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Jean-Claude Poinlevey
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L'après Play Boy

Jean-Claude Poinlevey est l'un des premiers Français à avoir investi Chicago. Arrivé en mars 1968 de Londres pour ouvrir un resort pour Play Boy à Lac Geneva, il a participé activement pendant 30 ans à l'amélioration de la restauration de la région. C'est à La Sardine et au Bouchon qu'on le trouve à l'œuvre.

m Patricia Le Naour

Jean-Claude Poinlevey est arrivé en compagnie de huit autres cuisiniers français dont Jean Banchet il y a 22 ans. Quelques Français avaient commencé à investir le secteur un an auparavant avec l'ouverture du Maxim's mais à l'époque, la restauration était loin de ce qu'elle est aujourd'hui dans la capitale de l'Illinois. "Il n'y avait que des steaks and potatoes, la clientèle n'y connaissait rien, n'avait aucune exigence et le personnel n'était pas intéressé par le secteur. On ne trouvait pas de produits de qualité, les légumes c'était la boîte de conserve au bain-marie, le matériel spécifique à la restauration n'était pas disponible, pour avoir un robot-coupe il fallait aller l'acheter à New York", se souvient amusé Jean-Claude Poinlevey. Il restera une année sur le projet de Play Boy avant de revenir sur Chicago et travailler dans différents restaurants de la ville. Il voit les choses bouger petit à petit et a très vite envie de se lancer dans l'aventure lui aussi. En 1973, c'est un restaurant gastronomique, certainement un des premiers, qu'il crée à Lincoln Park, La Fontaine. Il le tiendra 21 ans jusqu'à ce qu'il estime que "le concept était fini". Vingt et une années au cours desquelles les choses avaient considérablement évolué : "On a été un certain nombre à ouvrir des restaurants, à former des jeunes, à rechercher des produits de qualité. Au bout du compte tout s'est amélioré et la clientèle a apprécié", explique Jean-Claude.

Vers le bistro
Si le concept de La Fontaine était mort aux yeux de son créateur, il n'allait pas arrêter de travailler pour autant. C'est vers la formule Bistro qu'il s'est alors tourné : en 1993, il ouvre Le Bouchon, 42 places, et en 1998 La Sardine. Un style délibérément café parisien avec une carte brasserie où l'on trouve du poussin rôti, de la terrine, de la bouillabaisse, de la brandade de morue, de la quiche lorraine. "Les clients viennent ici pour retrouver un petit coin de France", explique-t-il. Pour lui, venir en France n'est pas un problème. "Je travaille jusqu'à 16 heures au restaurant et le lendemain midi, je suis chez moi à Mâcon pour déjeuner", s'émerveille-t-il. La situation idéale. Quand on lui parle de revenir en France, il sourit : "Oui, bien sûr, pour les vacances, les amis, la fête mais pour travailler jamais !" Et d'expliquer qu'il ne pourrait plus jamais se faire à la manière dont on aborde le monde du travail en France.
"Les patrons français se perdent dans les détails, ils ne sont ni à l'écoute de leurs clients ni à l'écoute de leur personnel."

Respect du personnel
"Quand on est arrivé aux Etats-Unis, nous les Français on est reparti de zéro, on a refait un apprentissage. Ici, la rentabilité est la base de tout raisonnement, de toute décision. On respecte son personnel parce qu'il y a longtemps que l'on a compris la valeur d'un salarié, au-delà de son coût et c'est la même chose avec les produits : on a réappris à cuire la viande pour qu'elle soit plus goûteuse et permette une meilleure rentabilité, on connaît le food cost de chaque produit, peut-être aussi parce qu'obligés de travailler sur de très grosses quantités très souvent, tout écart aussi minime soit-il prend des proportions énormes."
Au Bouchon, avec 12 employés, il réalise une moyenne de 120 couverts/jour et à La Sardine 150 avec 17 personnes. Quand on lui demande s'il est utile pour de jeunes Français de venir aux Etats-Unis, sa réponse est très claire : "Bien sûr, c'est pour eux une excellente expérience. Ils auront là une autre ouverture d'esprit, ils apprendront une autre manière de travailler et s'ils retournent en France, ils auront des atouts considérables pour s'installer, gérer leur maison." n

La Sardine
111 M. Carpenter
Chicago - Illinois 60607
Tél. : 00 1 312 421 2800
Fax : 00 1 312 421 2318
Le Bouchon
1958 North Damen
Chicago - Illinois 60647
Tél. : 00 1 773 862 6600
Fax : 00 1 708 524 1208

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L'HÔTELLERIE n° 2660 Magzine 6 Avril 2000

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