Un contact chaud et agréable, ainsi que des qualités acoustiques et thermiques exceptionnelles, font de la moquette un produit particulièrement adapté à l'hôtellerie-restauration. Conseils pour le choix de la qualité et des motifs décoratifs.
Cécile Junod
'Naturesque', une collection 100 % pure laine, en 4 mètres de large,
particulièrement résistante grâce à son mode de tissage 'tricoté' sur le dossier
textile (tissage 'Raschel'). International Design Carpet - Couristan.
Sachant que le sol
représente le sixième du coût total d'une pièce et qu'il constitue véritablement la
base de la décoration, on comprend mieux qu'il est important de le traiter avec beaucoup
d'égard. C'est souvent lui qui donne le ton à tout l'espace, et quel que soit le soin
apporté à la composition de tous les éléments, un sol inadéquat perturbera
immanquablement la vision d'ensemble qui manquera alors de cohérence.
Grâce à ses qualités exceptionnelles d'acoustique, la moquette est très présente dans
l'hôtellerie. "Cependant, explique Georges Cholleton de chez International
Design Carpet (IDC), de plus en plus, la politique des exploitants est le
renouvellement de la moquette tous les 3 ou 4 ans. Ils préfèrent alors opter pour un
revêtement synthétique de moindre coût, plutôt que pour une moquette de laine à la
durée de vie beaucoup plus longue et au coût beaucoup plus élevé. C'est un choix.
Soulignons tout de même les qualités extraordinaires de la moquette de laine. Avec elle,
les taches s'effacent aisément et les trous de cigarette disparaissent, ce qui n'est pas
du tout le cas pour un revêtement synthétique."
Une moquette doit aussi être choisie en fonction de son utilisation. Aussi est-il
important de savoir que sa qualité dépend de trois facteurs : le serrage du dossier, le
poids de laine au m2 et la hauteur des brins. Plus le passage est intensif, plus le
serrage du dossier doit être fort et le poids de laine important. Plus on recherche le
confort et le moelleux, plus la laine sera haute. Dans la catégorie des laines tissées,
l'Axminster est la plus résistante. Un peu plus fragile, la Wilton reste un très bon
produit qui revient en force dans l'hôtellerie. Elle est désormais disponible en grande
largeur, même en jacquard. Quant à la moquette tuftée, d'une belle hauteur de velours,
elle est un produit intéressant pour l'hôtellerie moyenne gamme.
Au-delà de ces modes de tissage connus et reconnus, il existe deux autres procédés
intéressants à connaître pour les avantages qu'ils présentent. Le tissage 'Raschel'
est un procédé mécanique qui garantit au sol textile une grande résistance à l'usure.
Les fibres sont pour ainsi dire tricotées sur le dossier, écartant ainsi tout risque
d'effilochage. Enfin, le 'Tapistron', un procédé américain qui fait son apparition en
Europe. Il autorise des hauteurs de velours pouvant atteindre 18 mm, un record lorsque
l'on sait qu'en Axminster on ne peut dépasser les 10 mm. De plus, ce mode de tissage
permet de réaliser des motifs aussi complexes que ceux que l'on peut obtenir avec
l'Axminster, mais à un prix beaucoup plus intéressant. Enfin, avec le 'Tapistron', il
est possible de réaliser des décors spécifiques même en très petite quantité, ce qui
n'est pas le cas pour les autres procédés.
"Désormais, intervient Noëlle Cholleton, grâce à l'informatique et aux
nouvelles techniques, une grande liberté dans la création des décors est permise.
Certains tissages permettent même d'incorporer bordures et motifs dans un seul lé,
créant ainsi des effets de tapis avec des possibilités infinies de combinaison. Les
joints et soudures, autrefois nécessaires, disparaissent quasi complètement. Tout ceci
autorise une mise en uvre, une installation et un entretien très largement
simplifiés. Avec à la clef, une baisse des coûts très intéressante."
Le sol joue un rôle si déterminant dans la création du style et de l'ambiance d'un
intérieur qu'il est conseillé, si possible, de le choisir en tout premier. Malgré des
palettes de coloris très variées, il n'en reste pas moins que les harmonies des tissus
restent beaucoup plus vastes et riches que celles des moquettes. Aussi est-il plus facile
de marier un tissu à une moquette que l'inverse.
En hôtellerie, et plus particulièrement pour les chambres, l'uni est plutôt
déconseillé car réputé salissant. Cependant, il est malgré tout de plus en plus
présent. Pour une vie avec moins de souci, un 'pindot', petit semis de points, figures
géométriques ou fleurettes est recommandé. Relativement neutres, ces moquettes sont
souvent idéales en cas de rénovation, lorsqu'on ne peut refaire entièrement la
décoration d'une pièce, car elles se marient très facilement à tous les tissus. Aussi,
si l'on ne peut changer en une seule fois moquette, dessus-de-lit, rideaux et tentures
murales, il est préférable de commencer par la moquette en optant pour un 'pindot' dans
un ton en accord avec le dessus-de-lit (tissu que l'on voit le plus dans une chambre). Un
peu plus tard, il sera possible, sans difficulté, de changer tous les autres éléments.
Si l'ensemble tissu-mobilier de la chambre est relativement fadasse et sans caractère,
optez pour une moquette à grands dessins très colorés qui relèvera la fadeur du lieu.
Le sol deviendra alors l'élément fort du décor. A noter également qu'une moquette
très chamarrée présente l'avantage d'autoriser de larges possibilités pour accorder
les coloris des autres textiles.
Pour habiller un couloir étroit, le choix d'un dessin floral ou géométrique de taille
moyenne est astucieux. Trop gros, les motifs accentuent l'étroitesse du passage, trop
petits, ils allongent la longueur du couloir. Et dans de nombreux cas, les bandes
latérales sont à éviter. Elles rétrécissent la largeur. En revanche, dans un large
corridor, elles sont très décoratives.
Pour animer le sol des longs couloirs, ponctuez l'étendue de faux tapis directement
tissés dans la moquette casse l'impression démesurée de longueur. Cela crée des
accroches visuelles rompant la monotonie.
Pour une salle de restaurant, il est préférable de choisir une moquette pas trop haute
pour éviter l'incrustation des salissures, et pas trop moelleuse pour limiter la fatigue
du personnel. Ne choisissez pas non plus un motif ou un coloris trop vif, trop agressif.
La moquette doit s'effacer au profit du décor de la salle, de la vaisselle et de son
contenu.
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L'HÔTELLERIE n° 2699 Magazine 04 Janvier 2001