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Dans le Nord, ils n'ont pas voulu qu'on leur impose la loi

Horloge.JPG (1955 octets)A tort ou à raison, certains professionnels du Nord n'ont pas voulu qu'on leur impose la loi. Aussi ont-ils anticipé l'accord de branche pour bénéficier des aides. D'accord pour Aubry I, pas pour Aubry II. Des démarches similaires, des résultats différents.

L'Huîtrière à Lille
Jean Proye, le patron de L'Huîtrière à Lille (59), explique : "Fin 1999, nous avons mis en place un accord interne d'entreprise sur la base de 39 heures. Avec le visa de l'inspection du travail." Il s'agit au départ d'une entreprise de 46 salariés, bien équilibrée entre restauration de ville, 1 macaron au Guide Rouge, et le banquet haut de gamme. Après l'accord, l'effectif est passé à 49 salariés. "Cela n'a pas toujours été facile de respecter cette réduction d'horaire, mais nous faisons vivre l'accord." Jean Proye n'est absolument pas favorable à la réduction du temps de travail obligatoire. "Dans nos métiers de service, c'est une c..., laisse tomber cet homme si courtois. Cela a perturbé notre bon esprit d'entreprise. Personne n'était à un quart d'heure près. A présent, il faut faire des calculs... Surveiller le respect des droits et des devoirs, parce que c'est obligatoire." La RTT obligatoire, c'est un facteur de division et de trouble.
Mais il a voulu anticiper, et recueillir des aides, faute de pouvoir résister à long terme. La démarche est complexe, il se fait conseiller. "Nous avons embauché, sans pour autant mettre en place des équipes par poste. Nous avons essayé de nous organiser en grattant sur les temps morts dans l'activité irrégulière de la semaine. Le personnel a dû devenir très flexible. S'adapter strictement à la demande, attendre parfois le dernier moment pour savoir s'il doit travailler ou non. Nous avons gagné en productivité. Quand nos gens sont là, ils travaillent. C'est dans l'esprit, sinon dans la lettre de la loi. Heureusement, nos salariés l'ont compris..." L'aide est bien là, mais sous l'égide de la loi Aubry I. Aubry II est plus généreuse, mais il semble que l'Etat se réserve cette arme pour pousser la profession vers 35 heures et non plus 39 heures. "Mais si on passe à 35 heures, alors là, je ne sais plus comment faire", prévient le patron de L'Huîtrière. zzz60t zzz22v

L'Europ Hôtel Best Western à Dunkerque
A
Dunkerque (59), l'Europ Hôtel Best Western, 116 chambres, l'a jouée 'défensive' contre une restructuration. Son directeur, Didier Geeraert, expérimenté en relations humaines et conseiller prud'homal, voulait diminuer sa structure et limiter la restauration à la clientèle de l'hôtel. Simultanément, il pensait intéressant d'anticiper pour recevoir des aides au titre de la loi Aubry I. Il engage la démarche début 2000 avec l'aide d'un conseil et de la CCI de Dunkerque. Sans trop compter sur un appui central. "Nos responsables syndicaux de Paris nous disaient de nous hâter lentement", se souvient-il. Et pour cause. Il faut quelques mois pour mettre en place une consultation du personnel, 32 personnes, pas toutes à plein temps, et réaliser, avec un groupe de travail interne, une étude socioéconomique fiable. En juin, la copie est prête. L'Europ Hôtel se réorganise en réduisant la voilure en restauration. Le restaurant, trop concurrencé par la digue de mer, le nouveau Pôle Marine et le centre-ville, ne donne pas de résultats satisfaisants. Désormais, il fermera le midi tous les jours, n'ouvrant que le soir pour la clientèle de l'hôtel, et produisant des repas pour les séminaires. Le temps de travail revient de 43 heures à 39 heures. La RTT est obtenue à la base par une organisation plus minutieuse et une journée de repos hebdomadaire supplémentaire. La disparition de la restauration de ville se traduit par une réduction de l'effectif total de 32 à 22 personnes. Malgré cela, une meilleure organisation permet par exemple de mieux préparer les séminaires, estime Didier Geeraert. Par contre, il faut embaucher à la réception et dans les étages. Les départs sont obtenus en restauration par non-renouvellement des contrats d'apprentissage et départs volontaires. En hébergement, 3 temps partiels deviennent des temps complets.
L'Europ Hôtel a attendu le dernier moment pour signer, pour éventuellement prendre le train d'un accord national. Faute d'accord, la direction et le personnel ont signé fin novembre 2000, et le dispositif est en place depuis le 1er décembre 2000. Les aides prennent en charge, en gros, la moitié du coût de l'aide. Mais l'essentiel est sans doute le nouvel équilibre d'exploitation qui replace mieux l'hôtel dans son marché. L'accord prévoit une clause de renégociation si un accord de branche donne davantage de possibilités aux salariés. zzz60t zzz36v

D'autres se préparent...

Le groupe Destombes, dans la région dunkerquoise, a choisi de se préparer.
Il exploite 3 hôtels-restaurants, un avec une vingtaine de salariés, les 2 autres avec chacun une dizaine d'employés. Un groupe de pilotage assisté par une société de conseil réalise une étude socioéconomique sur la faisabilité de la RTT.
Sur la base de 39 heures, cela s'avère déjà complexe, et plutôt nuisible car, dit Guy Destombes, "nos réserves de productivité sont limitées". D'autres entreprises de taille comparable sont dans ce cas dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais la prudence est de mise. La Brasserie Jules, 25 personnes à Amiens (80), avait innové voici déjà 4 ans avec une RTT 'offensive' dans le cadre de la loi Robien, du nom du maire de cette ville. Que deviendra cet accord par la suite ?

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L'Hôtellerie n° 2740 Hebdo 18 Octobre 2001

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