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QUE MANGERONS-NOUS DEMAIN ?
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Produits agricoles

Dans le sillon de la qualité

Qualité. Sécurité. Demain les agriculteurs européens devront produire en tenant compte des nouvelles attentes des consommateurs.

L'Hôtellerie :
Vache folle ; dioxine dans les poulets ; trop de nitrates dans les légumes, les sols et les eaux ; trop d'antibiotiques dans la viande et peut-être des hormones ; des boues dans l'alimentation animale ; des légumes, des fruits, des poulets... à croissance rapide et sans saveurs ; l'apparition des OMG... Va-t-on continuer encore longtemps à consommer des produits "trafiqués" mauvais pour la santé et pas satisfaisants sur le plan gustatif ? La PAC ou Politique agricole commune, que devait présenter Pascal Lamy à Seattle en décembre 1999 lors de la conférence de l'Organisation mondiale du commerce, permettra-t-elle de faire face à ces problèmes qui inquiètent de plus en plus les consommateurs ?

Jean Glavany :
Avec la dernière réforme de la PAC, nous avons pris un tournant important. Les politiques agricoles européennes étaient conçues, depuis leur création, pour encourager la production et seulement la production. Mais le monde agricole et les demandes des consommateurs évoluent. Nous nous sommes mis d'accord avec mes collègues européens pour nous orienter vers des formes de soutien qui prennent en compte la multifonctionnalité de l'agriculture. La vocation principale des agriculteurs reste de produire mais ils jouent aussi un rôle très important pour la protection de l'environnement, l'entretien des paysages, le maintien des espaces naturels et surtout l'emploi en milieu rural. Tout cela va de pair avec une vision de l'agriculture qui doit répondre aux attentes des consommateurs en matière de sécurité et de qualité des produits alimentaires.

L'H. :
Sur quels points la Politique agricole française diffère-t-elle de la PAC ?

J. G. :
La Loi d'orientation agricole mise en place par la France pour appliquer la PAC et publiée aux J.O. du 09/07/99 répond à la volonté de tenir compte de la multifonctionnalité de l'agriculture. Notez que les évolutions européennes en matière d'agriculture sont le prolongement des décisions que nous avons prises au niveau français. Et naturellement nous travaillons au renforcement des règles qui permettent d'assurer la sécurité des consommateurs au niveau français (la création de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments ou AFSSA en est un exemple) mais aussi de nos partenaires européens. Nous leur avons notamment proposé l'interdiction des farines animales et la création d'une agence européenne de protection sanitaire.

L'H. :
Comment la Loi d'orientation agricole répond-elle aux nouvelles attentes des consommateurs en matière de sécurité alimentaire ?

J. G. :
Tout d'abord, la Loi d'orientation agricole renforce le contrôle de la qualité sanitaire des denrées destinées à l'alimentation humaine et animale. Elle précise ensuite l'action administrative et donne un cadre juridique à la traçabilité. En effet, même si le risque zéro n'existe pas, la politique de la France en matière de qualité sanitaire des produits agroalimentaires s'appuie sur le principe de précaution. Ce principe de précaution doit d'ailleurs être bien défini et reconnu d'une façon plus explicite. Pour répondre à cette politique, la stratégie qui me paraît la plus efficace réside dans la traçabilité. Il faut que l'Union européenne parvienne à mettre en place, selon des normes communes et harmonisées, une traçabilité de tous les produits alimentaires pour permettre aux consommateurs d'avoir une connaissance précise de leur origine et des étapes intermédiaires de transformation.

L'H. :
Quelles sont les autres dispositions de la Loi d'orientation agricole relatives au maintien de la sécurité et de la qualité alimentaires ?

J. G. :
Dans le cadre de cette loi, nous avons par ailleurs mis en place des CTE ou Contrats territoriaux d'exploitation. Les CTE permettent de passer d'une logique d'aide à la production à un projet global d'exploitation privilégiant la qualité, l'emploi et l'environnement. Il ouvre la voie à une agriculture plus citoyenne dans ses préoccupations et dans ses pratiques, une agriculture qui teindra compte des mesures agri-environnementales préconisées par le règlement CEE n° 2078/92. 50 000 CTE seront signés d'ici la fin 2000 et 10 000 en l'an 2002. La protection de l'environnement sera renforcée avec comme priorité la reconquête de la qualité des eaux. Pour cela, les efforts de maîtrise des pollutions d'origine animale seront réorientés et poursuivis. Un programme d'actions volontaristes incitant à l'usage raisonné des produits phytosanitaires va être entrepris. Un programme agro-environnemental d'un montant de 300 MF sera lancé dès l'an prochain en faveur de la production du tournesol. De même 100 MF viendront encourager la mise en place d'une filière de soja sans OGM.

