A La Napoule, l'adresse est restée mythique, dix-huit années durant, elle a arboré
3 étoiles avant de fermer plusieurs années. Propriétaire et artisan de la résurrection de la maison, Stéphane Raimbault s'est investi ces neuf dernières années avec discrétion et pragmatisme. Un parcours plein de sagesse qui laisse supposer que le maître des lieux n'en restera pas là.
Patricia Alexandre Le Naour
L'Oasis, c'est une belle maison, une belle équipe, et neuf années d'évolution.
Pendant 35 ans, Louis Outhier est resté à L'Oasis. Un an avant sa fermeture, à Pâques 1988, il prévenait le guide Michelin de son intention de fermer boutique et rendait symboliquement les 3 étoiles que le guide Michelin lui avait confiées. Il était fatigué, et très occupé par ailleurs au Japon depuis plusieurs années, à travers un partenariat avec un groupe japonais. Longtemps, Louis Outhier avait proposé à Stéphane Raimbault de reprendre le restaurant, mais celui-ci restait très hésitant. Pourtant les deux hommes se connaissaient parfaitement, et de longue date. Louis Outhier savait parfaitement qu'il faisait un choix averti et cohérent. Stéphane Raimbault travaillait en effet depuis 9 ans au Japon, pour justement représenter L'Oasis à Osaka, au pays du soleil levant. Son passé professionnel était sans faute. Ancien élève de l'école hôtelière de Paris, il s'est immédiatement investi en cuisine. "C'est là où j'ai appris à travailler avec rigueur. Nous avons été très bien formés parce qu'on nous parlait tout le temps du client, toujours et encore du client. J'en reste marqué à vie."
D'Osaka à La Napoule
En 1981, c'est lui qui, chez Gérard Pangaud, à Boulogne-Billancourt, avait décroché en
tant que chef, 2 étoiles au guide Michelin. Lassé des péripéties de la maison,
en janvier 1982, il partait au Japon pour représenter L'Oasis. Il y restera presque 10
ans et c'est pour L'Oasis à La Napoule qu'il reviendra... Le groupe japonais pour lequel
il travaillait alors avait, depuis la fermeture de Louis Outhier, racheté l'affaire.
Aussi, c'est en juin 1991 qu'il réouvrait cette "auberge champêtre de bord de
mer" qui était restée fermée plus de trois ans.
Stéphane Raimbault est un grand travailleur, pragmatique, il pécherait presque par
excès de modestie. D'autres que lui auraient profité du nom prestigieux du restaurant
pour faire parler d'eux, pour créer l'événement, lui a choisi le contraire... Ainsi,
c'est dans la discrétion la plus totale, tout doucement, qu'il a constitué son équipe
avec ses deux frères : François, le pâtissier qui lui aussi avait travaillé au Japon,
et Antoine, son sous-chef. Le restaurant était fatigué, le décor désuet, son image
était celle d'un restaurant d'été, où l'on aimait s'attabler dehors, dans ce petit
jardin enchanteur.
Laisser le temps au temps
Petit à petit, il s'est fait un nom, a été reconnu et a rempli sa maison. Sa cuisine,
imprégnée de la région, est aussi très inspirée par ses voyages... Goûtez ses
Cigales de mer aux herbes Thaï.
Une créativité faite de raffinement, d'exotisme sur des techniques de base parfaitement
maîtrisées. Le guide Michelin ne s'y est pas trompé qui, très vite, lui a
attribué 2 étoiles. Encouragé, il poursuivit sa route, travailla ses projets afin de
les réaliser en toute sérénité. "Il faut toujours aller de l'avant pour ne pas
reculer, mais il faut laisser le temps au temps pour que tout ce que l'on fait soit solide
et de qualité", se plaît à expliquer le Vendéen conquis aujourd'hui par les
senteurs des produits de Provence. Et c'est en janvier 1999 qu'il racheta les murs et le
fonds de commerce au groupe japonais. Stéphane Raimbault était enfin chez lui, et allait
pouvoir réaliser des travaux. Des transformations qui devaient lui permettre de redonner
un souffle à sa maison bien sûr, mais aussi d'accueillir dans de bonnes conditions sa
clientèle toute l'année. La région le permet, les congrès, l'activité économique des
villes comme Nice et Cannes sont autant d'atouts pour un établissement de cette
catégorie. Il fallait donc sortir de l'image du simple restaurant d'été dans le jardin
et se donner les moyens d'accueillir des clients en séminaires. Une manière de lisser
son activité et de garantir à son équipe de 45 salariés en moyenne sur l'année, un
travail de qualité dans de bonnes conditions.
Donner de la cohérence
Il aura fallu plus d'un mois de travaux pour une métamorphose de la maison :
transformation de l'entrée, beaucoup plus avenante aujourd'hui, ouverte directement sur
le jardin, la salle et la cuisine, agrandissement des espaces avec une avancée de la
salle vers le jardin, création de baies vitrées qui permettent de mieux gérer les
caprices de la météo, augmentation de la capacité qui lui permet aujourd'hui de servir
par jour 100 couverts en salle et la même chose dans le jardin. "On est tous
très heureux et très fiers de notre outil de travail", explique Stéphane
Raimbault qui a très largement associé son équipe à ces transformations. Une belle
maison, une belle équipe, neuf années d'évolution et de maturité : les frères
Raimbault sont prêts. Pris dans la nécessité d'évoluer, Stéphane envisage de
rejoindre une enseigne de haut niveau, mais il cherche aussi à faire encore évoluer sa
maison. Les idées ne manquent pas : la pâtisserie, en annexe du restaurant, réalise 2,5
millions de francs de chiffre d'affaires par an, et peut être encore développée, mais
il aimerait aussi créer un bistrot à Cannes, une villa les pieds dans l'eau pour loger
quelques clients, développer de petits séminaires haut de gamme. Stéphane Raimbault,
c'est évident, n'a pas encore dit son dernier mot. zzz18p zzz22i
L'Oasis
Rue Jean-Honoré Carle
06210 Mandelieu-la-Napoule Tél. : 04 93 49 95 52
Fax : 04 93 49 64 13
Salade de daurade royale crue et courgettes fleurs "Forville".
Parlons chiffresNombre de couverts 100 /jour |
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L'HÔTELLERIE n° 2686 Magazine 05 Octobre 2000