m Jean-François Mesplède
Le parcours est éloquent : après un apprentissage
chez Delphin à Nantes, la région où il est né en septembre 1961, Christian Têtedoie
n'a côtoyé que des chefs étoilés : Bocuse à Collonges, Ducloux à Tournus, Vergé à
Mougins, Outhier à La Napoule - où Jean-Georges Vongerichten, star de la cuisine à New
York était son chef de partie - et Blanc à Vonnas !
Après un tel parcours, commencé par l'obtention du titre de Meilleur apprenti de France
en 1979, il a choisi de s'installer à Lyon où il a rencontré et épousé Florence. En
1987, quai Jean Moulin, le succès est immédiat et le restaurant très vite trop exigu.
Trois ans plus tard, il faut voir plus grand, un peu plus loin sur ce bord de Saône qui
mène chez Bocuse.
Ce dernier justement a toujours manifesté au futur Meilleur ouvrier de France - en 1996
à Nice - un appui sans faille. "A une époque, hormis la presse régionale, peu
nous ont soutenus. Dans l'ombre, Paul Bocuse était de ceux-là et son soutien ne s'est
jamais démenti", dit Christian Têtedoie.
Reconnu par ses pairs, apprécié par une clientèle fidélisée, père de deux garçons -
Maxime et Jean-François - il avait tout pour être heureux.
Une naissance, une étoile
Sans doute ne lui manquait-il pas grand-chose pour baigner totalement dans la félicité :
une petite Léa est née l'hiver dernier et l'étoile est arrivée trois mois plus tard,
l'année même du dixième anniversaire de l'installation quai Pierre-Scize...
"Cette étoile c'est la cerise sur le gâteau. Nous l'espérions et nous avons
tout fait pour l'avoir, même si je sais qu'il n'y a pas de recette infaillible en la
matière." Tout ? C'est-à-dire une vigilance sans faille sur la qualité des
produits, une propension à soigner les clients et une régularité de cuisine rarement
démentie.
"Nous avons toujours bien travaillé et peut-être étions-nous parfois
débordés, mais j'avoue que je ne comprenais pas trop pourquoi cette étoile n'arrivait
pas. Bien sûr, cela n'a jamais été obsessionnel et je n'ai jamais oublié qu'il fallait
penser avant tout au plaisir des clients qui nous font vivre. C'est vrai que j'ai parfois
dû me battre contre les banquiers, les comptables... et parfois même contre ma femme qui
parlait de ma folie des grandeurs. Ce n'était rien de tout cela, mais lorsque l'on a
travaillé dans de belles maisons, que l'on est habitué à un certain style de cuisine,
on veut toujours faire mieux. Je me rends compte aujourd'hui que j'étais dans le vrai et
que mon souci de qualité a fini par payer."
Heureux donc Christian Têtedoie qui considère cette étoile comme un tremplin, de la
même manière que le fut ce titre de MOF dont il est si fier. "C'est une
obligation de toujours faire mieux, de s'appliquer et de se remettre en question tous les
jours. C'est la récompense pour une équipe qui s'est battue pour ça. Nous avons encore
la chance de trouver des jeunes qui font un métier à part, avec des femmes qui acceptent
que leur mari vivent leur passion, souvent au détriment de leur vie familiale. Je les en
remercie." n
Restaurant Têtedoie
54, quai Pierre-Scize
69005 Lyon
Tél. : 04 78 29 40 10
Fax : 04 72 07 05 65
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L'HÔTELLERIE n° 2664 Magazine 4 Mai 2000