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Eric Aubriot
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Le passionné

Eric a 28 ans, le regard attentif, presque sévère mais il suffit qu'on lui demande de parler de sa cuisine pour que son sourire apparaisse et que son visage rayonne. "La cuisine française, je n'aime que ça", prévient-il.

Eric n'avait que 7 ans quand ses parents ont quitté la France pour Singapour où il poursuivra une scolarité normale, grâce à l'Alliance française. En 1981, il a 12 ans et c'est à Washington D. C. que la famille Aubriot s'installe avant de rejoindre la Floride. C'est aussi à cette époque-là qu'Eric commence déjà à se passionner pour la restauration. Un secteur vers lequel pourtant rien ne le poussait, ses parents travaillant dans l'industrie. De toute évidence, c'est une réelle passion qui guide alors Eric. Aux Etats-Unis, dans le milieu dans lequel il évolue, les métiers techniques ne sont pas valorisés. "Ici, la seule chose importante, c'est de faire du fric et ce n'est pas avec les métiers manuels qu'on en fait vraiment." On lui dit, on lui redit, mais rien n'y fait et il trouve en Floride un job de serveur.
C'est sa première expérience professionnelle. Elle est concluante, il passe en cuisine et là il a trouvé sa voie, il en est sûr. Pour acquérir une formation de base sérieuse, il suivra pendant une année les cours du Kendall College à Chicago. "Une excellente formation qui dure 2 ans mais je me suis limité à une année étant donné le coût élevé de l'opération ­ 36 000 $ pour deux ans", explique-t-il. Il a ensuite poursuivi ses études dans une autre école de cuisine en Pennsylvanie : "J'avais à ce moment-là acquis les bases pour me lancer."

Un passage en France
Voler de ses propres ailes, c'est ce qu'il fera à la fin de cette formation en ouvrant en Floride une pâtisserie. Mais Eric n'est pas satisfait, il veut aller plus loin, en savoir plus. Aussi décide-t-il de partir en France pour continuer à apprendre. Un choix très judicieux puisqu'on le retrouvera chez Michel Guérard à Eugénie-les-Bains et chez Alain Ducasse à Monaco. "La France, c'est la qualité de vie, depuis toujours c'est le pays où l'on aime les produits, manger en famille. Il y a une réelle culture gastronomique qui se transmet et ça, c'est une richesse que l'on ne retrouve pas aux Etats-Unis où les gens viennent pourtant du monde entier. Mais trop pauvres quand ils sont arrivés, ils n'avaient rien à transmettre, ils ont préféré tout construire."
Eric, de retour de France, a continué de travailler en cuisine pour revenir à Chicago et c'est en 1998 qu'avec son épouse, une ancienne du Kendall College, il a ouvert son restaurant dans un des quartiers les plus chics de la ville.
Pas d'association, pas de partenaire, Eric préférait un plus petit chez soi qu'un plus grand chez les autres : "Ici c'est plus facile, on est libre de faire son choix de vie. Avec un projet cohérent, on va à la banque et on vous prête de l'argent." C'est ce qu'il a fait et il ne le regrette pas. "J'ai une très belle clientèle, très riche et éduquée, qui aime beaucoup la France : 95 % des clients y sont allés et ont mangé chez des étoilés Michelin." Il est aussi enthousiaste sur sa clientèle que sur les produits et sur son champ de liberté. "Ici en cuisine, on avance plus vite, c'est normal, la technologie évolue très vite alors tout suit, la cuisine aussi."

Autres produits, autres saveurs
Une influence asiatique qui lui permet un accès facile à d'autres produits, à d'autres saveurs, à d'autres modes de cuisson, à d'autres techniques. D'où l'importance de la créativité, l'absence de barrières du fait d'une grande ouverture sur le plan gustatif. Eric cherche toutefois à maîtriser sa créativité pour ne pas choquer ses clients. "Quand on est patron, on doit tout faire pour que ça plaise au client, pas seulement à soi ! Il faut savoir réaliser des choses simples, créatives, pas trop onéreuses et accessibles aux clients !" Cuisiner pour lui est un vrai bonheur. "La cuisine française : je n'aime que ça", prévient-il. Une cuisine créative où il aime jouer avec les émulsions, les réductions, les jus très légers. Une cuisine que ses clients apprécient d'autant plus qu'elle se situe à des niveaux de prix abordables. Ouvert seulement au dîner - ici les gens ne dépensent ni temps ni argent au déjeuner - il réalise tous les soirs une cinquantaine de couverts à une moyenne de 60 $. Eric n'envisage pas un retour en France. "Quand j'y retourne, j'adore la douceur de vivre, mais ici, au quotidien, les choses sont plus simples... La vie aux Etats-Unis est moins chère. Ce qui manque le plus ici, c'est le social mais il faut savoir faire ses choix et faire ce que l'on fait de mieux là où on vit le mieux."
Eric a été ravi de participer au jumelage avec les cuisiniers de Marseille-Provence : les échanges, l'enrichissement mais aussi la fête... un programme qui l'a réjoui. n

Eric Aubriot
1962 N. Halsted Street
Chicago - Illinois
Tél. : 00 1 773 281 4211


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L'HÔTELLERIE n° 2660 Magzine 6 Avril 2000

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