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Le Vieux Nice aime la bière

Aux antipodes de sa terre d'élection, la bière a pris du galon sur la Riviera. Concentrés dans le Vieux Nice, quartier d'affluence de toutes les nationalités, les pubs gagnent aujourd'hui du terrain. Ambiance généralement "bon enfant", comme au Thor, avec une clientèle à forte majorité scandinave.

Pour la décontraction de sa zone piétonne, pour son cachet encore préservé, la vieille ville attire depuis une dizaine d'années les estaminets les plus branchés. Et donc les pubs. Mélangeant les générations, offrant un meilleur confort, et surtout une ambiance plus chaleureuse que la brasserie traditionnelle, les enseignes se sont multipliées. Les pionniers se sont tout d'abord implantés dans le centre-ville. La Cervoiserie Chez Nino apparaît en 1980, lancée par un couple de Niçois. Bien que peu favorisée par son environnement, elle a toujours su tirer son épingle du jeu grâce à une restauration "à la bière" qui lui vaut d'être citée au Gault et Millau, d'avoir obtenu le titre d'ambassadrice Jenlain (Trois Diablotins) et celui de chevalier de la Chope d'Or (remis en présence du prince Albert de Monaco). Quelques années plus tard, elle se démarque encore par une restauration de jour, ainsi que par la fabrication devant le client de sa propre mousse. La Cervoiserie est suivie un an plus tard par un Belge qui ouvre le Pub Gioffredo, toujours en centre-ville. Quant au Vieux Nice, il voit ses premiers pubs apparaître au milieu des années 80, grâce à des Irlandais, avec le Scarlett O'hara. Presque simultanément, un Hollandais ouvre le De Klomp (dix-huit pressions toutes nationalités confondues). Puis c'est au tour du Big Ben, tenu par des Français qui accueillent une clientèle d'habitués de tous âges, attirée par une soixantaine de marques et cinq pressions (dont deux tournantes), et aussi par une jolie gamme de whiskies rares, titrant parfois plus de soixante degrés. Le William's Pub s'installera plus tardivement. Tous ces derniers ouvrent exclusivement le soir. A retenir, le deuxième pub niçois à produire une cuisine à la bière (un Diablotin Jenlain) - à l'instar de La Cervoiserie, c'est Le Ketje, implanté dans les quartiers est. La concurrence est rude, mais les relations entre pubs plutôt sympathiques. Essence même du lieu, singularités bien gérées, les pubs niçois se portent à merveille et se complètent harmonieusement.

Le Thor : une clientèle à 90 % étrangère
Le dernier-né des pubs niçois, Le Thor, compte une clientèle essentiellement étrangère, à majorité scandinave. Installé sur le mythique cours Saleya (36 restaurants à forte affluence touristique), à deux pas de la mer. Ouvert il y a quatre ans, Le Thor est le petit dernier des pubs niçois. Fort de son expérience du William's Pub qu'il vient de revendre, William Abihssira (52 ans) s'associe en 1995 à Marc Bensimon (48 ans, ancien diplomate auprès de l'ambassade de France aux Etats-Unis) pour lancer un concept original. Anciennement restaurant de spécialités niçoises - comme l'ensemble des établissements du cours - Le Thor (fils d'Odin, dieu de la guerre et de la fête dans la mythologie germanique) a trouvé son inspiration chez l'épouse danoise de William. Casque viking en emblème, décoration nordique avec "valahla" au premier étage (paradis de la fête chez les Vikings), libérant ainsi le rez-de-chaussée et le comptoir pour y boire un verre plus au calme, musique live tous les soirs de 22 heures à 2 heures du matin : le concept Thor est trouvé. Durant les dix-sept premiers mois d'ouverture, pas un jour de vacances (sauf Noël et Yom Kippour) pour William et Marc. Pour la première fois, de septembre à octobre 1999 inclus, les deux hommes ont mis en place un roulement, une semaine sur deux. Ils s'octroieront ensuite deux jours de repos hebdomadaire chacun. "Il a fallu se battre pour faire venir la clientèle, explique Marc Bensimon, chargé de la promotion et de la gestion, trouver une organisation solide." Au départ, c'étaient trois groupes de rock différents par semaine. Depuis février dernier, le même joue pendant huit jours. Outre les quelques recrues locales, les musiciens, sélectionnés par Marc, viennent surtout d'Angleterre et d'Italie et sont logés et nourris. Partisans des partenariats publicitaires, les patrons multiplient concours et animations. Le personnel est largement scandinave, la plupart des candidatures arrivant directement du nord. "Nos employés restent entre 6 mois et un an. Ils sont de passage, un peu à l'image de notre clientèle, essentiellement étudiante", précise William, très présent en salle.

