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Le Domaine de Barres (Lozère)

La vraie renaissance

A Langogne, cet ensemble hôtel-restaurant-golf est resté inexploité pendant 1 an. C'est sous l'impulsion d'un jeune couple de professionnels qu'il a retrouvé vie au printemps dernier. Une relance bienvenue pour le département propriétaire des murs et aménageur de l'ensemble il y a 7 ans.

m Jean Bernard

L'histoire du Domaine de Barres est parsemée de péripéties (lire encadré ci-contre). L'avant-dernière en date étant une fermeture de 1 an avec à la clé une liquidation pure et simple pour les associés lozériens qui s'étaient lancés dans la reprise de l'établissement. Un ensemble hôtel-restaurant classé 3 étoiles qu'accompagne un golf de 9 trous dont les fairways descendent jusqu'au bord du lac de Naussac.
Ici, à Langogne, à la pointe est de la Lozère, au carrefour de l'Ardèche et de la Haute-Loire, les atouts ne manquent donc pas. D'autant que la RN 88 passe juste devant l'entrée du parc qui baigne de verdure cette gentilhommière du XVIIIe siècle.
Emmanuel Mercadier et Séverine Bertrand sont persuadés, eux aussi, qu'il y a tout pour réussir ici. Sinon, ils seraient sans doute restés aux Fermes de Marie à Megève, où ils ont passé 2 ans. Elle, avec la charge de la gestion des réservations pour l'ensemble de ce groupe hôtelier, et lui, comme chef exécutif.

Une structure très complète
C'est donc avec l'envie de mener à bien ce challenge qu'ils ont ouvert les portes de ce petit château lozérien à leurs premiers clients au début du printemps dernier.
L'ensemble du bâtiment principal, où se trouvent les 20 chambres, a été réaménagé par Jean-Michel Wilmotte. Mélange de simplicité austère et de chaleur offerte en particulier par le bois qui recouvre les murs. Le résultat est convaincant. Et surtout, il ne semble pas avoir vieilli depuis la réalisation de ce projet audacieux en 1994.
Un restaurant d'une capacité de 35 couverts et un salon-bar très confortable ont également trouvé place dans la structure la plus ancienne. Reliées à la demeure bourgeoise d'origine se sont ajoutées, comme autant de satellites, une piscine couverte et chauffée agrémentée d'un sauna, une salle de réunion, une autre de banquets pouvant accueillir entre 100 et 120 couverts et, bien sûr, les cuisines. Un domaine sur lequel règne Emmanuel Mercadier. Un Aveyronnais de 28 ans qui entama sa formation professionnelle à Villefranche-de-Rouergue, avant de la poursuivre à Montpellier où il ajoutait un BTS au bac pro déjà obtenu. Ensuite, c'est sur le terrain qu'il s'est exprimé. Les Jardins de l'Opéra à Toulouse, La Cantine des Gourmets à Paris puis, pendant 3 ans, L'Antarès à Méribel. C'est là qu'il rencontre Séverine Bertrand, une Normande formée aux métiers du tourisme. Ensemble, ils prennent en gérance Le Sainte-Foy à Conques, un 4 étoiles qu'ils doivent abandonner au bout de 2 ans faute de pouvoir en faire l'acquisition.
Les Fermes de Marie à Megève constitue, jusqu'en novembre 2000, une étape de plus. Une étape tout aussi formatrice que les autres.

23 mois pour y voir clair
Dès juillet 2000, ils entrent en contact avec la Selo (Société d'Equipement de la Lozère, émanation du conseil général) qui, après avoir investi près de 30 MF dans le Domaine de Barres, ne peut se permettre de le voir ainsi inoccupé. A l'automne, les deux parties trouvent un accord. "La Selo souhaitait se désengager et vendre l'ensemble, mais nous, nous étions bien incapables de suivre sur ce terrain-là, explique Emmanuel Mercadier. On a donc fait une proposition sur la base d'un bail précaire de 23 mois qui basculera en bail commercial au-delà. Cela doit nous permettre de prendre nos repères en sachant que nous avons montré notre envie de nous installer durablement en réglant le loyer d'avance, par exemple..."
En attendant, le jeune couple fait d'une gestion très serrée un atout pour éviter toute mauvaise surprise. "On s'investit en serrant bien partout, en sachant qu'il faut arriver à l'équilibre en fin d'exercice. J'ai étudié les résultats comptables de nos prédécesseurs, et j'ai fixé comme objectif un chiffre d'affaires de 2,4 MF, ce qui fut leur résultat le plus bas. Pour cela nous avons ouvert avec seulement 4 salariés et 1 stagiaire. Mais si tous nos ratios sont très étudiés, on veut aussi faire sentir qu'on vend une prestation haut de gamme en valorisant l'assiette."
Avant de se pencher sur son premier bilan, Séverine sait "qu'au bout de 6 mois, une tendance se dessinera précisément". Et les premiers mois d'exploitation, conjugués au soutien de la Selo, notamment en matière de promotion sur les salons professionnels, apportent déjà des résultats encourageants... n zzz36v zzz70

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Une belle demeure en bordure de l'axe routier naturel entre Lyon et Toulouse.

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Séverine et Emmanuel ont débuté leur nouvelle vie professionnelle le 1er avril 2001.

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La salle de restaurant porte dans sa sobriété la touche de Jean-Michel Wilmotte.

Un peu d'histoire

Lorsque, au tout début des années 80, le bassin d'emplois de Langogne est durement touché par la fermeture des mines d'uranium, les élus locaux et départementaux se tournent vers le tourisme afin de donner un coup de fouet économique et d'exploiter l'atout que constitue le lac de Naussac. Un projet se dessine avec Accor mais sombre finalement. Sous la pression des politiques, la Société d'Equipement de la Lozère (Selo) se lance seule dans l'opération et débourse 22 MF pour les acquisitions foncières et l'aménagement de l'hôtel et 7 MF pour le golf.
Deux premiers associés débutent l'exploitation en juillet 1994 avant d'être écartés, 4 ans plus tard, en raison d'un désaccord portant sur le paiement du loyer qui correspond au remboursement des emprunts contractés. Trois actionnaires lozériens prennent le relais, mais renoncent à la fin 1999. Deux échecs qui ont amené la Selo à se poser des questions sur le bien-fondé de son engagement en matière hôtelière. 7 ans plus tard et après avoir bien négocié le cas du Château de la Caze (L'Hôtellerie du 7 janvier 1999), un constat s'impose, et c'est Pierre Spirito, directeur du comité départemental du tourisme, qui le livre : "A l'avenir, nous serons plus prudents avant de nous lancer dans des opérations dans ce secteur..."

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L'Hôtellerie n° 2735 Magazine 13 Septembre 2001

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