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Gestion des déchets graisseux

Le programme Eco-Bagatel

Afin d'exercer la collecte et le traitement des déchets graisseux de la restauration en
toute transparence et en totale conformité avec la réglementation, le Syndicat du Croult et du Petit Rosne, dans le Val-d'Oise, propriétaire et gestionnaire du réseau et de la station d'épuration de Bonneuil-en-France, a mis en place le programme Eco-Bagatel. Ce programme pilote ne manquera pas d'être appliqué dans d'autres régions.

Bernard Cholin, directeur du Siah (Syndicat du Croult et du Petit Rosne), cherche en permanence des solutions novatrices pour lutter contre la pollution des eaux et parfaire le bon fonctionnement de la station d'épuration de Bonneuil-en-France.
Il a par exemple mis en place un système d'entretien du réseau d'eau à la fois préventif et curatif. Un technicien est disponible 24h/24 pendant 365 jours pour résoudre tout problème éventuel. "Notre système d'exploitation du réseau d'eau fonc-
tionne bien, explique-t-il, mais nous cherchons à toujours faire mieux. La pollution due aux graisses rejetées par les restaurateurs dans les 34 communes rattachées à la station d'épuration de Bonneuil-en-France est importante. Quand j'ai découvert dans une étude publiée par le Creed *, le système mis en place à Sydney en Australie pour collecter les déchets graisseux des restaurants à l'occasion des Jeux olympiques de 1992, je me suis dit qu'il serait intéressant de faire la même chose." Le système Wastesafe implanté à Sydney en 1991 implique la signature d'un accord de gestion des déchets entre le producteur de déchets graisseux et l'agence locale de l'eau. Il est basé sur plusieurs points : l'obligation pour le restaurateur de disposer d'un séparateur à graisses, l'interdiction d'utiliser des bio-additifs, le respect des dates d'entretien des séparateurs à graisses fixées au cas par cas, la traçabilité informatisée des déchets graisseux des restaurants jusqu'au centre de traitement. D'après le Sydney Morning Herald du 11 avril 1995, ce système a permis d'éviter le rejet à l'égout de 6 600 t annuelles de graisses pures (soit environ 60 000 t de déchets graisseux !). Les autres villes d'Australie telles que Perth ou Melbourne, face au succès rencontré par Sydney, ont adopté le même système en 1995 et 1996.

Une première en France
"Après avoir pris connaissance du système australien de collecte des déchets graisseux, poursuit Bernard Cholin, j'ai pris contact avec l'Agence de l'eau Seine-Normandie pour qu'elle nous aide financièrement à faire la même chose." Le Siah a tout d'abord établi le programme Eco-Bagatel (Bagatel = Bac A Graisses TELématique), puis a élaboré la charte déontologique Eco-Bagatel qui lie tous les acteurs : restaurateurs, prestataires de collecte des déchets, centre de traitement et le Siah. Cette charte déontologique informe de la réglementation en vigueur et édicte les règles de bon fonctionnement du programme. Dans cette charte, chaque acteur de la filière s'engage dans le programme en signant. Ainsi, le restaurateur qui choisit de respecter le programme Eco-Bagatel s'engage à ne pas rejeter les graisses du séparateur dans l'égout, à fournir au Siah les informations permettant d'éta-
blir un calendrier de collecte, à respecter ce calendrier, à faire appel à un collecteur adhérent à l'opération et à remplir le bordereau de Suivi de déchet d'Assainissement correctement. "Nous avons, poursuit Bernard Cholin, engagé un technicien chargé de rendre visite à tous les restaurateurs des 34 communes du Val-d'Oise pour voir si ces établissements sont équipés ou non d'un séparateur à graisses, pour leur expliquer le programme Eco-Bagatel, leur présenter les aides financières qui leur seront accordées par l'Agence de l'eau Seine-Normandie pour l'installation d'un séparateur à graisses, leur conseiller un rythme de collecte en adéquation avec leur débit..." Ce technicien, Marc Sakayan, est accompagné d'un technicien du Pactarim qui étudie les possibilités techniques d'installation d'un séparateur à graisses le cas échéant. Sur près de 200 restaurateurs visités à ce jour, il apparaît que près de 60 % d'entre eux ne sont pas équipés de séparateurs à graisses.

Des aides financières intéressantes
"D'une façon générale, raconte Marc Sakayan, nous sommes bien reçus par les restaurateurs. Beaucoup ne sont pas au courant de la réglementation, et sont ravis d'apprendre qu'ils pourront être aidés financièrement." Pour recevoir ces aides de la part de l'Agence de l'eau Seine-Normandie, les restaurateurs qui ont signé la charte déontologique doivent faire parvenir au Siah le devis d'installation du séparateur à graisses. Ce devis est étudié par le Siah afin de vérifier que la taille du séparateur à graisses proposé par l'installateur est conforme au débit du restaurant. Le Siah peut également intervenir au moment des travaux pour vérifier que tout se passe bien. "Pour compenser les frais de collectes des restaurateurs, ajoute Bernard Cholin, le Siah leur accordera une prime de 1 000 F à la tonne de matière sèche graisseuse collectée. Nous leur restituerons ainsi une partie des économies d'exploitation que nous pourrons réaliser au niveau de la station d'épuration et de l'entretien des réseaux."

Une campagne publicitaire
Le premier restaurateur qui a signé la charte de confiance Eco-Bagatel est le restaurant Le Golf à Gonesse. "Nous ne voulons pas imposer aux restaurateurs de signer la charte de confiance Eco-Bagatel, poursuit Marc Sakayan, mais ils ont tout intérêt à le faire. En effet, en plus des aides financières qui leur sont accordées, ils sont assurés que les collecteurs agréés Eco-Bagatel leur assureront une prestation de qualité et un traitement autorisé de leurs déchets graisseux. De plus, le système de Bordereau de suivi de déchet d'assainissement et code-barres que nous proposons leur permet de prouver facilement que leurs déchets ont bien subi un traitement en centre autorisé." Enfin, le Siah a prévu une grande campagne publicitaire pour informer les consommateurs de cette démarche respectueuse de l'environnement. Les restaurateurs adhérents au programme Eco-Bagatel peuvent d'ores et déjà appliquer sur la façade de leur établissement ou sur leurs cartes et menu, le logo Eco-Bagatel. "Nous avons pris contact avec les principaux guides touristiques, explique Bernard Cholin, pour qu'ils signalent les restaurateurs adhérant à cette démarche. C'est important car les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux établissements soucieux de lutter contre les pollutions."

Le programme Eco-Bagatel a été mis en place par Bernard Cholin, directeur du Siah, pour alléger le travail de la station d'épuration de Bonneuil-en-France qui traite les eaux usées de 34 communes.

La Charte Eco-Bagatel engage restaurateurs et collecteurs.

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L'HÔTELLERIE n° 2721 Magazine 7 Juin 2001