Pour 100 F
Restauration le midi et le soir, soit une formule de prix unique (49 F) - répondant à la demande des jeunes - avec une vingtaine de plats (incontournables steak, 1/2 coquelet, escalope...) et trois accompagnements au choix - dessert à la carte en sus -. Pas d'orientation spécifiquement nordique : "Nous fabriquons notre saumon à l'aneth, déclare Serge Abihssira, directeur du restaurant, mais notre concept ne relève pas de la gastronomie. Nous avions fait venir un cuisinier de Copenhague, mais cela ne s'est pas avéré rentable. Notre clientèle scandinave ne cherche pas à retrouver ses plats d'origine. Ce qu'elle veut, c'est passer une bonne soirée - repas et animation - avec un billet de 100 F en poche !" Ici, tarifs constants, pas de vente d'alcool "au mètre", mais de multiples soirées-promo (exemple Tequila 2 cl + bouteille Tequieros = 30 F), beaucoup de jeux et de danses, et un espace plutôt rassurant. "Notre but est de ramener le plus de monde possible bien sûr, reprend Marc, mais nous sommes très vigilants quant à la fréquentation. Il est fréquent que des parents scandinaves nous appellent pour avoir des nouvelles de leurs rejetons ! Nous avons fait une chasse acharnée aux perturbateurs dès le départ. Il faut dire aussi que la clientèle scandinave est particulièrement soft. Ce sont les étudiants niçois qui nous ont causés le plus de dégâts, un autre esprit..."

2 500 tee-shirts "viking"
Côté voisinage aussi, ça se passe bien ! "Les habitants nous téléphonent pour donner leur avis sur la qualité des musiciens que nous faisons intervenir en terrasse, durant l'été, de 19 heures à 21 h 45 !" Le Thor prévoit à court terme un nouvel investissement de 150 000 F en insonorisation. Pour la première fois, cette année, il s'est associé à la plage privée Opéra pour y organiser six "beach-parties". "Pas davantage, afin que ça reste événementiel, déclare William. Un groupe musical supplémentaire commençait à jouer vers 23 h 30, et les clients circulaient d'un lieu à l'autre." Des opérations ponctuelles sont lancées et une communication régulière très active est menée sur les radios et les journaux gratuits. Sans oublier la gazette "maison", éditée en anglais tous les mois depuis le début de l'année (de 3 000 à 5 000 exemplaires). Promos, résultats des concours, nouvelles de clients... et carte du restaurant au verso. 60 % des clients l'emportent et elle sera bientôt affichée dans les hôtels et les facultés. Quant aux 2 500 tee-shirts distribués par an, ils assurent à eux seuls la promotion d'une ambiance du "feu de Dieu" ! n


L'ensemble du personnel du Thor pose pour la photo souvenir.


Les tee-shirts au logo de l'enseigne : une affaire qui marche !

Parlons chiffres

Coût d'achat 3 MF
Investissement 1,50 MF
Effectif de 14 à 23 salariés (dont les deux associés) à 80 % féminin
Débit 650 hl/an
Pression 8 becs dont un cidre brut
CA 30 % d'augmentation par an
Passage 1 500 à 2 500 clients par soirée de week-end
Brasseur Paulaner
Nombre de bières une cinquantaine
Organisation 2 équipes : 10-18 heures/18-23 heures

 

Les gens du Nord sur la Côte d'Azur*

* Saint-Tropez-Menton
- 250 000 résidents permanents allemands
- 35 000 résidents permanents scandinaves


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L'HÔTELLERIE n° 2651 Magazine 3 Février 2000

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