m Brigitte Ducasse
Il suffit de passer le pont de Pierre, de parcourir
une dizaine de mètres sur la gauche et vous voici arrivé sur l'autre rive, désertée
hier et des plus convoitées aujourd'hui, dans le quartier de la Bastide où les projets
fourmillent.
Dès le premier jour d'ouverture, ce fut le raz-de-marée : 500 couverts contre 200
espérés. 7 300 repas servis au mois d'août avec pourtant une fermeture le week-end.
Aujourd'hui ouverte sept jours sur sept, la brasserie-guinguette ne désemplit pas : près
de 400 couverts/jour en moyenne pour un ticket de 150 F. Jean-Dominique Gracia et son
associé Colum Stuart, propriétaires du fonds de commerce ont réagi au plus vite,
doublant le personnel qui atteint les 20 personnes.
Les raisons de ce succès ? Le site bien sûr, mais aussi le cadre, l'ambiance et
l'excellent rapport qualité/prix de la table.
Pourtant, rien n'était gagné d'avance. Le bâtiment, déserté depuis de nombreuses
années, n'avait rien pour aiguiser l'appétit des futurs chefs d'entreprise. Mais lorsque
l'on a fait les beaux-arts, comme Jean Dominique, et que l'on compte 17 ans de métier
dans les bars et restaurants à thème, revisiter un vieux tas de ferraille (avec tout de
même l'aide d'une équipe) est un jeu d'enfant.
Une sorte de hangar à bateau revisité
De l'extérieur, le bâtiment habillé de bois évoque un hangar à bateaux et se fond
naturellement dans le paysage. A l'intérieur, le plafond de 6 mètres de haut et les 30
mètres de baies vitrées donnent un sentiment d'espace à l'infini. Pour le décor,
inutile alors de jouer la sophistication. Le mobilier et les ardoises aux murs sont
résolument bistro et la cuisine derrière le bar est visible depuis la salle. Classique
en somme... Pas tout à fait ! L'insolite pointe son nez de-ci, de-là. Largement
utilisé, le fer forgé devient matière pour des pieds de lampe originaux, pour la
bordure de dessertes ou de miroirs, ou bien encore pour le balcon sur la façade d'un bien
étrange chalet surplombant le bar. A l'étage, les toilettes valent le détour ne
serait-ce que pour ce superbe lavabo bleu ciel des années 50. Au plafond, des
lampes-tempête se mêlent à des boules de verre à facettes et à un imposant lustre de
salon (danse oblige). L'éclairage et l'acoustique ont été soigneusement étudiés, en
particulier pour les animations du soir.
"On souhaitait valoriser le cadre, apporter un plus à l'activité restauration",
explique Jean Dominique qui connaît bien la question puisqu'il a racheté, il y a
quelques années avec Colum Stuart, le mythique Café des Arts, une brasserie des années
20, très axée aujourd'hui sur le jazz. Il a créé aussi, toujours avec des copains, La
Gambas Bleue, une des haltes gourmandes ouverte cet été sur les quais de Bordeaux.
"Au Café du Port, l'idée d'une guinguette nous a paru la plus séduisante. De
plus en plus de gens ont envie de danser."
Tango, mambo et cha cha cha...
Le choix se porte alors sur les danses les plus prisées du moment avec en tête le tango.
Les membres des clubs de Bordeaux investissent les lieux tous les mercredis après-midi et
le jeudi soir dès 22 h 30. Les danseurs se lancent alors sur la piste, invitant les
clients le plus naturellement du monde. L'ambiance est décontractée. En fonction de la
demande, d'autres danses seront à l'honneur, comme le mambo, le cha cha cha, ou la salsa.
Une offre qui n'existait pas à Bordeaux dans un établissement de type brasserie. Autres
animations développées, les concerts en tout genre avec un choix rigoureux dans la
programmation.
Côté cuisine, le Café du Port joue l'excellence dans la simplicité, l'objectif étant
de réaliser 70 % du chiffre d'affaires en restauration. La carte, qui sera changée
chaque saison, compte 6 entrées : des petits poissons en friture, des moules à la mie de
pain, des huîtres, etc. ou des spécialités locales comme les grattons de Lormont. Les 6
plats offrent au choix du poisson ou des viandes avec l'incontournable côte de buf
ou entrecôte. Les 4 desserts sont préparés par un pâtissier. La qualité au prix le
plus juste, telle est la devise de la maison qui propose un menu à 130 F et une formule
très attrayante le midi à 68 F. La carte des vins fait le tour des meilleurs vignobles
de France ou d'ailleurs.
"La clientèle est plutôt jeune, entre 30 et 40 ans, et est essentiellement
bordelaise, indique Fabienne Biehler qui tient la barre de l'établissement. Elle
vient tout autant de la rive droite que de la rive gauche." Le Café du Port
abolit les frontières. n
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Chiffres-clés du Café du PortOuverture |
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L'HÔTELLERIE n° 2660 Magzine 6 Avril 2000