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Un restaurant pour demain

Grâce à l'activité d'un modeste restaurant, le village corrézien de Serilhac continue de vivre et l'établissement fait en même temps office de cantine scolaire avec Jacqueline Lacombe aux fourneaux.

Yves Terrieux, maire du petit bourg de Serilhac, à 25 km au sud de Brive (19), évoque la participation de sa municipalité à l'opération "Village pour demain" organisée au niveau national, il y a deux ans, par la chaîne télévisée Demain et le magazine Village. A l'époque, cinq bourgades types étaient choisies à travers la France pour une tentative de redynamisation, avec pour objectif leur repeuplement éventuel, ou du moins leur survie. "Nous avions le principal critère, soit moins de 800 habitants, et il fallait un point d'ancrage : le restaurant-tabac-épicerie-buvette de Jacqueline, lieu convivial d'échanges et de rassemblement", explique le maire. L'établissement, créé il y a plusieurs décennies, est la propriété de Jacqueline Lacombe - ex-secrétaire de mairie - qui en a hérité de sa mère en 1973. "Mon activité professionnelle m'avait sensibilisé à l'opération 'Village pour demain', se souvient-elle. Aussi, lorsque le maire m'a demandé de participer, je n'ai eu aucune hésitation."
Son restaurant, qui ne porte d'autre nom que celui de son bourg, peut recevoir une vingtaine de convives, servant des repas à base de cuisine traditionnelle, d'assiettes copieuses, et de mets roboratifs. On y mange, pour 60 francs, une cuisine familiale élaborée avec des recettes de terroir transmises dans la famille au fil des générations. Deux ans après sa mise en place, le premier magistrat de la commune dresse un bilan positif : "Jacqueline Lacombe et son commerce auront permis à Serilhac de ne pas se dépeupler." Grâce à l'aide pratique de la chaîne Demain, une promotion du site a été effectuée avec le renfort du magazine Village qui lui a consacré un article. "Nous avons vu arriver une famille du Nord de la France, précise Yves Terrieux. Plus un menuisier qui nous vient du Havre et qui vient d'acheter un atelier abandonné. Globalement, nous avons constaté une prise de confiance de la part de la population." L'idée accessoire était de relancer l'intérêt du "patrimoine bâtit", Serilhac disposant d'une vingtaine de maisons disponibles en bon état. "Des étrangers ont également manifesté quelque intérêt pour s'implanter, souvent en résidence secondaire. Une question revenait systématiquement dans leurs propos : existe-t-il des commerces sur votre commune ? Nous avons pu répondre favorablement, et faire systématiquement pencher la balance en notre faveur."

Mieux qu'une restauration concédée

Autre ingrédient indispensable à la réussite de l'initiative : la population et ses enfants. Serilhac dispose en effet d'une école avec trois classes regroupées en un seul cours et le village voisin compte une maternelle de 14 enfants à restaurer à la mi-journée. Le Serilhac et sa propriétaire ont été sollicités pour leur servir de cantine. Une activité subventionnée par la municipalité qui lui affecte un peu plus de 40 000 F par an. Au déjeuner, l'ambiance est donc très jeune, la restauratrice s'occupant de tous ces jeunes convives en compagnie de l'institutrice. Les menus tournent autour d'une cuisine simple et consistante, mais qui diffèrent agréablement de la traditionnelle restauration des cantines scolaires concédées.
"Je fais pour eux comme pour les adultes, explique Jacqueline Lacombe. Dans la salle, il y a un emplacement pour les clients de passage, avec une séparation pour les enfants qui se tiennent d'ailleurs très bien. Ils n'ont pas l'impression d'être à la cantine, mais plutôt d'être au restaurant, même si je suis pour eux une grand-mère plus qu'une restauratrice."

Construire l'avenir

Le souci principal du premier magistrat de Serilhac consiste à assurer la pérennité de cette initiative. "Il faut penser en douceur à l'avenir. Jacqueline Lacombe voudra un jour bénéficier pleinement de sa retraite. Il faut donc prévoir cette échéance afin de garantir la continuité de cette activité." L'idée à l'étude consiste à transférer dans un autre bâtiment l'activité commerciale du restaurant et de son épicerie afin de le distinguer du bâtiment actuel, qui comporte également le logement de Jacqueline Lacombe. "Dans ce nouveau lieu, un nouvel exploitant pourra facilement prendre le témoin quand le moment sera venu."
Entre deux recensements, Serilhac a développé un solde positif, ce qui est plutôt rare dans la région. De 314 habitants en 1990, il est passé aujourd'hui à 320, malgré une population vieillissante.
Avant toute décision, le conseil municipal consulte l'ensemble de sa population, et prend ses arrêtés avec l'approbation majoritaire de tous. L'opération "Village pour demain", qui est arrivée après plusieurs autres projets, aboutit et le nouveau restaurant couronne le tout. "Sans ce commerce, nous n'aurions jamais pu participer à cette opération." *


Deux ans après sa mise en place, le premier magistrat de la commune dresse un bilan positif : "Jacqueline Lacombe et son commerce auront permis à Serilhac de ne pas se dépeupler."


Mon activité professionnelle m'avait sensibilisé à l'opération 'Village pour demain', se souvient Jacqueline Lacombe. Aussi, lorsque le maire m'a demandé de participer, je n'ai eu aucune hésitation."

 


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L'HÔTELLERIE n° 2668 Magazine 1er Juin 2000

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