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Ce que vous devez savoir

Une réglementation très spécifique s'applique aux cafés, bars, brasseries et tabacs. L'Hôtellerie répond à toutes vos questions chaque mois dans cette rubrique.

m Cyril Pouant

Bruit
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Il est urgent de se mettre aux normes

Ça y est, le décret tant redouté est entré en vigueurle 16 décembre 1999. Depuis cette date, votre établissement doit être aux normes de la nouvelle législation bruit. Vous n'y êtes pas encore ? Vous avez besoin de précisions ? Rappel des dispositions et marche à suivre.

Votre établissement diffuse de la musique amplifiée ? Alors aucun doute n'est permis, le décret du 15 décembre 1998 destiné à protéger la sécurité auditive du public vous est applicable. En effet, le champ d'application du texte est très large, car il s'applique à tous les établissements publics et diffusant à titre habituel de la musique amplifiée. Les cafés bénéficiant d'un fond sonore sont donc parmi les premiers visés. Afin de préserver votre clientèle et vos salariés de lésions qui pourraient s'avérer irréversibles, le texte pose comme principale obligation que le niveau sonore moyen à l'intérieur de l'établissement ne dépasse pas 105 décibels. En niveau sonore maximum (ou niveau de crête), la pression acoustique ne devra pas dépasser 120 décibels. En effet, rester plusieurs heures dans une forte ambiance musicale entraîne un risque de lésions plus ou moins graves, et c'est la raison pour laquelle les pouvoirs publics ont estimé nécessaire d'imposer une limite.
Le voisinage est également protégé par le texte. En effet, un bruit même de faible intensité mais répétitif, peut entraîner des modifications réelles du comportement du voisinage (agressivité). Le décret a donc posé des limites à ce sujet : à l'extérieur de votre établissement, la valeur d'émergence doit être au plus de 3 décibels. Cette valeur est la différence entre le niveau sonore à l'extérieur de votre établissement lorsque celui-ci n'est pas en activité et le niveau sonore en période d'activité. Par exemple, si le bruit ambiant de la rue est de 30 décibels lorsque votre établissement est fermé, il ne devra pas dépasser le seuil de 33 décibels lorsqu'il sera ouvert.
De même, si votre établissement est contigu à des locaux d'habitation, cette valeur d'émergence de 3 décibels doit être respectée vis-à-vis de vos voisins.

L'étude d'impact
En premier lieu, il faudra faire réaliser dans votre établissement une étude d'impact. Elle n'est pas obligatoirement réalisée par un organisme agréé. Toutefois, elle doit être réalisée par un des professionnels habilités à garantir un résultat en cas de prescription de travaux. Les ingénieurs de cet organisme prendront alors des mesures et mettront en place un dossier qui comportera :
m des informations d'ordre administratif sur votre établissement
m des renseignements techniques sur la sonorisation de l'établissement
m un plan prévoyant les différents niveaux sonores reçus
m un relevé des valeurs d'isolement acoustique
m des renseignements sur les ouvertures de l'établissement au public, et sur les horaires d'exploitation
m les mesures prises pour lutter contre le bruit.
Si votre établissement est contigu à des locaux d'habitation, vous devrez faire certifier les valeurs prélevées par un organisme agréé par l'administration, ce qui n'est pas le cas si aucune habitation ne touche votre établissement. Si l'étude d'impact a décelé des valeurs trop importantes dans les locaux d'habitation voisins, vous aurez peut-être à réaliser des travaux dans votre établissement pour renforcer l'isolation. Les résultats de ces travaux en termes d'acoustique devront également être certifiés par un organisme agréé par l'administration, qui vous fournira un certificat d'isolation acoustique.
L'ensemble des documents (étude d'impact et certificat d'isolation acoustique) devra être précieusement conservé et devra être remis à toute autorité en faisant la demande.

Vous avez dit travaux ?

Dans le cadre de la nouvelle législation antibruit, les travaux qui peuvent vous être demandés sont de plusieurs sortes.
L'essentiel à connaître.
En premier lieu, on peut vous imposer d'installer un limiteur de pression acoustique. Cet instrument, qui s'installe entre les systèmes d'amplification et les enceintes, est destiné à limiter le niveau sonore à 105 décibels. Il en existe plusieurs types. Certains se contentent de couper le son lorsque les 105 décibels sont atteints, d'autres, plus évolués, réduisent le niveau sonore au niveau légal. Tout dépendra donc de l'investissement que vous souhaitez réaliser, car les prix varient de quelques milliers de francs à plus de 15 000 F HT.
Enfin, s'il est nécessaire de réaliser des travaux importants dans votre établissement, tels que l'installation d'un sas, un double vitrage, l'isolation des murs et plafonds, la note sera bien plus salée. Toutefois, en ce cas, il y a de fortes chances pour que ce soit alors au propriétaire de votre local d'effectuer ces modifications. En effet, comme ils sont imposés par l'administration pour des raisons de santé publique, il est de jurisprudence constante que ces travaux soient réalisés par le propriétaire.
En effet, celui-ci doit entretenir le local en état de servir à l'usage pour lequel il a été loué (article 1719 du Code civil). Toutefois, si une clause précise du bail prévoit expressément que les travaux imposés par l'autorité administrative sont à la charge du locataire, la clause est valable et ce sera donc à vous de les prendre en charge.

Quels sont les risques si je ne me mets pas aux normes ?
Le décret a bien entendu prévu des sanctions si vous ne mettez pas votre établissement aux normes. Ainsi, si vous dépassez les 105 décibels, si vous ne respectez pas les valeurs d'isolement, ou même si vous
ne présentez pas l'étude d'impact aux agents assermentés, vous risquez d'écoper d'une contravention de cinquième classe (10 000 francs), qui sera doublée en cas de récidive. Cette peine est multipliée par cinq si l'établissement est géré par une personne morale (SA, SARL...). Les agents peuvent également confisquer votre matériel de sonorisation. Enfin, l'article 27 de la loi de 1992 sur la lutte contre le bruit autorise le préfet à prononcer la fermeture de l'établissement à la suite de troubles résultant de l'activité devotre établissement.

Liste des acousticiens


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L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000

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