L'H. :
Comment sera encouragé le développement des produits du terroir ?

J. G. :
La traçabilité justement permettra aux consommateurs de distinguer les produits selon leur qualité et de reconnaître leurs origines géographiques. La politique de labellisation et les promotions faites par les filières ou les régions encouragent déjà beaucoup le développement des produits du terroir.

m Interview de Jean Glavany, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, réalisée par Bernadette Gutel

© Le Val de Saire - François Villeneuve

© Le Val de Saire - Jean-Paul Barbier
MilieuRural.JPG (4366 octets)

L'Europe des Quinze défend la notion de "multifontionnalité de l'agriculture". Une agriculture dont les vocations sont de produire, protéger l'environnement, maintenir les espaces naturels et surtout l'emploi en milieu rural.

Principe de précaution santé et environnement

Le principe de précaution est défendu par la France. Il stipule que si on émet le moindre doute pour la santé des consommateurs sur un produit, qu'il soit alimentaire ou non, il vaut mieux interdire ce produit. L'autorisation de mise sur le marché ne pourra se faire que sur avis favorable des experts de l'AFSSA. D'où la nécessité pour l'Europe de se doter d'une Agence de protection sanitaire. C'est en s'appuyant sur ce principe de précaution que la France n'a pas levé son embargo sur la viande d'origine britannique, qu'elle refuse la viande aux hormones américaine et bien sûr les OGM. Ce principe est aussi valable pour tout ce qui pourrait nuire à l'environnement.

 

Traçabilité de la ferme à l'assiette

La taçabilité est l'ensemble des moyens (cahier des charges, étiquetage) mis en place pour suivre un produit de sa production à l'assiette du consommateur. C'est ainsi que l'association nationale interprofessionnelle du bétail et de la viande a signé le 16 novembre 1999 un accord sur la traçabilité des viandes destinées à la restauration hors domicile (RHD). Les entreprises qui produisent pour la RHD se sont engagées à tracer le produit afin de garantir le pays où l'animal a été abattu. Depuis le 1er janvier 2000, ces viandes sont identifiées par le logo Transparence-Traçabilité. Le logo ne peut être utilisé que par les entreprises qui se sont engagées sur un cahier des charges et qui sont contrôlées par un organisme certificateur indépendant.

 

Sauvegarder la biodiversité

Savez-vous pourquoi vous ne pouvez plus savourer les tomates d'autrefois, le navet de Nancy à collet rose, le panais de Guernesey, le poireau de Saint-Victor et des milliers d'autres variétés anciennes ? Tout simplement parce que leurs semences sont interdites à la vente. "En effet, explique Dominique Gillet, animateur de Terre et Semence et défenseur des plants d'antan, depuis le début du siècle, la plus grande partie des anciennes variétés ont disparu. La tendance s'est fortement intensifiée à partir de 1961, avec le rachat par quelques multinationales de la pétrochimie d'un bon millier de petits semenciers de l'hémisphère nord. Aujourd'hui, la moitié du marché mondial de la semence est entre les mains de DuPont, Limagrain, Novartis et Monsanto. Ces derniers ont non seulement sélectionné des variétés "hybrides" qui ne se reproduisent pas d'une année sur l'autre et qui obligent les agriculteurs à s'approvisionner en semences chaque année mais ils se sont également organisés pour obtenir le bannissement de toutes les autres." C'est ainsi qu'en France, toute variété végétale non inscrite au catalogue officiel du GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences) est interdite d'emploi. Aucun maraîcher n'a le droit de vendre, même s'il les a cultivés lui-même dans son jardin, des fruits et légumes absents de ce fameux catalogue. Le catalogue officiel ne compte plus que 2 % des variétés du domaine public. Le 1er janvier 1998, un arrêté ministériel publié au J.O. autorise par dérogation la diffusion de "variétés" anciennes pour jardinier amateur. Mais il faut prouver que la variété a plus de vingt ans d'âge et il faut payer un droit d'enregistrement de 1 450 F. L'addition serait énorme puisqu'il s'agit d'en protéger des dizaines de milliers. Et de toute façon, elles resteraient interdites à la diffusion commerciale. Avec les OGM, les semenciers comptent bien poursuivre leur lutte contre la biodiversité. Source : Nouvel Observateur

© CTIFL

Le chénopode ou épinard Bon-Henri est de retour sur nos tables. Mais des milliers de variétés sont interdites à la commercialisation.


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L'HÔTELLERIE n° 2648 Magazine 13 Janvier 2000

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