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Moulin de Lourmarin à Lourmarin (84)
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Nature et liberté pour Edouard Loubet

A 26 ans, sa cuisine inventive, inspirée par celle de son ancien "maître", Marc Veyrat, avait fait de lui le plus jeune étoilé de France. Trois ans plus tard, Edouard Loubet, chef du Moulin de Lourmarin, dans le Luberon, décroche son deuxième macaron. Et travaille selon ses coups de cœur et ses inspirations soudaines...

m Lisa Casagrande

Ancien membre de l'équipe de France espoirs de ski alpin, Edouard Loubet met aujourd'hui dans ses recettes la vitalité bouillonnante qu'il utilisait autrefois à descendre les pentes de Val Thorens où il a grandi. Passionné de marche et d'escalade, il préférait alors de loin user ses forces dans les montagnes que ses culottes sur les bancs de l'école. "J'étais destiné à être moniteur de ski l'hiver et bûcheron l'été", se souvient-il. Mais sa mère ne l'entend pas de cette oreille. Fille d'agriculteurs reconvertis dans la restauration, et "business woman" avertie, propriétaire du Relais et Châteaux de Val Thorens, elle somme un jour son turbulent fils de se mettre au travail. A 19 ans, le jeune Edouard commence donc, sans enthousiasme, son apprentissage dans les cuisines familiales. "Je n'étais pas très heureux car je ne faisais plus de sport et j'avais perdu tous mes copains. Du coup, je me suis dit que tant qu'à faire ce métier, autant le faire pour gagner, comme au ski. D'ailleurs, lorsque j'ai eu ma seconde étoile, j'ai d'abord pensé à mes entraîneurs, car ils m'ont donné la "gagne" et je les ai en remercie."
Edouard frappe donc à la porte d'Alain Chapel, où la passion le gagne. Puis, après le décès du chef, il entre chez Marc Veyrat et il y reste deux ans. "Je me suis imprégné de sa cuisine, de son esprit, de son respect, des produits du terroir, et cela m'a donné envie de faire mes propres recettes."
Une algarade avec le maître d'hôtel et le voilà parti. Le Moulin de Lourmarin, un ancien moulin à huile communal du XVIIIe siècle, déjà transformé en 1992, il l'achète avec l'aide de sa mère et de son grand-père. A ses côtés, les deux premières années : grand-mère en cuisine, grand-père à la plonge, et quatre employés. L'arrivée de sa première étoile en 1996 lui permet d'embaucher 17 personnes de plus...

Patience et longueur de temps...
Le jeune homme turbulent, qui, au moment de son installation, n'avait jamais élaboré de carte, jamais dirigé de gens, jamais établi de prix, est devenu un homme d'affaires avisé. "J'ai appliqué les règles de vie de mon grand-père, qui est la personne qui compte le plus pour moi : être économe, progresser doucement, refuser l'ostentation..." De son grand-père, Edouard a appris aussi la nature. Une nature qu'il retrouve dans les potagers et les vergers qu'il a achetés et plantés à quelques kilomètres de Lourmarin. Il y cultive les herbes, les légumes parfois oubliés comme la consoude au goût de concombre ou les céleris sauvages du Luberon ; les fleurs comme les tournesols dont il propose les cœurs en vinaigrette et huile de truffe ; les fruits rouges, les oliviers... Il les prépare ensuite en se laissant aller au gré des odeurs, des saveurs et des couleurs, changeant sa carte et ses menus tous les deux mois, pour "ne pas tomber dans la routine", travaillant les jus, les infusions, les sauces - jamais liées au beurre ou à la crème, mais laiteuses ou émulsionnées -, les vinaigres acidulés, et ne testant jamais ses nouvelles recettes avant de les proposer aux clients.
"Quand j'imagine un nouveau plat, je sais ce que je veux mélanger et ce que je veux obtenir, mais je ne sais jamais comment y arriver. J'ai besoin qu'un client commande pour m'y mettre. Et ça doit marcher du premier coup. Si je me rate, je laisse tomber définitivement la recette."
La lecture de la carte est à elle seule une vraie promenade champêtre. Que diriez-vous par exemple d'un Parmentier de joue de bœuf aux pommes rate et quelques topinambours, jus de blé épeautre barbu, réduction de sucs relevés à la coriandre ? D'un Pageot en papillon étuvé et gratiné en oursinade, coulis de pois gourmands à l'huile d'olive de Cucuron avec une nage de cresson de fontaine ? Ou d'une Reine des reinettes gratinée au banon, barbe à bouc, vire soléon, rabate, coustoucounille, parpelle d'Agnasse, en salade des champs et aux oignons siamiane confits ? n

Le Moulin de Lourmarin
84160 Lourmarin
Tél. : 04 90 68 06 69
Fax : 04 90 68 31 76


"J'ai appliqué les règles de vie de mon grand-père, qui est la personne qui compte le plus pour moi".

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L'établissement est un ancien moulin à huile du XVIIIe siècle.

Parlons chiffres

Investissements
8 MF pour l'achat puis environ 2 MF par an

Nombre de couverts 50 par service

Prix moyen 500 F vin compris

Prix menus
Menu servi uniquement en semaine à 185 F ; Senteurs de Provence à 320 F ; Festival du Moulin à 480 F

Prix carte
Entrées et plats de 120 F à 220 F ; desserts de 60 F à 100 F

Chiffre d'affaires annuel 11 MF

Comporte aussi 20 chambres 4 étoiles


L'HÔTELLERIE n° 2612 Magazine 6 Mai 1999

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