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T. Peyroche d'Arnaud, La Table de L'Horloge à Saint-Quentin-la-Poterie (30)

Le bonheur est à l'école

C'est l'aventure d'un jeune couple qui voulait privilégier la qualité de la vie et qui a trouvé un accueillant village gardois pour s'installer et s'exprimer. Trois ans après, la belle histoire tourne au conte de fées...

m Jean Bernard

A deux pas d'Uzès, Saint-Quentin-la-Poterie doit désormais partager sa célébrité entre ses céramistes d'art et La Table de L'Horloge. Un restaurant niché dans l'ancienne école maternelle du village, qui a fêté ses trois ans d'existence à Pâques dernier.
Si Anne et Thibaut Peyroche d'Arnaud ont fait le choix de se poser ici, c'était avant tout pour y privilégier leur vie de famille. "Nous étions arrivés à un tournant. Après des années passées dans différents établissements, on voulait prendre du recul et surtout faire quelque chose ensemble", explique celui qui est venu tardivement à la cuisine en suivant, après son baccalauréat, les cours de l'Ecole supérieure de cuisine française.
Le projet s'est concrétisé dans un bâtiment que la municipalité souhaitait voir s'animer. "Mais en arrivant, il fallait vraiment imaginer les lieux autrement !"
Trois mois de travaux et 400 000 F d'investissements ont donné au lieu un caractère marqué par le bon goût. 20 couverts, pas un de plus, été comme hiver, du travail pour 2 et un contact obligatoirement privilégié avec la clientèle composée à 90 % de touristes étrangers constituent le cadre dans lequel Thibaut Peyroche d'Arnaud a développé son concept de restauration. "Je voulais rompre avec l'image classique du restaurant. J'imaginais plutôt une maison où l'on vous attend car il est obligatoire de réserver, on vous reçoit, vous vous installez, et on vous propose un menu." Fixé à 200 F, il change chaque semaine "selon le marché, mes envies et mon humeur", et propose, outre un apéritif et un amuse-bouche, deux entrées au choix, deux plats au choix, le fromage et un dessert. "Comme nous travaillons en couple, tout est organisé en amont pour rendre la suite plus facile et me permettre de m'associer aussi au service", explique encore le chef. Un cuisinier et son épouse qui ont eu besoin, début mars 2001, d'un peu de temps pour comprendre quel merveilleux conte de fées ils étaient en train de vivre.

Une renommée à gérer
Certes, les guides gastronomiques les avaient rapidement repérés. Mais de là à se retrouver parés d'1 étoile au Guide Rouge, le pas leur semblait encore grand à franchir. "Salarié, on subit souvent cette pression. L'étoile est un but et tout est mis en place pour l'atteindre. Là, c'est différent, nous arrivions pour trouver la tranquillité, sans rien demander, et nous voilà aujourd'hui récompensés." Mais la belle histoire n'exclut pas la lucidité. "On sait d'abord que ce titre est donné pour ce que l'on a fait jusque-là. Donc, si on continue ainsi, nous n'avons pas de raison de tout remettre en cause..."
"On comprend bien qu'on entre dans un autre monde, avoue de son côté Anne Peyroche d'Arnaud, mais il faut garder la tête froide et poursuivre avec l'état d'esprit qui nous anime depuis le début. On va être plus attentifs aux petits détails de présentation ou à l'atmosphère de la salle, mais il n'y aura pas de révolution." Seul signe de changement, le boulanger fournit désormais des petits pains de campagne individuels et non des baguettes.
Pourtant, dans l'atmosphère heureuse qui baigne toute cette maison située au pied de l'horloge du village, une petite lueur d'inquiétude est difficile à masquer. "On sait qu'une étoile donne un sérieux coup de pouce à l'activité d'un restaurant. Le problème est que nous refusions déjà beaucoup de monde, et qu'on a conscience que le phénomène va encore s'amplifier", conclut en chœur le couple. n

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L'HÔTELLERIE n° 2716 Magazine 3 Mai 2001