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Le Café Carmen à Paris

Entre opéra et jazz

L'ancien hôtel particulier de Georges Bizet, devenu tour à tour maison close, poste et bar-restaurant, accueille depuis quelques mois le Café Carmen. Un lieu ouvert uniquement le soir, dédié à la musique et à la bonne chère dans un cadre classé par les Monuments historiques.

m Sylvie Soubes

Plafonds à caissons baroques, boiseries Renaissance, angelots, fresques murales, miroirs dorés à l'or fin, tentures de velours... Non, vous n'êtes pas à Versailles, mais à deux pas du Moulin Rouge, à Paris, dans l'ancien hôtel particulier de Georges Bizet. L'endroit est impressionnant et son histoire chargée d'anecdotes. Le salon du sous-sol abritait en 1870 la piscine particulière du compositeur Bizet. Le 22, rue de Douai devient ensuite un bouillon "où la clientèle populaire dîne modestement pour quelques sous dans un décor de rêve". Au lendemain de la première guerre mondiale, l'hôtel particulier est transformé en maison close de grand luxe. Jetez un coup d'œil dans les toilettes, les carrelages d'époque décoraient alors les douches. Marthe Richard sonne la fin des alcôves. L'hôtel passe alors aux mains de l'administration des postes, qui s'empresse de masquer aux yeux du public les 'turpitudes murales' du décor. En 1990, le créateur (du Niel's notamment), Michel Axel, prend possession des lieux, le restaure en partie et en fait, durant trois ans, un rendez-vous incontournable de la nuit parisienne. Quand La Poste change de main, la renommée de l'établissement s'érode. L'an dernier, Pascal Pessiot, en association avec le groupe Partouche, reprend les commandes "d'un magnifique vaisseau laissé sans capitaine", commente Franck Ruault, chargé des relations publiques et de l'organisation commerciale du navire. Restauré une nouvelle fois, réaménagé dans un esprit vieux Paris et libertin, le Café Carmen s'adresse toujours aux noctambules, mais dans un registre qui renoue avec le passé musical de l'endroit.
Le pari n'est pas facile. Le quartier, toujours touristique, a toutefois perdu de son éclat auprès des noctambules parisiens qui lui préfère le triangle d'or. La direction a donc choisi d'attirer à lui les amateurs d'opéra et de jazz.  

Deux bars à dispositions : un à l'entrée et un second en sous-sol.

Festival en projet
"Le mardi soir, explique Franck Ruault, une soprano, Véronique Fourcaud-Hélène, qui est l'arrière petite cousine de Toulouse Lautrec, vient chanter des airs d'opéra. Le mercredi soir, en collaboration avec la radio TSF et le Figaroscope, nous organisons également des soirées jazz. Le jeudi, le vendredi et le samedi, un pianiste et un saxophoniste créent une ambiance lounge." Cette vocation musicale devrait être accentuée à la rentrée prochaine avec le lancement d'un festival de jazz. "Il y a une forte demande jazz dans la capitale." Le Café Carmen se donne en outre deux objectifs supplémentaires : accentuer l'intérêt du bar-club installé en sous-sol, et tenter l'aventure étoilée dans les deux ans qui viennent. "La partie restauration est aussi importante pour nous. Nous avons cherché à élaborer une carte contemporaine, gourmande, avec une touche d'exotisme." Parmi les suggestions : Marmite bio de légumes, Tartare de thon sauce Wasabi et riz collant Osaka, Foie gras poêlé au risotto brun, Carré d'agneau de Sisteron au cumin, etc. La carte du bar, volontairement classique, décline une vingtaine de whiskies, des cocktails, des after dinner. Le kir impérial maison est réalisé avec de la mandarine.
"Le Café Carmen en est encore à ses débuts. C'est un lieu que la clientèle parisienne redécouvre." Les différents niveaux, les salles et salons qui le composent, permettent de satisfaire plusieurs clientèles. Tête-à-tête en amoureux au salon jaune, repas festif au salon Carmen, verre de l'amitié au salon rouge, discussion autour de Cab Callowey au grand salon... n zzz22v zzz22t

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L'Hôtellerie n° 2738 Magazine 4 Octobre 2001