Deux hôtels de Fribourg-en-Brisgau, dans le sud-ouest de l'Allemagne, mettent l'accent sur l'écologie. Un choix qui peut être valorisé auprès de la clientèle.
Bertram Späth devant la centrale photovoltaïque qu'il vient de faire installer
sur le toit de son hôtel.
De prime abord, l'objectif paraît un peu fou : faire de l'hôtel Victoria le premier hôtel de toute l'Europe sans émission de polluants ! Pourtant, Bertram et Astrid Späth sont tout ce qu'il y a de plus sérieux. Depuis quinze ans, ils gèrent cet hôtel familial de 63 chambres situé à proximité de la gare de Fribourg-en-Brisgau. Cette ville du midi de l'Allemagne est considérée comme la capitale écologique d'outre-Rhin : vélos, transports publics, énergie solaire, lutte contre le gaspillage de l'énergie ne sont pas ici de vains mots. Et les Späth font partie des premiers contaminés, des premiers combattants du mouvement écologiste. "Nous nous sommes dit que nous serions plus efficaces en appliquant l'écologie en tant qu'hôteliers que comme simples citoyens", explique Bertram Späth. A un bémol près : "Le confort des clients ne doit pas en pâtir." Un impératif pour cet établissement 4 étoiles dont la clientèle est constituée à 70 % d'hommes d'affaires.
100 % d'électricité alternative
Les Späth n'ont pas lésiné sur les moyens. Leur quête s'articule autour de trois axes
: la diminution de la consommation et des émissions d'énergie, l'utilisation d'énergies
renouvelables, et le choix de produits régionaux. Concrètement, l'ensemble de l'hôtel
sera bientôt entièrement alimenté par du courant produit par des énergies
renouvelables : 30 % par deux cogénérateurs, qui assurent une partie de l'eau chaude,
environ 6 % au moyen d'une centrale photovoltaïque de 8 kW h de puissance, installée
depuis la fin mars sur le toit, et le reste pendant l'été, via un parc de trois
éoliennes en cours de construction et dans lequel les Späth possèdent des parts. Les
gérants de l'hôtel Victoria font la chasse au gaspillage jusque dans les moindres
détails. Ampoules de basse énergie, diminution par deux de la consommation énergétique
des nouveaux minibars, ordinateur gérant les pics de consommation, etc., permettent de
réduire la facture d'électricité de 30 %, soit une économie annuelle d'environ 15 000
marks. Allant jusqu'au bout de leur raisonnement, ils vont en Suisse chercher des laques
à eau au lieu d'utiliser des laques chimiques pour la rénovation des murs, utilisent de
l'huile plutôt que du vernis pour les sols en bois massif, bannissent tous les
emballages, et privilégient les produits bio de la Forêt-Noire ainsi que le tri
sélectif.
De nouveaux adeptes
Estimer l'investissement nécessaire et les économies d'énergie est assez difficile.
Mais les Späth, après un long et discret travail en profondeur, ont décidé de faire
valoir leur concept. Recensé comme hôtel écologique auprès de la centrale allemande
pour le tourisme, le Victoria attire, jusqu'au Japon, des clients (particuliers,
spécialistes de l'écologie, collectivités territoriales) intéressés par leur
expérience. Cerise sur le gâteau : l'hôtel est l'un des projets satellites de
l'exposition universelle de Hanovre qui a débuté le premier juin sous le logo de
"La région solaire de Fribourg". Si son concept est le plus abouti, l'hôtel
Victoria n'est pas le seul établissement de Fribourg à s'intéresser à l'écologie. En
mars, Best Western & Boardinghaus (167 chambres) a inauguré une centrale
photovoltaïque de 30 kW qui couvre 7 % de sa consommation. L'équipement, financé en
leasing sur 20 ans, a coûté 450 000 marks (225 000 euros). "C'est une première
étape", précise Silke Wirt, la responsable marketing. A l'avenir, un ordinateur
gérera toutes les fonctions énergétiques de l'hôtel : "Lorsqu'un client
fermera sa fenêtre, le chauffage se mettra automatiquement en route et vice versa",
souligne Silke Wirt. Best Western, qui offrira à ses hôtes l'accès aux transports en
commun, compte externaliser son département énergie.
Marketing solaire
A terme, ce mouvement devrait se développer. L'agence de l'énergie de Fribourg, qui a
conseillé l'hôtel Victoria, est d'ailleurs en train de bâtir un groupe de travail
trinational avec ses homologues de Mulhouse et de Bâle pour encourager les hôteliers à
prendre "des mesures de protection pour l'environnement". "Un des
intérêts, précise Rainer Schüle, responsable de l'agence, est que ces
professionnels soient en contact avec le public et qu'ils puissent ainsi promouvoir
l'esprit écologique." "Nous allons présenter notre concept aux 135
hôtels de la chaîne lors de son assemblée générale", annonce Silke Wirt de
Best Western. Avec deux autres partenaires, l'établissement prépare pour l'automne une
étude sur le marketing solaire dans le Rhin supérieur financée par Bruxelles : "L'analyse
portera sur l'investissement, le marketing et les retombées en termes de clientèle de ce
concept." *
Tableau indiquant la production du courant.
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L'HÔTELLERIE n° 2683 Magazine 14 Septembre 2000
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