait faire salon de thé, mais c'était une mauvaise idée, ça ne tournait pas assez, notre chiffre était trop faible. C'est trop petit ici. Alors, au bout de 2 mois, on a été obligé de se remettre en question, on a commencé à ouvrir trois soirs par semaine et à mettre au point une formule brunch qui a tout de suite connu un vrai succès."
"Ça a été un vrai travail d'équipe. On avait vraiment un budget serré, alors tout le monde s'y est mis." Le petit frère de Charlotte a trouvé le nom, Les Deux Cigales, et un copain graphiste a fait le logo. Elles ont réquisitionné un oncle architecte, une copine décoratrice, et une tante illustratrice pour la carte. "On a écouté les conseils de tout le monde, et on a rajouté nos idées. Et voilà.

La carte
La première carte a été concoctée sur les conseils du second de cuisine à l'hôtel Costes. "On lui a donné nos idées, comment on voyait les choses, et il a mis au point les premières recettes. Mais la dernière carte que l'on vient de faire, on l'a faite toutes seules." C'est Delphine qui établit les recettes, et c'est Charlotte qui goûte ! Voilà comment ça fonctionne, et ça fonctionne bien :
Les P'tites entrées, Les Pâtes, Les Plats (Le bœuf, l'Espadon, Le Poulet, Le Saumon...), Les Douceurs, Les Sous Marins, Les Salades ou les Tchizzburger
Bases : coriandre, parmesan, pesto, produits méditerranéens en général, cuisinés un peu décalé...  
"On a voulu monter un resto comme on aimerait en trouver quand on est cliente, un endroit où l'on peut se faire plaisir sans prendre 10 kg et sans se ruiner, dans un cadre qui nous plaît." Des petits détails raffinés, quelques livres de photos qu'on feuillette en attendant les amis, des tableaux à vendre accrochés au mur, le sourire des cigales Delphine et Charlotte, et un grand carré mauve sur le mur blanc qui donne le ton du restaurant. C'est très chaleureux.

Communiquer
Les cigales n'ont pas négligé un aspect important : la communication. Des papiers dans Nova magazine, Elle, Atmosphère, Mod's hair magazine, le Figaroscope... Une bonne couverture presse leur a permis de se faire connaître. Une presse bien ciblée, pour une clientèle bien ciblée.

Les clients
La clientèle des Deux Cigales se rend sur les lieux vers 13 heures, le restaurant ne désemplit pas jusqu'à 15 heures de l'après-midi. Une clientèle de femmes surtout, des copines, comme Delphine et Charlotte, qui viennent discuter autour d'une Titesoupe, d'un plat de Popeye ou d'un String... Des messieurs du quartier, en général d'un certain âge, se retrouvent aussi chez les cigales, dans ce petit univers féminin qui plairait bien à Amélie Poulain... Un peu de showbiz, Virginie Ledoyen, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri... Et les cigales continuent à chanter, avec une âme de fourmi quand même... n zzz22v

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L'Hôtellerie n° 2755 Magazine 7 Février 2002 Copyright ©