L'endroit est vaste, hérité d'une ferme. L'affaire n'occupe qu'une des ailes de la bâtisse et la grange et c'est déjà beaucoup. En enfilade, l'ancienne porcherie récupérée en speakeasys, titrée par Ronny Coutteure "un groin de paradis". Puis probablement l'ancien atelier est devenu la salle principale avec bar et cuisine attenante. Enfin, volontairement séparée par un mur isolant, la grange a été transformée en petit théâtre. Les quatre associés, les restaurateurs Joe et Flavien Dedryver propriétaires du Witlof non loin de là, le comédien Ronny Coutteure et son épouse la chanteuse lyrique néerlandaise Diane van den Eijnden y ont investi environ 700 000 francs, sans compter beaucoup de temps, de goût, de sueur et de cœur. Briques, pierres, béton brut forment le décor au mur et au sol. Chaises et tables de ferme pour la plupart récupérées composent le mobilier. C'est un estaminet flamand dans l'esprit, mais c'est en patois ch'timi qu'on accueille le client sur les murs avec des maximes profondes telles que "et de braire, te crois que ch'est mieux ?". C'est bien sûr aussi une fontaine de bières régionales et belges avec au fût le jour de notre passage la ch'ti blonde, une spéciale Palm, une Bel pils, la Blanche de Bénifontaine et la Hommelbier, toutes à 12 ou 14 F, , c'est-à-dire plutôt cher pour un café de campagne. Ce n'en est donc pas un. La Ferme des Hirondelles, d'allure très rurale se trouve à Fretin, à un quart d'heure au sud de Lille, non loin de l'aéroport et du centre régional des transports. Il s'agit bien d'un lieu de loisir urbain. On y mange aussi un plat du jour ou un petit menu rapide le midi, et à la carte le week-end ou pendant les soirées-spectacle. Une carte éloquente : Tarte au fromage qui pue 30 F, Gambette de pourchio grillée avec des patates al'plure 70 F, Soupe de la ferme à la crème 20 F, Pâté de tête dans de la vinaigrette (sic) 30 F, Lapin à la bière brune 60 F, et bien sûr la Tarte à la rhubarbe 25 F. Au total, sans en avoir l'air, avec quelques chopes, le ticket monte facilement de 130 à 160 F avec des produits bon marché au départ. Mais on ne vient pas tellement pour manger. On vient surtout boire, et encore plus écouter les histoires à dormir debout de Ronny, et la voix de déesse de Diane qui mélange contes et chants. L'un après l'autre et réciproquement. Diane van den Eijnden insiste sur la nécessaire séparation du café et du théâtre, bruit des mandibules et lieder allant mal ensemble. Le spectacle, c'est vingt francs pour les petits, et soixante pour les grands. C'est l'idée de l'estaminet poussée à son comble. n
Les deux associés de la Ferme des Hirondelles, Diane van den Eijnden et Flavien
Dedryver : l'alliance de l'art et de la restauration.
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L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000
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