C'est parce que sa grand-mère Renée faisait exceptionnellement bien la cuisine que Bernard Robin a suivi un jour la voie tracée. Marqué par son expérience chez Charles Barrier, il n'a eu de cesse que de suivre l'exemple de son aîné.
m Jean-François Mesplède
Ce samedi 31 mars est jour de
fête pour Bernard Robin. Quelques semaines après avoir récupéré une deuxième étoile
perdue en 1998, il a convié à déjeuner Charles Barrier, Gaston Lenôtre et son
complice, Paul Huyard, doublement étoilé en son temps à Orléans.
Le menu est d'une remarquable simplicité : Premières asperges de Sologne, Morilles et
Géline de Touraine. Le produit, toujours le produit, professait Barrier, aujourd'hui son
invité et qui a joué un rôle déterminant dans sa vocation.
Gamin, Bernard Robin ne quitte les jupes de sa grand-mère que pour visiter les fermes du
grand-père, propriétaire terrien à Vaigné en Indre-et-Loire. Le petit tourangeau
apprend très vite le goût des bons produits. "Dans les fermes, j'ai vu le blé,
les volailles, les ufs. C'est la meilleure école du monde..."
A son père huissier, qui rêvait d'être fermier, il confie sa vocation. Il veut être
cuisinier, mais ajoute une condition : ce sera chez Charles Barrier. A 16 ans, le voilà
donc qui frappe à la porte du 'maître' triplement étoilé à Tours. "Ce sera
chez vous ou je ne serai pas cuisinier." L'homme comprend le message et le
parcours initiatique commence. "J'ai découvert la rigueur et les très beaux
produits que l'on allait chercher tôt le matin dans le jardin avant de se mettre en
cuisine... comme chez moi aujourd'hui. Charles Barrier, c'était Escoffier : avec lui, on
a appris à ne jamais tricher."
Les journées commencent à 5 heures du matin et se terminent tard, mais nul ne compte ses
heures. "J'ai admiré son professionnalisme et j'ai trouvé son humilité
merveilleuse. En cuisine, il n'y avait que Pierre Langlois et beaucoup d'apprentis.
C'était très simple : en première année, nous étions apprentis, en deuxième année,
commis, et en troisième année, chef de partie. A ce rythme, on apprend vite. C'était
passionnant et correspondait tout à fait à ce que j'attendais du métier. J'ai passé
trois ans dans la cuisine sans jamais trouver le temps long : chaque jour, j'étais
heureux et impatient d'y aller."
Trois ans plus tard, Bernard Robin poursuit sa route : chez Jean Guinot au Château
d'Artigny à Montbazon, avant une période transatlantique, un passage en Suisse et un
autre à Lyon. "Dans la perspective d'une installation, je voulais être un bon
gestionnaire. J'étais donc directeur de gestion au Novotel de Bron, mais tous les
week-ends, j'allais en stage chez Gérard Nandron."
La perspective de travailler chez Paul Bocuse s'efface derrière celle d'une installation.
Un voisin de sa grand-mère lui a confié son intention de vendre son restaurant. Elle en
parle à son petit-fils qui saisit l'occasion : en 1975, à 24 ans, Bernard Robin
s'installe près de Chambord. Tout va très vite : première étoile en 1979 et seconde
étoile en 1982... perdue en 1998. "Ça déstabilise. C'est vrai que nous avions
trois départs importants dans l'équipe, mais nous ne comprenions pas bien. C'est
finalement une excellente occasion de se remettre en cause. Nous avions envie de
travailler pour la récupérer : la déprime a vite été oubliée pour mieux repartir."
La deuxième étoile revenue en mars dernier, Bernard et Christiane Robin pensent aux
travaux remis à plus tard à cause du macaron perdu jadis. "Nous allons faire six
appartements et ça va changer notre vie. Ici, je reste l'un des derniers restaurants en
pleine nature et sans chambre. Je suis une sorte de Robin des Bois ou de Dernier
des Mohicans. Nous allons pouvoir améliorer notre environnement et c'est une chose
fabuleuse." A 52 ans, avec un enthousiasme de débutant, Bernard Robin se remet
à l'ouvrage. "Je n'ai pas de montre, ce n'est pas mon problème. Je travaille
beaucoup, c'est l'école Barrier, et l'âge n'a aucune importance." n
Le
Relais de Bracieux 1, avenue de Chambord 41250 Bracieux Tél. : 02 54 46 41 22 Fax : 02 54 46 03 69 E-mail : relaisbracieux.robin@wanadoo.fr |
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En chiffres |
Investissements 4 à 5 MF depuis 1975 Projet de 7 MF pour 6 appartements Nombre de couverts 50 Prix moyen 600 F Prix menus/carte Menus de 250 à 500 F 450 à 610 F à la carte Chiffre d'affaires 5 MF HT Effectif 16 personnes |
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L'HÔTELLERIE n° 2716 Magazine 3 Mai 2001