m Brigitte Ducasse
Plus que l'adresse, il faut connaître le chemin
pour atteindre cet établissement perché sur les hauteurs de Toulouse, à l'orée de la
forêt de Colomiers. Une étoile pour l'Amphitryon représente beaucoup. C'est quelque
part l'assurance d'une pérennité pour cet établissement ouvert en 1995 et repris par
ses propriétaires en 1997 à la suite d'une gérance malheureuse. Marie-Agnès Pignolo,
49 ans, la propriétaire, est une femme d'affaires
passionnée par la restauration. Parallèlement à son métier dans l'industrie, elle a
choisi de construire L'Amphitryon, "pour laisser s'exprimer librement cet art
culinaire" qu'elle apprécie tant. Le nom choisi reflète l'esprit de la maison :
"Hôte chez qui l'on dîne." Le plaisir de recevoir s'exprime dans les
moindres détails. Ici tout est maîtrisé et la confiance donnée est totale. C'est
précisément grâce à cette confiance et au talent détecté chez son pâtissier que
Marie-Agnès Pignolo a offert à Yannick Delpech la place de chef laissée vacante depuis
le départ d'une autre pointure qui souhaitait voler de ses propres ailes. En janvier
1999, Yannick Delpech relève le défi. Il le fait d'autant plus volontiers que, dans
cette maison, il se sent parfaitement épaulé. L'équipe en cuisine est jeune et
volontaire. Et au sein de la direction, le soutien critique et avisé de Sandrine Batard,
26 ans, la filleule de Marie-Agnès Pignolo, lui permet d'avancer vers les plus hauts
sommets alors qu'il n'y croyait pas. Du moins si tôt : "J'estimais que je n'avais
pas le profil."
Une vocation de pâtissier
Depuis toujours Yannick a voulu être pâtissier. Pourquoi ? Ce fils de viticulteur ne
peut se l'expliquer. A 14 ans, il démarre son apprentissage chez Belin à Albi, "un
grand de la pâtisserie". Au bout de 3 ans en Avignon, il participe à
l'ouverture du restaurant des desserts, concept créé par Philippe Parc, Meilleur ouvrier
de France. Le mal du pays l'entraîne un an plus tard à Biarritz au Café de Paris où
officiait Didier Oudil. Au cours de cette étape qui ne dure qu'une saison, il prend
conscience que "les grandes brigades" ne sont pas sa tasse de thé. Mais une
bonne fée veille sur lui et il se retrouve au Gindreau chez Alexis Pelissou à
Saint-Médard près de Cahors. "Nous étions du même village, il était à
l'école avec mon père." Le courant passe immédiatement entre le chef étoilé
(Pelissou avait déjà une étoile au Michelin) et le jeune homme. "Je suis entré
comme pâtissier mais très rapidement je suis passé en cuisine. Pelissou m'a tout
appris, l'amour des produits nobles et sains, l'art de les choisir, et m'a transmis sa
passion de la truffe. Un jour, il m'a dit qu'il fallait que j'aille à Toulouse chez
Gérard Garrigues au Pastel, un autre étoilé." Ce sera la dernière étape
avant l'Amphitryon.
De sa cuisine, Yannick Delpech ne dira qu'une chose : "Ce n'est pas une cuisine
d'école, je fais la cuisine que j'aime. Quand je fais de l'agneau, je veux retrouver le
goût de l'agneau. Je n'apprécie pas les grands mélanges. Parfois on ajoute tant de
choses que l'on en perd l'essentiel." Il signe donc une cuisine simple, sincère
aux goûts francs, avec une rigueur technique, un sens de la précision et de
l'esthétique hérités de sa formation première, la pâtisserie. Aujourd'hui son souhait
le plus cher : "Poursuivre dans cette direction, tout en prenant autant de plaisir
à le faire." n
L'Amphitryon
Chemin de Gramont
31770 Colomiers
Tél. : 05 61 15 55 55
Fax : 05 61 15 42 30
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000