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Par passion
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L'art de la brasserie revit dans la Meuse

Dans un petit village meusien de 180 habitants, un passionné d'origine britannique fait revivre l'art de la brasserie. Pour le plaisir du goût.

La bière, il est tombé dedans quand il était petit. Benjamin Henry, né à Londres il y a quelque trente-six ans, a commencé à brasser dès l'âge de 12 ans. Venu en Lorraine en 1981, marié à une orthophoniste nancéienne, le Britannique Ben a trouvé la bière industrielle locale bien décevante. Après avoir exercé plusieurs métiers dans la région, dans le bâtiment, la décoration et la rénovation de vieilles maisons, sa passion pour la bière l'a emporté, et il a ouvert sa propre brasserie dans le village de Bazincourt-sur-Saulx, au sud du département de la Meuse. "J'ai décidé en 1996 de relancer une activité qui s'était éteinte dans les années 50 et qui faisait pourtant partie du patrimoine régional", explique celui que le village appelle désormais Ben le baron. C'est à l'occasion d'une fête de la groseille, fruit produit localement, que Benjamin Henry a brassé sa première bière. Le grand succès de cette première production l'a encouragé à aller de l'avant. Après une formation pointue près de Newcastle, possible grâce à une aide de la Région Lorraine et une étude de marché qui a duré près de deux ans, il investit 200 000 F dans le matériel nécessaire. La production passe de 7 500 litres en 1997 à près de 100 hectolitres en 1998. "Je réalise 90 % de mon chiffre d'affaires (200 kF en 1998) en vente directe, soit dans des foires, soit les dimanches où de nombreux visiteurs viennent à la brasserie, dégustent et achètent. Pour le moment, je livre peu de bars, et j'aimerais par la suite vendre plus de bière en fûts." Plus que sur la modernité de son matériel, résolument artisanal, Ben Henry mise sur l'authenticité de son produit

L'authenticité avant tout
Il met d'ailleurs un point d'honneur à contrôler de A à Z le parcours de ses bières. "D'abord, nous avons ici une eau de qualité supérieure, sans pesticides, mais avec beaucoup de bicarbonate, excellente pour brasser des ales, et surtout des stouts (bière brune). Pour les malts, je me fournis dans la région, en France ou en Angleterre." Le brasseur achète du houblon dans toute l'Europe, voire aux Etats-Unis. Il utilise enfin deux sortes de levure : une blanche issue de Munich, l'autre étant une vieille souche anglaise "déjà travaillée par Pasteur". Au total, Ben Henry propose neuf bières différentes : de la blanche (brassée à l'allemande), de l'ambrée, de la brune, de la fruitée, de la Porter (ancêtre de la Guinness), de la bière de saison (mars ou Noël). Deux autres bières, dont les marques ont été déposées, tirent l'entreprise vers l'avant : le Père Fouettard et la Basinus, bière à la groseille, dont le particularisme régional rencontre un franc succès auprès des adeptes des produits issus du terroir. Après deux années sans bénéfices, Ben Henry espère développer sensiblement sa production et arriver à l'équilibre. Pour cela, il a participé récemment au Salon mondial de la Bière (Eurobière) à Strasbourg et il investit dans une ancienne laiterie à rénover pour avoir plus de place et stocker sa production. Alors la passion, l'opiniâtreté et l'authenticité devraient finir par payer, pour le plaisir des palais des amateurs de bonnes bières. n


"J'ai décidé en 1996 de relancer une activité qui s'était éteinte dans les années 50 et qui faisait pourtant partie du patrimoine régional", explique Benjamin Henry.


L'HÔTELLERIE n° 2638 Magazine 4 Novembre 1999

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